SCOOP : Les Américains encore plus religieux qu’on ne le pensait? (12/09/2006)

medium_images.10.jpgUne enquête novatrice rendue publique hier par l’université de Baylor (Texas) révèle des résultats surprenants. Alors qu’en France, on a facilement tendance à sous-estimer la différence religieuse états-unienne avec l’Europe, voire même à affirmer, comme Camille Froidevaux il y a quelques années dans la revue Le Débat, que la pratique religieuse américaine, en déclin, ne serait guère différente de celle… de la Belgique, cette étude de grande ampleur jette un pavé dans la mare.

Cette enquête, largement commentée aujourd’hui par le Washington Post, porte notamment sur les individus qui, interrogés sur leur appartenance religieuse dans les enquêtes, répondent «aucune». Mise en oeuvre par l'institut Gallup, elle est le résultat d'un questionnaire d'environ 400 questions rempli par un échantillon représentatif de 1700 adultes américains.

Jusqu’à récemment, les sociologues prenaient les individus "sans religion" au mot. En réalité, nombre de ces répondants sont en réalité rattachés à une congrégation. L’enquête Baylor University Longitudinal Survey of Religious Behavior and Values a très soigneusement suivi la population des «sans religions», population qui, dans les sondages, est passée de 7% à 14% depuis 1990. A l’inverse des conclusions classiques qui en déduisent que les Etats-Unis se sécularisent, se détournent de la religion, les enquêteurs ont réalisé que 10% de ces «sans religion» se rendent dans une congrégation religieuse. Ce n’est certes pas énorme, mais à l’échelle d’un pays, et d’après les résultats de cette enquête, cela ramènerait les «sans religion» de 14% à 10,8%, ce qui représente une différence de 10 millions d’Américains.

medium_Dogherty.jpgObservation du sociologue Kevin D. Dougherty (ci-contre), «les gens peuvent ne pas avoir de dénomination (d’étiquette confessionnelle), mais ils ont une congrégation (une assemblée). Ils ont une connection religieuse qui compte dans leur structuration identitaire».Ces conclusions ne signifient pas que les Etats-Unis ne se sécularisent pas. Ceux qui tendraient à interpréter ces résultats comme une mise en cause frontale de l’hypothèse d’une sécularisation progressive se trompent. Même en tenant compte qu’une minorité de «sans religion» déclarés pratiquent, en fait, une religion, le pourcentage des vrais «sans religion» progresse lentement. Il n’en demeure pas moins qu’il faut se garder des images caricaturales, et réaliser avec Michelle Boorstein que décidément, «les Américains pourraient être plus religieux qu’ils ne le réalisent». Ce qui présage, en cette nouvelle période électorale américaine, un poids toujours très considérable des réseaux religieux, que ceux-ci soient structurés ou non en dénominations.

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