«Travailler plus pour gagner plus», vu des Etats-Unis (13/04/2007)

medium_Beehive.jpgMe voici pour quelques jours aux Etats-Unis, dans l’état de l’UTAH. Connaissez-vous l’emblème de l’Utah ? C’est la ruche, en référence à l’ardeur infatiguable des abeilles. Cet emblême convient très bien à une terre de pionniers où on sait ce que c’est que de travailler dur. Par mon parcours, mon milieu et ma sensibilité personnelle, je suis volontiers «en phase» avec cette culture américaine du travail, que je trouve à bien des égards admirable.

Sur l’avenue qui conduit au congrès de l’ASCH (American Society for Church History) auquel je participe actuellement, je me suis arrêté à un petit restaurant (le Millcreek Coffee Roaster) qui torréfie devant vous des cafés qui viennent des 4 coins du monde. Les machines sont impressionnantes (voir ci-dessous).

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L’homme responsable de ces torréfacteurs travaillait là à midi, quand je me suis arrêté la première fois. Il y travaillait encore à 7H du soir, quand je me suis arrêté au retour. Dans la chaleur, les effluves de café (agréables ponctuellement, mais à la longue?), cet homme ne ménageait pas sa peine, digne héritier des bourreaux de travail qui ont construit, en plein désert et à 1320 mètres d’altitude, Salt Lake City. Respect ! Mais cette culture du travail n’a cependant pas que des avantages, et à force de bourdonner, les abeilles peuvent sombrer. «Travailler plus pour gagner plus» n’est pas toujours la panacée. La preuve ci-dessous.

medium_degraaf.jpgUn sociologue américain, John de Graaf, est actuellement en tournée de conférence à Salt Lake City. Il a été présenté dans le Salt Lake Tribune du 12 avril 2007, que j’ai lu en mangeant un Bagel. Son thème d’étude : les effets pervers du travail à outrance. Coordinateur du mouvement états-unien «Take Back Your Time» (retrouvez le temps de vivre), que dit John de Graaf?

Que les Américains travaillent plus aujourd’hui que les serfs au Moyen-Âge. Selon des études incontestables, les Européens de plus de 55 ans auraient deux fois moins de chances que les Américains d’attraper des maladies chroniques comme l’hypertension. «Nous sommes de très loin la nation la moins en bonne santé parmi les nations industrialisées, alors que nous dépensons près de deux fois plus pour notre système de santé», souligne de Graaf.

 

medium_images.41.jpg La vie familiale en prend un coup aussi. En 1997, 83% des familles américaines déclaraient partager au moins 4 fois par semaine un repas ensemble. Le pourcentage est descendu à 75% en 2004, avec toutes les conséquences imaginables en terme de manque de suivi des enfants (hausse de la consommation juvénile de drogue). Alors, faut-il vraiment «travailler plus pour gagner plus?» Peut-être, mais pas à n'importe quel prix.

Attention aux conditions d’application et gare à l’angélisme, sinon les conséquences pourraient fort bien être: «Travailler plus pour perdre plus».

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