Soutenir le Liban, oui mais comment ? (18/07/2006)

medium_h_1_ill_796259_fu.jpgAlors que la guerre fait rage au pays du Cèdre, Paris affiche ces jours-ci son soutien au Liban. Je ne peux qu’acquiescer, par amitié pour le Liban, son peuple, son histoire. Mais soutenir le Liban, est-ce pour autant synonyme de réprobation à l’égard d’Israël ? Je n’en crois rien. Dans la situation présente, et à l’inverse de certains leaders politiques français, je crois que soutenir le Liban aujourd’hui devrait rimer avec un soutien clair à ce qu’Israël vient d’entreprendre, à savoir l’éradication de la puissance militaire du Hezbollah.

Je n’écris pas ceci à la légère. Pour avoir été, et au Liban, et en Israël (ainsi que dans la plupart des pays voisins, de la Syrie à l’Egypte en passant par la Turquie ou la Jordanie), je mesure les conséquences douloureuses de la politique israélienne à l’égard de la Palestine et de son peuple, toujours privé de l’Etat viable qu’il attend depuis si longtemps. Bien des points de la politique Sharon m’ont révulsé. Et les multiples vexations dont Israël a gratifié son voisin du Nord (refus de révéler l’endroit des champs de mine laissés après le retrait) sont autant de taches sur le blason d’un pays qui se targue de ses valeurs démocratiques. J’ajoute que je ne conteste aucunement la légitimité politique d’un mouvement comme le Hezbollah, dès lors qu’il s’attache à défendre les droits d’une minorité chi'ite trop longtemps discriminée.

Mais dans la situation actuelle, il faut avoir le courage et l’honnêteté de sortir de la démagogie pseudo pro-arabe, pour dire que la riposte violente d’Israël est nécessaire. Il faut condamner la mort des civils, et tout faire pour que les victimes soient les moins nombreuses possibles. Mais on ne riposte pas à une large attaque terroriste aveugle comme celle du Hezbollah la semaine dernière avec des fleurs ou des mots. Depuis que le monde est monde, un Etat a le droit de riposter lorsqu’on attaque directement sa population civile. Nous sommes aujourd’hui dans ce cas de figure, avec un agressé, Israël, qui riposte massivement, et un agresseur, le Hezbollah, qui a choisi la logique du pire.

medium_sans_titre.jpg La semaine dernière, j’ai visité la citadelle de Bitche (57), marquée par les stigmates de la guerre de 1870. Un coup d’œil rétrospectif sur notre histoire révèle que les motifs de guerre en 1870 n’étaient pas évidents du tout. Pourtant beaucoup de Français les assument. Ayons le recul et la sagesse de reconnaître qu’aujourd’hui, les motifs d’Israël pour éliminer la force militaire du Hezbollah sont dix fois plus légitimes que ce que furent nos motifs face à l’Allemagne en 1870. Nous avions déclaré une guerre totale à l’Allemagne pour bien moins que ce que le Hezbollah vient de faire subir aux populations civiles israéliennes.
Le Hezbollah, mais aussi indirectement le gouvernement libanais, ont triplement trahi la confiance qu’on aurait pu leur accorder. D’abord, en refusant le désarmement demandé par la résolution de l’ONU (résolution 1559). Ensuite en refusant de répondre par l’apaisement à la bonne volonté d’Israël, qui avait accepté de se retirer du Sud-Liban. Enfin, en agressant Israël sans préavis alors même que les relations israélo-libanaises connaissaient un début de normalisation bénéfique pour les deux peuples. Ce qui se déroule aujourd’hui est d’abord de la responsabilité première du Hezbollah, puis du gouvernement libanais (qui comporte des ministres Hezbollah). Un «soutien français au Liban» devrait donc, en bonne logique, passer par le souci d’une éradication définitive de la puissance militaire du Hezbollah, Etat dans l’Etat qui pourrit depuis trop longtemps la situation libanaise et la vie d’Israël.

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