France-Afrique : irresponsabilités en miroir (11/06/2009)

Nneka_large.jpgDe plus en plus d’Africains, que ce soit dans les milieux culturels, chrétiens ou même politiques, revendiquent un discours de responsabilité, rejetant la victimisation.

Problème : en France, on est parfois bien loin de faire de même...


Une Afrique qui se responsabilise


Lors de la convention charismatique de Paris Bercy à la Pentecôte 2009, une des vedettes présentes n’était autre que la chanteuse germano-nigériane Nneka.
Nneka.jpgCette voix puissante s’est notamment distinguée, en 2005, par un impressionnant album de Soul évangélique intitulé Victim of Truth.

Impressionnant par le style, qui rappelle Lauryn Hill, et par le travail sur les paroles, qui sortent des bluettes au goût du jour.


Une des chansons de Nneka, intitulée «Africans», récapitule le discours de victime parfois tenu en Afrique (poids de l’esclavage, de la colonisation etc.) et conclut: «c’est à nous d’obtenir de la reconnaissance, si nous cessons de nous plaindre nous obtiendrons une meilleure condition».

 

images-1.jpegEn clair: retroussons-nous les manches, prenons-nous en main, cessons de jouer les pleureuses. Un discours loin d'être isolé, dont on trouve aussi écho, par exemple, dans l'oeuvre de l'excellent Gaston Kelman.

Malgré des dérives et des tâtonnements, l’essor spectaculaire des églises évangéliques en Afrique pourrait-il être en partie compris sous l’angle de ce discours de responsabilité?

Sans doute un symptôme, parmi d'autres, de ce souci d'un nouveau départ, par et pour les Africains.



Classe politique française : irresponsable?

Pendant que Nneka se produisait à Bercy, Omar Bongo, chef de l’Etat gabonais, vivait ses derniers jours.

A son décès le 8 juin 2009, qu’a-t-on entendu en France?

 

Un concert de louanges, même de la bouche (un peu embarrassée quand même) de Bernard Kouchner.


Quel homme d’Etat ce Bongo! Alors que la vérité toute crue était autre.


images.jpegSeule Eva Joly (qui a instruit l'Affaire Elf) a eu le courage de la rappeler: Omar Bongo n’a construit que quelques kilomètres de routes pour son peuple….


Et a surtout graissé la patte à nombre de politiciens et partis politiques français... tout en verrouillant toute évolution réelle vers un paysage démocratique. "C'était un président qui n'avait pas le souci de ses citoyens", conclut Eva Joly.

 

Irresponsable classe politique française!

En encensant un tel potentat, même s'il était sans doute sympathique au plan personnel, nous ne nous grandissons pas à l'étranger, nous ne nous grandissons pas auprès des démocrates africains.


Une France qui ne tient pas parole

Une irresponsabilité pointée aujourd’hui (11 juin 2009), sur le site de la BBC (car sur le site du Monde, pour l’instant, motus et bouche cousue).

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Contrairement aux engagements solennels pris en 2005, avec un Jacques Chirac tout sourire au côté de Bono et de Bob Geldorf, la France n’a pas tenu ses promesses d’aide à l’Afrique faites au G8 de 2005.


Pire, la France est la principale responsable, avec l’Italie d’un certain Berlusconi, du gros retard des pays industrialisés dans l’aide au développement.

Bonnet d'âne européen à un pays fort en discours, faible en réalisation !

 

Moralité : l'irresponsabilité, aujourd'hui, n'est pas toujours du côté que l'on croit, et il n'est pas sûr que "le Français" ait beaucoup de leçons de responsabilités et de parole tenue à donner à "l'Homme africain" (cf. le discours de Dakar). 

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