Jungle de Calais: les limites de la politique du bulldozer (22/02/2016)

4869492_6_fb60_des-crs-passent-devant-un-bulldozer_13e47adffdb412746ee843c700bea083.jpgAvec la "jungle" de Calais, il n'y a pas de réponse simple. L'éthique de conviction voudrait qu'on vienne en aide de manière très volontariste aux migrants et réfugiés qui s'y entassent, suite à des guerres dont nos pays européens dodus et paisibles sont en partie à l'origine. L'éthique de responsabilité impose de prendre en compte les déséquilibres sociaux induits par cette sur-concentration de populations étrangères dans le dénuement.

Mais il y a des limites à la Realpolitik. En rasant au bulldozer une bonne partie de la jungle de Calais, refuge où s'étaient organisés, tant bien que mal, des êtres-humains déracinés, l'Etat n'outrepasse-t-il pas les principes qui fondent la République? C'est indigne de la France. Les solutions de relogement proposées par le Ministère de l'intérieur, dans des conteneurs (sans mobilier en dehors du lit), évoquent plus la manière dont on traiterait du bétail, que des êtres-humains. Et elles ne résoudront rien, fragilisant encore plus des centaines de maheureuses et malheureux.

Au-delà des différences idéologiques qui pourraient, par ailleurs, me séparer de certains des signataires, je salue la clarté, le force et la justesse du texte qui a été publié aujourd'hui dans Le Monde à ce sujet."Qu’est-ce qui justifie de raser tout cela ? Le ministre veut convaincre que c’est pour le bien des occupants. En réalité, c’est une politique de dissuasion : rendre la vie invivable aux réfugiés" y lit-on notamment...

Qu'on me permette, pour une fois, de sortir de mon sujet habituel (sciences sociales des religions, évangéliques, laïcité...) pour lancer cet appel:

Sans pour autant tomber dans l'angélisme, il est grand temps de se réveiller, de regarder la réalité (sans s'arrêter aux discours lénifiants) et de dire STOP au traitement dégradant, par l'Etat, de populations dans le dénuement absolu, qui n'ont eu comme seul tort de ne pas naître au bon endroit. On peut refuser d'ouvrir les vannes de l'immigration, sans pour autant mépriser à ce point des êtres-humains que la Déclaration universelle des droits de l'homme déclare, dès la naissance, "égaux en droits" à ceux qui ont eu plus de chance.

En Allemagne, Angela Merkel l'a compris, dans un contexte certes différent... En France, dont le pouvoir est en théorie plus "à gauche", la politique du bulldozer ne grandit personne.

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