Claude Baty, un évangélique à la tête de la FPF (01/04/2007)

medium_claude-baty110.jpgLes médias français sont intrigués: un évangélique à la tête de la Fédération Protestante de France, pensez-donc?

Oui, l'élection du pasteur évangélique de Claude Baty par l'assemblée générale de la FPF, ce week-end, en remplacement du pasteur réformé Jean-Arnold de Clermont, constitue un événement, et un signe indubitable du poids croissant des évangéliques dans le paysage protestant français.

 

Cependant, c'est un événement moins surprenant, et moins exceptionnel qu'il n'en a l'air. Voici pourquoi.

1/ Rappelons d'abord que l'élection d'un évangélique à la tête de la FPF n'est pas une "première". Tout le monde l'a oublié, mais le PREMIER président de la FPF, de 1905 à 1927, n'était autre qu'un membre laïc des églises évangéliques libres (la même dénomination que Claude Baty), Edouard Grüner.

 

2/ Rappelons ensuite que les évangéliques français ne sont pas les évangéliques américains. On peut bien-sûr trouver quelques contre-exemples, mais globalement, l'écart est très net. Même s'ils partagent avec leurs coreligionnaires d'outre-Atlantique bien des points communs, les protestants évangéliques français n'ont pas le même interventionnisme politique, pas le même poids, leur culture est différente (ils boivent du vin, sont en majorité contre la guerre en Irak, etc.). Les évangéliques de France appartiennent au protestantisme français, et voir l'un d'eux à la tête de la FPF n'a rien d'incongru.

 

3/ Enfin, rappelons que le pasteur Claude Baty n'a rien d'une tête brûlée. C'est un modéré ("l'homme de l'extrême centre", selon B.Sauvaget), un responsable d'une grande expérience, de culture réformée, très bien placé pour se positionner au centre de l'échiquier protestant. Tout en étant évangélique, il est plus proche des réformés que de certains évangéliques (néo-charismatiques par exemple). C'est l'homme d'une orthodoxie évangélique, mais aussi du dialogue et du témoignage, assez proche, au fond, de la figure du Cardinal Jean-Pierre Ricard, toujours président de la Conférence des évêques de France, pour qui : «Dans une société pluraliste, il faut que l'on sache qui vous êtes. Si vous n'êtes pas identifiés, vous disparaissez.»

 

 

medium_images-1.12.jpgQue penser maintenant de la signification de l'élection de Baty? Je verrais au moins trois enseignements à tirer.

1/ Il existe un degré de confiance suffisamment élevé, à l’intérieur de la FPF, pour choisir un évangélique.

2/ Le souci d’articuler monde évangélique et monde luthéro-réformé est plus vif que jamais, en tablant sur une personnalité évangélique modérée, marquée par la culture réformée.

3/ L’ambition d’élargir la famille FPF au monde évangélique est poursuivie. Ce monde constitue un grand réservoir d’adhésions pour une Fédération qui rassemble 80% du protestantisme….Et laisse les 20% restant à l’extérieur.

 

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Un dernier mot pour souligner que Claude Baty succède à un président de poids: qu'on soit d'accord ou non avec toutes ses interventions, le pasteur réformé Jean-Arnold de Clermont s'est révélé un grand président de la FPF par la fréquence, la force et l'autorité de ses prises de position dans les principaux débats de ces dernières années.

 

Il est trop tôt pour susciter des vocations de biographe, mais il faudra un jour faire le bilan et l'analyse fine des années de Clermont, qui ont significativement revisibilisé le protestantisme français sur la scène publique.

 

NB : Pour en savoir plus sur les évangéliques français, voir Du ghetto au réseau.

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