Journée d’étude sur le mormonisme (29/03/2008)

CM Capture 1.jpgFidèle à sa ligne qui consiste à étudier le fait religieux minoritaire, le programme GSRL «Religions et religiosités minoritaires en ultra-modernité» a organisé le jeudi 26 mars 2008, sous la houlette de Régis Dericquebourg et Christian Euvrard, une journée d’étude sur le mormonisme.

Vous pouvez en télécharger le programme ici: 

 

Une religion américaine globalisée

images.jpegLe mormonisme est une religion américaine, issue du protestantisme, née en 1830, aujourd’hui présente sur les cinq continents. Principalement attesté au travers de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dont le siège est à Salt Lake City (bien qu’il y ait des dissidences, cf. C.Vanel), le mormonisme s’appuie sur deux révélations: la Bible et le Livre de Mormon.

Il développe une religiosité souvent fervente, ascétique et axée sur les valeurs familiales, avec une projection missionnaire et une dynamique utopique (S-H. Trigeaud) qui a contribué au fait qu’on trouve aujourd’hui plus de Mormons hors des États-Unis qu’aux États-Unis... d’où notre approche des ‘regards croisés’ France-Amérique.

Disons le tout net: cette journée fut un beau succès scientifique.

Vingt-deux personnes étaient présentes, auxquelles se sont ajoutés quatre retardataires, et les débats ont été de qualité, en dépit d’une tendance ponctuelle (vite recadrée) à faire glisser une ou deux discussions sur des considérations confessionnelles. Jean-Paul Willaime (pour quelques mots d’introduction), Bernadette Rigal-Cellard, Christian Euvrard, Georges Jarvis, G.A. Dupanlou, Jim O. Stevens, Sophie Hélène Trigeaud, Crystal Vanel, Carter Charles ont successivement apporté leur concours à la réussite de la journée, introduite par moi-même et conclue par Régis Dericquebourg.


Texte de l’introduction S.Fath à télécharger:
Texte de la conclusion de R.Dericquebourg à télécharger:

Intervenants.JPG


Photographie de quelques intervenants: de g. à d, C.Vanel, S-H.Trigeaud, C.Charles, B.Rigal-Cellard, R. Dericquebourg, J.O. Stevens, C.Euvrard, G.A. Dupanlou.

Je ne résumerai pas chaque intervention, d’autant que j’ai été contraint de manquer les dernières. Disons simplement que cette journée a permis de défricher un terrain nouveau en s’appuyant sur la perspective des «regards croisés», particulièrement maîtrisée par Bernadette Rigal Cellard, professeur d’études Nord-américaines à l’Université de Bordeaux 3, dont l’apport a été décisif à la réussite de la journée.

Cette dernière, en présidant la matinée, a rappelé l’anecdote personnelle suivante: à l’époque où elle était jeune étudiante à l’Université de Bordeaux, en 1969-70, elle avait été abordée par des missionnaires mormons très zélés.
Elle ne s’est pas convertie... mais elle s’est ‘convertie’ à l’étude des religions américaines.

 

34.381 mormons français


C.EuvrardJPG.JPGUne autre intervention, celle de Christian Euvrard (photo ci-contre), a beaucoup attiré l’attention par la nouveauté et l’ampleur considérable de ses matériaux sur le terrain mormon français, étudié dans le cadre d’une thèse de doctorat appelée à être soutenue d’ici à la fin 2008 (à suivre).
Saviez-vous que la France compte aujourd’hui 34.381 mormons? Que 33% d’entre-eux sont pratiquants, et que 25% paient la dîme? Que les premiers mormons ont envisagé l’évangélisation de la France dès 1844?
Le travail de Christian Euvrard apporte, sur ces questions et cent autres, de précieux éclairages, illustrant une réalité: tout en cultivant leurs particularités religieuses, les mormons français ne sont pas des clones de leurs condisciples états-uniens. Ils développent des habitus relativement proches de leurs autres concitoyens 'gaulois'.

 

Bureaucratie de salut


Au-delà de cet exposé particulièrement novateur (première thèse consacrée à l’histoire et la sociologie du mormonisme en France), toutes les présentations ont fait avancer la réflexion, focalisée sur une tradition religieuse originale qui se présente tantôt comme un rétablissement, tantôt comme un retour au christianisme apostolique, avec un accent vigoureux sur le «rassemblement»: rassembler les élus des tribus perdues d’Israël.

Après les exposés, les échanges ont été fructueux. Ils ont notamment fait ressortir qu’en fin de compte, le mormonisme est plus proche du catholicisme que du protestantisme: bien qu’issu du terreau culturel protestant, le mormonisme s’avère en effet très voisin de la logique institutionnelle catholique, avec sa bureaucratie de salut (pour parler comme Max Weber) et sa hiérarchie centralisée, mais aussi ses logiques d’influence organisée au niveau européen (G.A. Dupanlou).

 

Nouveau chantier de recherche


ultra.jpgBeaucoup de pistes et questions restent à poursuivre: voilà un chantier de recherche original et prometteur qui appelle de nouveaux travaux. En attendant, espérons que tout ou partie de cette journée d’étude organisée par notre programme "Religions et religiosités minoritaires en ultra-modernité" trouvera matière à diffusion, et pourquoi pas à publication!

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