Un souvenir de Jean Ferrat, né Tenenbaum (1930-2010) (15/03/2010)

images.jpeg"Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou,
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel,
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux."

 

Jean Ferrat (1930-2010) s'en est allé avant-hier, âgé de 79 ans.

Outre un très grand artiste, c'était aussi, à sa manière, un chantre de l'identité nationale. Un homme qui a participé, grâce à son art populaire, aux recompositions de la culture française d'après-guerre, dans les rapports politique-société, genre et culture, mémoire et histoire. La variable religieuse, quoique discrète, n'était pas absente de son oeuvre.

 

Le chanteur de "Nuit et Brouillard" (1963)

 

Nuit et brouillard.jpgPour évoquer sa mémoire du point de vue de l'historien, je ne mentionnerai qu'un exemple, celui de Nuit et brouillard. Composée en 1963, cette chanson est la première à avoir parlé, dans le mainstream culturel français, de la Déportation et de la Shoah.

 

Ce n'était pas bien vu. Le directeur de l'ORTF de l'époque avait même déconseillé sa diffusion!

Quel scandale, pensait-on, de chanter pareille horreur: n'y avait-il pas 1000 et 1 bluettes d'amour à entonner plutôt?

 

L'amour, Ferrat l'a chanté aussi. Mais son choix d'interpréter Nuit et brouillard a marqué son temps, à une époque où il n'était pas de bon ton d'évoquer, à une telle échelle, la Déportation et les camps d'extermination.

Dans l'histoire de la mémoire de la Shoah en France, mais aussi celle des recompositions de l'identité nationale, il faudra se souvenir de Jean Ferrat-Tenenbaum, fils de déporté, poète anticonformiste, homme libre.

Pour plus de détails, voir cette chronique publiée le 14 mars sur TopJ.net.

 

 

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