Un sondage sur les protestants qui fait date (13/04/2006)

Depuis 1995, aucun sondage de cette ampleur n’avait été réalisé. Aussi faut-il saluer l’événement que représente la publication, en ce mercredi 12 avril 2006, d’un grand sondage CSA réalisé sur les protestants français à la demande de l’hebdomadaire Réforme et du quotidien La Croix. Pour le commentaire des résultats, je renvoie aux analyses fines de Jean-Paul Willaime, qui dit l’essentiel, avec le talent qu’on lui connaît. Je me limiterai ici à trois remarques, focalisées sur mon terrain de spécialisation.


1. Les protestants évangéliques français ne sont plus les OSNI du ciel religieux hexagonal. Par OSNI, entendre Objets Sondagiers Non-Identifiés. Pour la première fois, un grand sondage donne une photographie très précise des principales positions des protestants évangéliques, qui représentent un quart des sondés (21% d’évangéliques + 2% de baptistes et 2% de pentecôtistes).
2. L’identité française et protestante des évangéliques de l’hexagone est confirmée avec éclat. Ce que savaient depuis longtemps les spécialistes du terrain est ici largement vérifié : le fantasme qui identifie les évangéliques avec une version française de la Nouvelle Droite chrétienne américaine n’a pas de réalité. En gros, la répartition gauche-droite des évangéliques français est de 50-50%. De quoi mécontenter G.W. Bush.
3. La grande majorité des pentecôtistes interrogés ne se reconnaissent pas comme protestants. C’est l’enseignement le plus surprenant, quoiqu’on pouvait un peu s’en douter à la lumière de divers travaux de terrain. Si seuls 2% des protestants apparaissent dans le sondage comme pentecôtistes, cela ne signifie pas qu’il y ait peu de pentecôtistes dans l’absolu. Cela veut dire que l’essentiel des pentecôtistes interrogés ne s’autodéfinit pas comme protestant. On sait en effet que les 2/3 des évangéliques français sont de type pentecôtiste/charismatique. Si on n’en trouve que 2% dans le sondage sur les protestants, on peut en conclure qu’ils se considèrent comme non-protestants.

On retrouve là un enjeu à venir : dans la définition de l’objet « évangélique », lui même imbriqué dans le protestantisme, on intègre classiquement le pentecôtisme. La question est de savoir si cette intégration est viable à terme, dès lors que l’écrasante majorité des pentecôtistes interrogés ne se reconnaît pas dans l’identité protestante…

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