France 3, Finkielkraut 1 (28/06/2006)

medium_h_2_ill_789020_trio.jpgAllez les Bleus ! Dans ma note précédente, je rappelais que toute équipe qui va loin dans ce Mondial de foot trouvera le Brésil sur sa route. Ce sera le cas des Français, grâce à leur belle victoire hier soir contre l’Espagne. Espérons que ce succès du 27 juin 2006 rabattra un peu la superbe des apôtres de la haine de soi, des chantres de l’auto-dénigrement, qu’on a beaucoup entendus jusque-là.

medium_271_cocorico.jpgCe qui m’a frappé dans ce Mondial, ce n’est pas que la France joue mal. Car elle joue plutôt bien, voire très bien. C’est plutôt que les commentaires sont durs, trop durs. N’oublions pas que sans une main non-sifflée qui arrête un but de Henry (France-Suisse) ou un but de la tête parfaitement valable de Viera, mais ignoré par l’arbitre (France-Corée du Sud), l’équipe de France aurait sans doute gagné tous ses matchs. Au-lieu de faire la part des choses, beaucoup de commentateurs se sont acharnés sur l’équipe de France. Que diront-ils après le triomphe contre l’Espagne ?
Dans ces critiques contre l’équipe de France, il y a une part de justesse et de bon sens. Mais j’y vois aussi une pathologie française, qui développe une auto-flagellation proportionnelle à la sous-estimation des autres. En clair, c’est de la fausse humilité. C’est parce que nous nous pensons tellement supérieurs aux autres que nous sommes si durs lorsque la victoire n’est pas écrasante. Il faut arrêter! La France a tout à gagner à un rapport au réel plus authentique, qui du coup la conduira à mieux apprécier l’adversaire, qu’il soit suisse ou coréen, et à se dénigrer de manière moins absolue quand les résultats sont durs à conquérir. Il n’est pas question de tomber dans l’angélisme («tout va bien, circulez y’a rien à voir»), mais d’être équilibré dans la critique, ce qui n’est pas notre fort.

 

medium_Fink.jpgUn clin d’œil pour finir: le champion français de l’auto-dénigrement, du déclin et de la sinistrose doit mal dormir: j’ai nommé mon condisciple Alain Finkielkraut (nous avons tous deux fait l'Ecole Normale Supérieure Lettres Sciences Humaines).

Lui qui s’était moqué de la France «black-black black qui fait rire toute l’Europe» (interview à Haaretz, 19 novembre 2005) a vu hier soir une France «black-blanc-beur» qui fait applaudir toute l’Europe. L’Espagne a certes marqué d’abord, semblant donner raison à ceux qui refusent tout crédit à l’alchimie collective française. Mais ensuite, Franck Ribéry, métropolitain de Boulogne-sur-Mer, Patrick Viera, natif de Dakar et d’origine sénégalaise puis Zinedine Zidane, natif de Marseille dont la famille vient d’Afrique du Nord, ont marqué trois buts à valeur de symbole. Ces buts black-blanc-beur apportent le plus beau démenti aux affligeants commentaires de Mr Sinistrose.

France, 3, Finkielkraut, 1 !

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