Jesus Camp: un documentaire à voir (18/04/2007)

medium_images.43.jpgUn bon documentaire vient de sortir sur les écrans français aujourd’hui. Il s’agit de Jesus Camp, qui décrit les dérives sectaires observées dans un camp d’enfants du Dakota (Etats-Unis), animé par un groupe évangélique de type «charismatique 3e vague». Je me suis déjà exprimé sur ce documentaire il y a quelques mois, à l’occasion de sa sortie aux Etats-Unis (cliquer ici). Je n’ai pas grand chose à ajouter. Deux points néanmoins.

1/ Ce film est intéressant et utile à regarder car il décrit des dérives tout à fait avérées, susceptibles de transformer des enfants en militants endoctrinés, politisés, voire fanatisés. Comme tous les milieux religieux à forte intensité, le protestantisme évangélique n’est aucunement à l’abri de dérapages de ce genre, et ce documentaire (vraiment effrayant par moments, mais juste, pas du tout exagéré) est de ce point de vue fort instructif. On voit très bien comment sont privilégiées les logiques d’adhésion grégaire, à base de matraquage charismatique asséné par Becky Fischer.

Les dérives « insulaires » (isolation du  «monde») sont elles-aussi très bien montrées (avec en toile de fond le primat du home-schooling –école à la maison). Enfin, ce film fait aussi découvrir que si la grande majorité des évangéliques américains soutient et accepte le jeu démocratique, il existe des minorités franchement théocratiques, comme l’illustre ô combien ce camp d’endoctrinement. Réalisé avec un louable souci de montrer plus que critiquer (la critique, c’est le spectateur qui la fait), ce film vaut le détour et apporte de salutaires éléments de réflexion sur le terrain des dérives sectaires en milieu évangélique charismatique.

2/ Il faut garder à l’esprit que le milieu montré ici n’est pas plus représentatif de la «moyenne» évangélique que les fameux scouts et guides catholiques intégristes de l’abbé Cottard ne sont représentatifs de la «moyenne» catholique. Le danger d’amalgame existe, et il a déjà été allègrement franchi par certains commentateurs français. D’où l’importance de situer ce documentaire, qui s’intéresse à un mouvement charismatique de type 3e vague (lié à Harvest International) très particulier, propice aux dérives sectaires, qui n’est pas en odeur de sainteté chez beaucoup d’évangéliques (1).

Cela ne veut pas dire que les traits montrés ici en concentré ne se voient pas ici ou là, dilués, dans d'autres milieux évangéliques, mais il faut se souvenir que ce Jesus Camp est bien loin de refléter l’habitus des 70 à 80 millions d’évangéliques américains. A noter que le camp en question a été fermé fin 2006 (mais il devrait renaître autrement...), suite aux réactions indignées suscitées par ce documentaire.

 

(1) rappelons par exemple que la majorité des évangéliques américains ne sont ni pentecôtistes ni charismatiques. Et que parmi ces derniers, tous sont loin de se reconnaître dans le charismatisme «nouvelle vague» (on parle parfois aussi de néopentecôtisme), ce dernier ayant entre autre pour particularité une hyper spiritualisation des enjeux de politique et de société, et une surenchère au charisme, qui prime largement sur le rapport à la Bible.

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