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Jesus Camp: un documentaire à voir

medium_images.43.jpgUn bon documentaire vient de sortir sur les écrans français aujourd’hui. Il s’agit de Jesus Camp, qui décrit les dérives sectaires observées dans un camp d’enfants du Dakota (Etats-Unis), animé par un groupe évangélique de type «charismatique 3e vague». Je me suis déjà exprimé sur ce documentaire il y a quelques mois, à l’occasion de sa sortie aux Etats-Unis (cliquer ici). Je n’ai pas grand chose à ajouter. Deux points néanmoins.

1/ Ce film est intéressant et utile à regarder car il décrit des dérives tout à fait avérées, susceptibles de transformer des enfants en militants endoctrinés, politisés, voire fanatisés. Comme tous les milieux religieux à forte intensité, le protestantisme évangélique n’est aucunement à l’abri de dérapages de ce genre, et ce documentaire (vraiment effrayant par moments, mais juste, pas du tout exagéré) est de ce point de vue fort instructif. On voit très bien comment sont privilégiées les logiques d’adhésion grégaire, à base de matraquage charismatique asséné par Becky Fischer.

Les dérives « insulaires » (isolation du  «monde») sont elles-aussi très bien montrées (avec en toile de fond le primat du home-schooling –école à la maison). Enfin, ce film fait aussi découvrir que si la grande majorité des évangéliques américains soutient et accepte le jeu démocratique, il existe des minorités franchement théocratiques, comme l’illustre ô combien ce camp d’endoctrinement. Réalisé avec un louable souci de montrer plus que critiquer (la critique, c’est le spectateur qui la fait), ce film vaut le détour et apporte de salutaires éléments de réflexion sur le terrain des dérives sectaires en milieu évangélique charismatique.

2/ Il faut garder à l’esprit que le milieu montré ici n’est pas plus représentatif de la «moyenne» évangélique que les fameux scouts et guides catholiques intégristes de l’abbé Cottard ne sont représentatifs de la «moyenne» catholique. Le danger d’amalgame existe, et il a déjà été allègrement franchi par certains commentateurs français. D’où l’importance de situer ce documentaire, qui s’intéresse à un mouvement charismatique de type 3e vague (lié à Harvest International) très particulier, propice aux dérives sectaires, qui n’est pas en odeur de sainteté chez beaucoup d’évangéliques (1).

Cela ne veut pas dire que les traits montrés ici en concentré ne se voient pas ici ou là, dilués, dans d'autres milieux évangéliques, mais il faut se souvenir que ce Jesus Camp est bien loin de refléter l’habitus des 70 à 80 millions d’évangéliques américains. A noter que le camp en question a été fermé fin 2006 (mais il devrait renaître autrement...), suite aux réactions indignées suscitées par ce documentaire.

 

(1) rappelons par exemple que la majorité des évangéliques américains ne sont ni pentecôtistes ni charismatiques. Et que parmi ces derniers, tous sont loin de se reconnaître dans le charismatisme «nouvelle vague» (on parle parfois aussi de néopentecôtisme), ce dernier ayant entre autre pour particularité une hyper spiritualisation des enjeux de politique et de société, et une surenchère au charisme, qui prime largement sur le rapport à la Bible.

Commentaires

  • On y voit quand même le fameux pasteur Haggard (président, à l'époque de la National Association of Evangelicals) dans un exercice intéressant d'autodénonciation pathétique... Est-ce que l'Abbé Cottard et ses scouts rencontraient Lustiger en public ?

  • Merci d'avoir clairement montré que l'extrémisme mis en lumière dans ce film n'est nullement représentatif du protestantisme évangélique dans son ensemble. Il est toutefois regrettable de constater qu'une partie de la presse française a, à cette occasion, perdu tout sens de la nuance. C'est ainsi que dans La Croix, journal qu'on avait connu mieux inspiré, Claire Lesegretain évoque " la dangerosité de ces 80 millions (25%) d'américains évangéliques". 80 millions de personnes sont donc amalgamées à l'extrémisme d'un courant charismatique particulier. Je crains hélas que cet amalgame soit tout ce que beaucoup retiendront du documentaire.

  • Réponse à Baptiste
    Oui, Haggard apparaît dans le film, et pas du tout à son avantage....Mais Haggard le triste sire n'est pas affilié au mouvement qui soutient Jesus Camp, et il ne participe pas non plus au fameux Jesus Camp. Il s'agit en l'ocurrence d'une visite filmée dans l'église d'Haggard (New Life, qu'il a quittée depuis suite à ses frasques).
    Quand à une éventuelle rencontre abbé Cottard et Lustiger, il faudrait demander à un spécialiste du catholicisme. Mais que le cardinal Lustiger ait rencontré des groupes catholiques ultra-stricts (certains milieux des scouts d'Europe par exemple) ne me paraît pas faire de doute. Qui dit rencontre ne veut cependant pas dire unité de vue à 100%, ce qui vaut pour Lustiger comme pour Haggard.

  • C'est completement fou ce truc... moi ça me fait peur. Mais j'ai trouvé plus impressionnant : GODTUBE. Le principe : c'est comme YouTube mais en Chrétien. A voir absolument !!!!!!!! :http://www.leblogmedias.com/archive/2007/04/19/gotube-islamtube-youtube-religion-évangélistes-chris-wyatt.html

  • Je pense d'abord aux enfants qui sont dans ces camps et au gavage idéologique dont ils font l'objet et qui n'a rien à envier aux jeunesses hitlériennes.

  • En tout cas, l'amalgame a déjà commencé : un petit extrait de la critique de Télérama. "Car il ne s'agit pas seulement d'une poignée d'hurluberlus isolés. Reborn christians, pentecôtistes, charismatiques : les mouvements évangéliques composé d'une nuée de sous-groupes, concerneraient à différents degrès environ cent million d'américains"

  • Réponse à Eric21
    La position de La Croix peut se comprendre comme cela : Face au raz de marée évangélique sur le continent américain, l'occasion est trop belle de ressortir les idées courtes et les représentations. Tout est bon pour éviter l'effondrement du catholicisme en Amérique, et donc, par voie de conséquence, en Europe, voire en France (dans une moindre mesure), car la fin justifie les moyens (diatribe très appréciée par les catholiques dans l'Histoire !)

  • J'ai vu ce documentaire vendredi et je suis ressorti en colère du cinéma. A mon sens ce n'est pas un documentaire, mais un film de propagande.
    Pour être clair, je ne nie pas qu'il y a des problèmes dans l'approche de Becky Fisher et qu'effectivement on est en face d'un glissement dangereux sur certains points. Mais, j'ai travaillé à plusieurs reprises sur des projets vidéos et par expérience je sais que ce n'est pas le tournage qui importe en tout premier lieu, mais bien le montage. "Jesus Camp" est conçu de manière à être un procès sans que la défense puisse s'exprimer. Les interventions à intervalles choisis du journaliste radiophonique croyant "libéral" donne le rythme (en fait c'est lui le commentateur et le révélateur de l'opinion des maîtres d'oeuvre du documentaire (si non que ferait-il là?). Les extraits sont soigneusement choisis pour faire monter la peur (et ça marche). A la différence de mauvais reportages produits par des journalistes incompétents en mal de sensationnel, celui-ci est froidement calculé. A qui profite "le film"?
    Quel effet à la sortie du cinéma? Une forte envie de ne pas croiser de dangereux et méchants évangéliques et les garder bien à l'écart de la société (j'ai pu le vérifier).
    Sébastien, qualifier ce documentaire d'intéressant, soit, mais le qualifier de "bon" me laisse dubitatif. Est-ce que votre méfiance et votre questionnement (légitime) sur le néo-pentecôtisme n'a pas pris le dessus sur votre sens critique?

  • Ce film est excellent et terrifiant. Il montre les dérives sectaires du christianisme fondamentaliste évangélique. Question de fond : ces dérives ne sont elles pas inhérentes, consubstantielles à ces mouvements ? On y retrouve tous les ingrédients des soi-disantes réunions d'évangélisation : manipulation des effets de foules et des affects des participants sur fond de culpabilisation (la culpabilité est est inépuisable fonde de commerce...) et finalement endoctrinement. Je partage l'avis selon lequel ces méthodes largement répandues dans les milieux charismatiques et fondamentalistes ne sont pas sans rapport avec celles pratiquées à l'époque dans les "Hitlerjugend", même si l'idéologie n'est évidemment pas la même. Le point commun, néanmoins, c'est l'affirmation "Gott mit uns". Ajoutons que ces dérives existent aussi dans le Judaïsme et dans l'Islam. Aucune religion n'est à l'abri du fondamentalisme et des tendances illuminées.

  • Est-ce qu'il y a encore des places de libre pour le prochain Jesus Camp de cet été ?

  • Il est grand temps que les milieux évangéliques (dont je viens de claquer la porte après 24 ans d'appartenance) se décident à regarder en face les dérives qu'ils ont engendré ces dernières décennies. J'ai grandi à Nîmes, ville où se trouvent de nombreuses Eglises Evangéliques "historiques" (ou "classiques", ou "vieilles-évangéliques", c'est à dire non-charismatiques, héritières des Vaudois et de la Réforme et attachées à la prédication théologique et à la dignité liturgique). Dans les années 80, j'ai vu de très près ces Eglises assister passivement à la désertion de leur jeunesse qui allait grossir les rangs d'Eglises pento-charismatiques souvent soucieuses de fidélité à l'Ecriture, mais aussi au départ de milliers de fidèles vers des communautés où la Bible fait place à la fausse prophétie, la pastorale à la manipulation et la piété à l'hystérie collective. Crier à plein gosier "unité, unité", c'est bien beau, mais aujourd'hui le mouvement évangélique est complètement discrédité, pour s'être solidarisé avec les dérives. Ce genre de documentaire est très utile pour faire prendre conscience à ceux qui, dans ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler les "Eglises Evangéliques" (terme qui n'a plus grand'chose à voir avec son acception d'il y a 40 ans), qu'il y a de vrais dangers dans les dérives successives, dans le culte du neuf à tout prix, dans l'unité avec le n'importe quoi.
    Il est toutefois regrettable que ce genre de "matériel" soit jeté en pâture à la face des critiques extérieurs au "milieu". Pour ma part, je me console en me disant qu'après tout, ça ne me regarde plus (je suis aujourd'hui baptiste du Septième-Jour, un mouvement héritier de la Réforme radicale mais non intégré dans la nébuleuse évangélique).
    Bien amicalement.

    Frédéric MARET.

  • tu m'intéresses, Frédéric Maret, je ne savais pas qu'il y a des "baptistes du septième jour", je savais ça pour les adventistes, c'est tout ...
    mais je suis d'accord avec toi, dans le monde évangélique il y a des dérives qu'il faut avoir l'honnêteté de reconnaître ; dans certains milieux charismatiques ( je ne parle pas des Assemblées de Dieu, qui restent très centrées sur la Bible, y compris en ce qui concerne les dons spirituels, et qui ne vont donc pas "accepter" n'importe quelles manifestations , y compris les plus ridicules ( comme les cris d'animaux dans ce qu'on a appelé la "bénédiction de Toronto" ), comme venant du Saint -Esprit ), on voit des choses aberrantes .. soit-disant des paillettes d'or qui tombent sur les participants, des gens dont Dieu, soi-disant, change les plombages dentaires en or---tant qu'à faire, vu l'état de mes dents, si Dieu juge bon de s'en occuper un jour je préférerais qu'il me donne de vraies dents plutôt que de couvrir mes plombages d'or ... ---
    et certains ont des conceptions qui moi me font penser à quelque chose de magique ...et même d'animiste : sur un forum, j'ai lu que du moment que les satanistes utilisent la pleine lune pour faire certaines cérémonies, les chrétiens, pendant les pleines lunes, devraient se réunir et prier en ordonnant à la lune de "vomir les malédictions" que les satanistes lui ont envoyé pour faire du mal à la terre (et à ses habitants ) pendant le cycle lunaire qui suit : je ne vois pas ce genre d'aberrations dans la Bible ...
    et après on va passer pour des sectaires, mais il y a vraiment des évangéliques qui fonctionnent comme des sectes ....
    Est-ce que les baptistes du septième jour ont un site internet ???

  • A propos des Baptistes du Septième Jour.

    Les Anabaptistes du Septième Jour sont apparus en Hollande vers 1580. Des immigrants hollandais ont fondé l'Eglise B7J de Londres en 1617. Elle est toujours en activité et, sauf erreur de ma part, il s'agit de la plus vieille Eglise Baptiste de monde, toutes tendances du Baptisme confondues. Je tiens de le Société de Documentation de d'Histoire du Baptisme Français l'information selon laquelle des Baptistes et des Darbystes français se seraient mis à observer le Sabbat vers 1870, mais qu'ils auraient rejoint l'Eglise Adventiste. C'est une B7J américaine, Rachel Oakes, qui a convaincu Miller et le couple White, fondateurs de l'Eglise Adventiste, de la nécessité d'observer le quatrième Commandement (relatif au Sabbat).
    Jusqu'à présent, il n'y a pas eu en France, et sauf erreur de ma part, d'Eglise B7J. Pour ma part, bien que résidant en Isère, je suis en cours de rattachement à l'Eglise B7J d'Amsterdam, avec un projet d'implantation d'Eglise dans ma région. Vous pouvez voir notre site et notre forum (bien modestes, il faut le dire) aux adresses suivantes : www.pistis.org et http://foietoeuvres.forumstack.org . Sur le premier vous trouverez des liens vers les principaux sites et forums B7J, en néerlandais et en anglais, principalement. Les B7J sont implantés dans une quarantaine de pays, mais souvent de façon très marginales. Les principales fédérations nationales sont confédérées au niveau mondial. En tant que Baptistes, les B7J sont attachés à la souveraineté de l'Eglise locale, si bien qu'il y a en leur sein plusieurs tendances. Mais il faut noter, quant à la forme de piété, qu'il s'agit d'Eglises de type "vieil-évangélique", avec une théologie très centrée sur la souveraineté de l'Ecriture.

    J'écris ces lignes un vendredi soir, alors ... bon Sabbat!

    Cordialement,

    Frédéric Maret.

  • merci à Frédéric pour tous ces renseignements intéressants ....
    je sais que les baptistes et d'autres évangéliques insistent sur l'autonomie de l'assemblée locale ( congrégationalisme ), ce que tu dis sur la façon dont vous êtes organisés ne me pose donc pas de problème et j'ai l'intention d'aller voir ton site un jour ....

  • je trouve que ce reportage est bien fait. Le sujet est génial. Voir des enfants qui pleurent pour Jésus, ça doit réjouir son coeur par rapport à tous ceux de leur âge qui volent, violent, tuent...

    Ceux-là au moins sont épargnés de cela. Beaucoup de personnes ne peuvent pas comprendre ces choses car c'est une folie pour eux. Mais ce qui est une folie pour certains Hommes sont une bénédiction pour Dieu et ce qui est une folie pour Dieu est bie souvent une bénédiction pour certains Hommes.

    Moi, je dis bravo pour ces enfants formés dans le conseil de Dieu car ils seront une bénédiction pour leur génération de plus en plus décadante: sexe, violence, grossesse, IVG, VIH, délinquance, meurtre, déscolarisation...

    Un jour les Hommes comprendront toutes ces choses et ça aura l'air plus bénéfique qu'ils ne l'auront cru.

  • Je suis pasteur des Assemblées de Dieu, et je suis content que vous parliez de ça. Oui, il faut être vigilant sur ces phénomènes. "Veiller et prier". Ces dérapages n'ont rien de "pentecôtiste", en tout cas au sens classique que nous lui donnnons. Ce sont des dérives sectaires. On les rencontre assez souvent chez les plus "foufous de ce que vous apeler "charismatiques Troisième Vague".

  • Bonjour,

    Je m'interesse beaucoup au film Jesus Camp, afin de comprendre un peu mieux le contenu. Dans son livre "Jesus Camp, my story" ainsi que sur le site "http://jesuscampmystory.com/" Becky Fisher, la célèbre pasteur s'explique et dit qu'elle n'aime pas la tournure politique du film.

    "Jesus Camp, my story" Becky Fisher; page 12.

    On peu mieux comprendre la motivation de Becky sur la section FAQ du site http://jesuscampmystory.com/ et aussi sur le site http://www.hautetcourt.com/films/jesus_camp/dp/jesus_camp.pdf.

  • Bonjour Sébastien,

    Il y a quelques temps, Becky Fisher avait publié un livre sur son rôle dans Jesus Camp, "Jesus Camp, My Story". Aujourd'hui, il est possible de le télécharger gratuitement sur son site: http://kidsinministry.org/jesus-camp/

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