Obama à la conquête des religious voters (23/07/2008)

pentecostal.jpg Le God gap a longtemps été le principal handicap électoral des démocrates aux Etats-Unis.
Défiant tous les pronostics initiaux, Barack Obama semble assez bien parti pour surmonter cet obstacle.

A l’inverse de Ted Stranger qui a parié urbi et orbi, en France, sur la victoire de… John McCain aux prochaines élections générales aux Etats-Unis, je parierai l’inverse: car Barack Obama n’a pas seulement réussi à remporter de haute lutte l’investiture démocrate contre une valeureuse Hillary Clinton.


images.jpgObama a aussi, et surtout, réussi à réduire un peu le God Gap, à savoir le gouffre qui sépare un Parti Républicain abonné au vote religieux, et un Parti démocrate désespérément en mal d’électeurs croyants.

Un des visages de ce tournant est incarné par la pasteure pentecôtiste Leah Daughtry (voir photo d'introduction de cette note), chargée avec d’autres d’animer la prochaine convention démocrate d’août 2008.
Interviewée il y a trois jours sur le Christian Post par un journaliste de l’Associated Press, elle défend le point de vue de «People of Faith», un groupe de pression cherchant à promouvoir foi religieuse et engagement démocrate, et se dit convaincue qu’Obama peut toucher une part de l’électorat religieux, y compris évangélique.

 

Trois handicaps

La partie n’est pas gagnée d’avance pour Obama.
Soupçonné d’être d’origine musulmane (ce qui n’est pas un atout pour l’électorat chrétien américain), étiqueté comme à gauche du parti démocrate (un autre handicap pour l’électorat religieux), il a longtemps passé pour encore moins armé que John Kerry dans la conquête des votants pratiquants.

 

Reconquête

Mais il a réussi à renverser en partie la vapeur sous l’effet de trois facteurs décisifs.

1. Le premier facteur est son charisme personnel, immense.

Barack Obama est une «personnalité» exceptionnelle et un immense orateur (son fameux discours, traduit en français sous le titre, De la race en Amérique, est déjà un classique). Ce trait attire l’électeur, y compris l’électeur religieux, qui préfère les politiciens aux allures de prophète aux politiciens passe-muraille.

2. Le second facteur est son habileté à jouer sur les nouveaux réseaux religieux, notamment les megachurches, élément que j’avais expliqué dans une note précédente.

A l’inverse de Mc Cain, il est tout à fait à l’aise au sein des sous-cultures religieuses militantes états-uniennes d’aujourd’hui, même s’il est en décalage avec elles sur certains points (positions par rapport à l’avortement).

3. Le troisième facteur est la sincérité réelle ou supposée de ses accents religieux.

Obama dit être devenu chrétien suite à une démarche personnelle, suivant un vocabulaire tout à fait en phase avec la rhétorique protestante évangélique.

Barack Obama émaille par ailleurs ses discours de très nombreuses références religieuses, et ses spectaculaires promesses récentes d’étendre le programme «Faith Based» initié par G.W.Bush (financement public aux œuvres sociales religieuses) ont convaincu d’assez nombreux électeurs que cet homme est finalement «God compatible».

 

image.jpg Il reste à Obama beaucoup de travail à faire du côté de l’électorat évangélique blanc (environ 25% seulement de ces derniers pensent voter pour lui).

Du côté d’autres électorats religieux en revanche, y compris les évangéliques afro-américains, la tendance est nette: mieux que Kerry en 2004, Obama a su atteindre une crédibilité suffisante dans ces milieux pour que le God Gap ne soit plus, pour les démocrates, un handicap insurmontable.
Jusqu’à la victoire ? A suivre.

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