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Le God gap américain s’est-il réduit ?

medium_images-3.7.jpgQuelques semaines après les élections qui ont fait basculer le Congrès états-unien du côté des Démocrates, une question revient: qu’en est-il du fameux clivage entre une Amérique religieuse (qui vote plutôt républicain) et une Amérique sécularisée (qui vote plutôt démocrate)?

Beaucoup estiment que ce clivage, ce God gap, comme on l’écrit outre-Atlantique, aurait tendance à se résorber. Les efforts d'Hilary Clinton et quelques collègues pour se rapprocher de l'électorat religieux pratiquant auraient-ils porté leurs fruits?

Des indices plaident dans ce sens:

-l’assouplissement spectaculaire de l’intransigeance de l’Administration Bush sur l’Irak (signe que les extrémistes mettent de l’eau dans leur vin),

-la discrétion des leaders de la droite chrétienne depuis quelques semaines (échaudés par l’affaire Haggard?)

-et les sondages post-élections qui montrent que les évangéliques blancs ont été plus nombreux qu’aux dernières élections à voter Démocrate.

En vérité, quitte à doucher les optimistes, il n’en est rien.

Le « God gap », le clivage aigu qui oppose, élection après élection, l'Amérique religieuse conservatrice à l'Amérique sécularisée libérale (au sens américain, c’est-à-dire de gauche), est intact. Il s’est même accru.

Un examen détaillé des sondages à la sortie des urnes (exit polls) montre certes que les évangéliques blancs ont davantage voté démocrate (entre 3 et 4 points de gain par rapport aux élections de 2004). Mais c’est le cas aussi des évangéliques noirs, des juifs, des catholiques, bref, de toute la population.

Il y a donc eu un mouvement général vers la gauche, mais l’écart-type entre les deux électorats (religieux et conservateur, sécularisé et libéral) est demeuré inchangé.

Si on regarde maintenant la proportion du vote démocrate parmi les pratiquants hebdomadaires, on observe là-aussi une grande permanence. En 2002, 2004, 2006, cet électorat a respectivement voté à 37%, 37% et 38% démocrate. On ne peut pas dire que 2006 marque une rupture significative (1 point de plus seulement). Les pratiquants réguliers continuent à bouder le parti démocrate, et à voter en large majorité pour les Républicains (respectivement à 61%, 61% et 60% en 2002, 2004, 2006).

Un autre enseignement des sondages de sortie des urnes montre que les principaux gains des démocrates n’ont aucunement été effectués parmi l’électorat de la Droite chrétienne conservatrice. Au contraire, les grands gains ont été sur l’électorat non-chrétien d’une part (juifs, musulmans etc.) et sur l’électorat sécularisé d’autre part (non pratiquants, agnostiques etc.). En comparant avec 2002, les Démocrates ont gagné 7 points chez les premiers, et 10 points chez les seconds (contre 3 ou 4 seulement chez les évangéliques blancs).

En conclusion, la fracture politico-religieuse aux Etats-Unis est tout sauf résorbée. L’offensive de charme de certains Démocrates en direction de l’électorat religieux n’a pas donné beaucoup de résultats.

Le God Gap reste bien là, et il ressurgira aux prochaines échéances.

 

Pour plus de détails, je vous invite à consulter cette enquête du Pew Forum on Religion and Public Life.

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