Jesus et Mohamed, frères de foi? (16/10/2011)

CM Capture 1.jpgLe groupe Zaman France, qui propose information (souvent) solide, mais aussi lobbying actif au service de la cause turque en Europe, m'envoie sa newsletter.

Cette semaine, un des articles qui a attiré mon attention s'intitule: "Les jeunes séduits par le streetwear islamique".

En illustration, un sweat-shirt avec l'inscription (an anglais): "Jésus et Mohamed, frères de foi".

Recherche faite, il existe même un groupe Facebook consacré au sujet!

Dans le même registre, on notera une inflation de sites destinés à convaincre les chrétiens, "en douceur", que révérer la personne de Jésus se décline fort bien en version musulmane.

Voir, par exemple, le site anglophone ci-dessous (cliquer sur l'image).

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"Comme tous les musulmans, j'aime Jésus"

 Cette évolution invite naturellement à l'analyse. A l'image de ce que l'on connaît déjà chez les protestants évangéliques, très actifs pour convaincre les musulmans de rejoindre Jésus-Christ comme "sauveur et seigneur", la controverse musulmane s'inscrit de plus en plus volontiers dans une stratégie de "soft power" fondée sur la persuasion douce, inclusive, et le merchandising ciblé.

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N'en déplaise aux fantasmes islamophobes, le "djihad" violent, quoique repérable ici et là (Somalie), s'avère très secondaire, voire rarissime, par rapport à ce positionnement d'offre religieuse, aujourd'hui très répandu, et qui fait miroir par rapport aux efforts évangéliques.

Il s'agit par ailleurs de s'inscrire, à la fois dans une logique d'authenticité et d'identité affichée (par le slogan et le vêtement), mais aussi dans une démarche de semi-ouverture, qui intègre en partie les codes du pluralisme religieux. On ne dénonce pas Jésus, on se le réapproprie, histoire de ne pas offenser les chrétiens de front. Naturellement, l'ouverture a ses limites... car il s'agit bien de convertir des chrétiens, pas seulement d'engager le dialogue!

 

Holy Mavericks.jpgPour aller plus loin, voici trois références (en anglais), sans oublier le colloque de Lausanne (déjà annoncé dans ce blog) sur le lien entre religions, marché et marques.

 Côté évangélique, voir Shane Lee et Phillip Sinitiere: Holy Mavericks: Evangelical Innovators and the Spiritual Marketplace (New York University Press, 2009).

 

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Pour une approche générale sur les logiques de marketing à l'oeuvre dans la religion contemporaine: Mara Einstein, Brands of Faith: Marketing Religion in a Commercial Age, Media, Religion and Culture (Routledge, 2007).

 

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Et côté islamique, voir cet ouvrage important: Patrick Haenni, L'islam de marché, l'autre révolution conservatrice (Paris, Seuil, 2005).

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