Nicolas Sarkozy 2012: le champion électoral des protestants? (30/03/2012)

sarkozy cévennes.jpgUn sondage IFOP, dépouillé et commenté cette semaine par l'hebdomadaire protestant français Réforme, nous l'apprend: les protestants français se révèleraient aujourd'hui nettement plus à droite que la moyenne de la population française.

Ainsi, au second tour des élections présidentielles, 53,5 % des protestants interrogés par l'IFOP (mars 2012) disent soutenir Nicolas Sarkozy, contre 46% pour l’ensemble des Français!

Cette orientation, déjà amorcée depuis une quinzaine d'année, vient définitivement rompre avec l'idée très répandue, dans les années 1960-80, selon laquelle les protestants seraient plus à gauche que l'ensemble des Français. Aujourd'hui, c'est semble-t-il l'inverse, et largement.

Les raisons? Deux pôles contribueraient à l'expliquer.

D'abord, un grand pôle protestant de l'Est, rebuté par les faibles convictions européennes du candidat socialiste, François Hollande, et traditionnellement très attaché à la "valeur travail", ainsi qu'à la bonne gestion. Ensuite, un grand pôle évangélique en pleine croissance (dont le sondage IFOP ne permet hélas pas de mesurer exactement le poids), qui se révèle légèrement plus conservateur que la moyenne protestante, contribuant à déplacer son centre de gravité vers la droite de l'échiquier politique.

Pour une analyse détaillée de ces résultats, on se référera à l'excellente lecture proposée par Jean-Paul Willaime (lien), ou à la page de l'IFOP (lien)

 

images.jpegRejet de Hollande... par refus du conservatisme?

Je me bornerai juste à une remarque complémentaire: est-ce que le protestantisme bascule vraiment à droite, ou est-ce que la gauche française d'aujourd'hui serait devenue conservatrice?

Force est en effet de constater que face à l'amateurisme conservateur et la roublardise à géométrie variable que beaucoup disent découvrir chez le souriant candidat socialiste actuel, François Hollande, nombre de protestants toussotent.

Plus habitués que d'autres, grâce à l'habitus du libre examen et du sacerdoce universel, à décrypter les discours démagogiques, ils ne reconnaissent pas forcément, dans le politicien corrézien qu'on leur présente comme "socialiste", une offre politique de progrès et de responsabilité, dans le contexte économique et social international qui est aujourd'hui celui de la France.

En clair, serait-il possible que Hollande et ses amis socialistes sur les starting-blocks passent, auprès d'électeurs traditionnellement un peu plus attirés par la gauche, pour des conservateurs franchouillards frileux accros aux vieilles recettes? Des bateleurs et féodaux peu inspirés, constitués de ce "bois dont on fait les marionnettes" (dixit Eva Joly)??

Les protestants, sensibles, par culture, à l'intégrité des convictions, la valorisation du travail et à l'esprit de réforme, préféraient dès lors se tourner vers d'autres horizons, y compris vers un Nicolas Sarkozy qui, malgré ses erreurs, a sauvé l'Etat providence, réformé au risque d'être impopulaire, et "tenu la barraque" avec pragmatisme et ténacité.

NB: l'enquête IFOP est téléchargeable en entier ici.

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