TRUMP, messie politique pour les Born Again blancs? (21/10/2016)

Evangéliques shift.jpgEn 2011, lorsqu'on demandait aux électeurs de différents "blocs religieux" s'ils estiment qu'un comportement privé immoral empêche une attitude éthique dans un poste officiel, les plus intransigeants étaient les évangéliques blancs. OUI, à leurs yeux, une mauvaise moralité privée décrédibilise la conduite dans les affaires publiques.

Cinq ans plus tard, à cette même question, renversement total. Les évangéliques blancs sont désormais LES PLUS ACCOMMODANTS. Même les non-religieux sont plus stricts. Pour plus de 70% des électeurs blancs évangéliques américains interrogés en 2016, ce n'est pas grave d'être immoral en privé, cela n'empêche en rien une conduite éthique dans les affaires. Ce renversement (cf graphique ci-contre, avec en bleu 2011, en jaune 2016) est à bien des égards stupéfiant, surtout en si peu de temps.

La cause a un nom: TRUMP.

Car entre 2011 et 2016, un certain milliardaire, adepte de la téléréalité, a chamboulé tous les codes. Fait la preuve d'un machisme éhonté (et d'un vocabulaire dégradant pour les femmes), d'un niveau de démagogie (presque) jamais atteint jusque là dans l'histoire des démocraties occidentales, tout en bougeant les lignes sur une ligne anti-establishment qui plait à beaucoup. En particulier aux évangéliques blancs. SURTOUT aux évangéliques blancs.

Catholiques, protestants sideline (issus des Eglises anciennement appelées mainline, héritières des Eglises protestantes établies) ont fini par se détourner de Trump. Les évangéliques latino également, ainsi que les évangéliques noirs (dont ne parle presque jamais, bien qu'ils pèsent des millions de voix).

Mais la majorité des évangéliques blancs continuent à soutenir Trump, alors que ce dernier, en matière de morale privée, a presque toutes les caractéristiques, pour eux, d'un épouvantail. Comment expliquer ces données?

Un faisceau de sept éléments d'explication est à avancer

1. l'extrême charisme de Trump, qui plaît dans une culture ecclésiale où le charisme est plus important qu'ailleurs

2. le discours anti-système, qui plaît à une tradition religieuse très méfiante pour les institutions centrales

3. le sondage repose sur un panel réduit, surtout à l'échelle de la population américaine. Il ne s'agit pas d'une enquête quantitative, prudence...

4. la détestation d'Hillary Clinton, réputée chez les évangéliques être une acharnée du droit à l'avortement...

5. une sécularisation interne accélérée des évangéliques blancs, gagnés par la culture consumériste, qui éroderait considérablement leur intransigeance éthique

6. une mansuétude liée au fait que Trump n'a pas nié les faits (vidéo de 2005), mais s'est excusé; dans la tradition évangélique, le pire ce n'est pas le sexe, c'est le mensonge; Trump se serait couvert de ce côté là contrairement, jadis, à Bill Clinton, du coup jugé plus sévèrement

7. (facteur le plus important) Une condition socioéconomique qui s'est dégradée, avec une précarité nouvelle pour des millions de foyers blancs de petite classe moyenne. Le document ci-dessous (données 2016) nous rappelle que les fidèles des dénominations évangéliques sont comparativement bien moins riches que les fidèles rattachés au judaïsme ou au protestantisme sideline (Eglises épiscopales, presbytériennes). Les pentecôtistes des Assemblées de Dieu, aux Etats-Unis, sont même moins riches, en moyenne, que les musulmans.

Beaucoup de born again blancs en situation économique fragile, étranglés par les crédits, voient en Trump l'homme qui va relancer le business et remplir les frigos. Au point où cela compte plus que tout le reste?

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 Le revenu des ménages au sein des dénominations religieuses américaines (2016)

 

 

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