Le Grand Rabbin de France condamne la discrimination anti-minarets (03/12/2009)

Gilles Bernheim.pngDu point de la laïcité et de la République, deux réactions posent problème dans la perception du refus suisse des minarets.

 

 

D'abord, celle qui consiste à approuver la discrimination antimusulmane dont la votation suisse témoigne, car toute discrimination entre les religions est contraire aux valeurs laïques et républicaines.

 

Ensuite, celle qui consiste à mépriser le vote suisse et à piétiner le verdict du suffrage populaire sous prétexte que les citoyens n'ont pas voté comme les élites le leur demandaient (cf. l'appel -scandaleux- à faire revoter rapidement les Suisses, lancé par un Cohn Bendit qu'on a connu plus inspiré).

 

 

Saluons la sagesse du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui s'est gardé aujourd'hui de ces deux dérives.

 

 

images.jpegRespectueux, lui, des principes républicains que d'autres piétinent, Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France depuis le 1er janvier 2009, a effectué ce premier rappel fort:

"Toute décision qui aboutit à donner

moins de droits aux fidèles d'une religion

qu'aux fidèles d'une autre religion

est une décision injuste"

 

Invoquer, pour discriminer, l'héritage religieux, est inacceptable, souligne-t-il. Les juifs en ont souffert par le passé (j'ajoute que c'est arrivé aussi aux protestants et même aux catholiques dans certains pays d'Europe).

 

Que les musulmans souffrent  de discrimination "architecturale" aujourd'hui pour la simple raison qu'ils sont musulmans n'est pas plus acceptable que lorsque l'on pratiquait la même chose, ou pire, à l'encontre des juifs, des protestants ou des catholiques.

 

 

"Remplir les églises serait plus utile que de réduire la visibilité des mosquées"

 

Le Grand Rabbin adresse au passage une pique bien sentie à l'encontre de certains chrétiens: Il voit dans l'approbation du refus des minarets "une défense de l'identité chrétienne qui se trompe de méthode: remplir les églises serait plus utile que de réduire la visibilité des mosquées".

 

 

images-1.jpegLe Grand Rabbin de France a également souligné, en vrai démocrate, qu'il fallait néanmoins respecter le vote suisse majoritaire, même si l'on n'est pas d'accord avec ce vote, car c'est là l'expression de la souveraineté populaire.

"L'opinion des Suisses doit être entendue", car elle renvoie aux "élites enseignantes" un message que ces dernières doivent entendre: elles ont failli dans leur travail de pédagogie et leurs efforts de dialogue.

 

 

Cette prise de position suisse, observe Gilles Bernheim, révèle un vrai malaise, qu'il appartient à chacun (musulman, chrétien, juif, agnostique, athée etc.) de dissiper, en travaillant davantage à une "mission de dialogue, de lutte contre les préjugés et de construction d'un avenir commun"... Au lieu de jeter de l'huile sur le feu.

 

Afin que la liberté, ce bien si précieux, puisse être partagée également par tous, dans le respect des règles du "vivre ensemble" laïque républicain.

 

Lire l'entretien accordé par Gilles Bernheim ici, ou .

 

 

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