Grande enquête sur le ressenti des discriminations en France (29/03/2010)

Echelle sociale.jpgA signaler (et à archiver) cette enquête sans précédent sur les mécanismes de discrimination: elle s'intitule "Trajectoires et origines".



Réalisée par l'INSEE et l'INED en 2008, sur la base d'un énorme panel 22.000 personnes (énorme!), elle montre que 40% des personnes ayant déclaré une discrimination sont immigrées ou enfants d'immigrés, alors qu'ils ne représentent que 22% de la population adulte de France métropolitaine.



Il faut prendre connaissance dans le détail de cette étude, téléchargeable gratuitement (numéro 466 d'avril 2010 de Population et sociétés).



halde.jpgUn élément d'analyse doit être rappelé: cette enquête porte sur la discrimination déclarée, c'est-à-dire le ressenti. Est-ce que le ressenti correspond toujours à la réalité? Rappelons que selon la HALDE,  90 % des réclamations reçues (plaintes pour discriminations) sont infondées...

On pourrait faire l'hypothèse de citoyennes et citoyens discriminés objectivement, mais qui ne le formulent pas; et inversement, des citoyennes et citoyens non discriminés, mais qui ont tendance à se victimiser au lieu d'assumer leurs échecs.

 

Il faut donc être conscient de ce biais, qui joue peut-être en partie dans le différentiel entre hommes et femmes: cette enquête Trajectoires et origines montre ainsi que les hommes déclarent plus de discriminations que les femmes.... Alors qu'en réalité, d'autres enquêtes rappellent que les femmes seraient plus discriminées que les hommes!



Cependant, dans la mesure où le ressenti correspond souvent à une réalité, il faut prendre très au sérieux ces résultats (avec un petit grain de sel tout de même), et en tirer des conclusions.

 

Des motifs de discrimination variés

 

Je me limiterai ici à cette remarque: l'enquête confirme que les discriminations ne se limitent pas à l'origine, et à la couleur de peau.

Mais elle montre aussi, et de manière irréfutable, que les discriminations seraient nettement accentuées par ces facteurs. En France, être d'origine immigrée, a fortiori quand on vient du Maghreb ou d'Afrique sub-saharienne, tend à accroître le risque d'un traitement inégalitaire.

On le voit au travers des vecteurs de discriminations cités : l'origine ou la nationalité (citée à 37%), la couleur de peau (17%), le sexe (17%) et l'âge (12%).

 

 

28401-b-inch-allah-sunday.jpgL'enjeu central des discriminations liées à l'origine

 

Ces résultats confirment deux choses:

-dans la logique républicaine, la lutte contre les discriminations n'est pas une option mais un impératif multifocal car le problème est là, quantifié de manière irréfutable. Le cap: faire appliquer le principe d'égalité.

-la prévalence plus élevée du ressenti de la discrimination chez les populations immigrées ou d'origine non-hexagonale confirme l'impératif d'une lutte sans merci contre les communautarismes et les racismes de tous bords, afin de faire respecter ce principe fondamental: les origines diverses des citoyennes et citoyens de ce pays de France sont une richesse, et ne devraient en aucune manière se transformer en handicap.


Si le nauséabond débat d'Etat sur "l'identité nationale" pouvait déboucher sur ce simple rappel,

on n'aurait pas tout perdu.

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