"Je suis Nigériane" (16/01/2015)

arton45149.jpgLe slogan "Je suis Charlie" est scandé un peu partout, en soutien au journal frappé au coeur, mercredi dernier à Paris. L’actrice française d’origine sénégalaise, Aïssa Maïga, a quant à elle voulu crier "Je suis Nigériane" (cf. cet article du site AFRIK). 

Et pourquoi pas? La même semaine où la France était frappée par la violence jihadiste, le Nigeria connaissait sa pire semaine de violence, Boko Haram massacrant et brûlant vif des centaines de civils, anéantissant des bourgades entières.

Depuis maintenant plusieurs années, avec une escalade depuis trois ans, les civils nigérians paient un tribut effroyable, à commencer par les femmes, particulièrement touchées, comme nous le rappelle tous les jours le destin tragique des lycéennes vendues comme esclaves au printemps 2014 (aucune rodomontade occidentale ni raz-de-marée de #BRINGBACKOURGIRLS n'a rien pu faire pour les libérer). 

Alors, sans entrer dans une "inflation victimaire" ou une litanie sans fin, affirmer "Je suis nigériane" a vraiment du sens, dans ce contexte où la même semaine, le Nigeria ET la France étaient particulièrement frappés, à des niveaux différents, par la violence jihadiste. 

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Mauvais procès

Soulignons cependant un point qui échappe parfois à certains. C'est faire un bien mauvais procès aux "Charlies" français que d'ironiser sur leur profonde douleur en comparant le bilan des récents attentats parisiens aux chiffres faramineux des décès au Nigéria. Les accuser d'insensibilité à l'Afrique n'est pas plus reluisant.

Rappelons en effet que lorsque l'actu nationale est dramatique, ce qui a été le cas en France, il est tout à fait normal (et c'est dans tous les pays pareil) qu'on privilégie cette actu, en l'occurrence les attentats jihadistes qui ont décimé une rédaction, puis des civils juifs. Cela ne veut nullement dire que les "Charlies" ne regardent pas aussi vers l'Afrique. Tous ne le font pas, bien-sûr.

Mais bon nombre de "Charlies" qui ont défilé dimanche dernier à Paris sont solidaires des combats pour la liberté menés en Afrique sub-saharienne. 

 

La France en première ligne au Sahel pour contenir le Jihadisme

Rappelons que la France a été la seule puissance occidentale à s'investir directement au sol dans un couteux et courageux conflit, au MALI (Opération Serval), pour faire reculer le jihadisme, qui menaçait de submerger ce pays sahélien. Avant que le président malien actuel défile dimanche dernier en solidarité avec la France, le président français s'était rendu au Mali après la mise en échec des jihadistes. Rappelons aussi que la France est la seule à avoir cherché à pacifier une République Centrafricaine à feu et à sang, contribuant au départ de Michel Djotodia (et ses combattants de la SELEKA financés par les pétrodollars wahhabites).

L'opération Serval (au Mali) et l'opération Sangaris (en Centrafrique) ont été acceptées et soutenues par l'opinion publique française. 

Ni l'Allemagne, ni le Royaume-Uni, ni même les Etats-Unis n'ont eu le courage d'intervenir sur le terrain et de risquer des vies comme la France l'a fait. N'entrons donc pas dans une macabre "compétition victimaire", déplorant un soi-disant nombrilisme égoïste des Français qui défileraient pour Charlie Hebdo et les victimes juives, tout en oubliant l'Afrique. Et tenons-nous au côté de toutes les victimes de la barbarie, proches ou lointaines. 

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