L'anticatholicisme primaire n'est pas mort en France (01/12/2016)

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 D'une part, des offres démagogiques, soit nobles et généreuses (Mélenchon), soit haineuses et dangereuses (Le Pen)... qui n'offrent pas de solutions.

 

D'autre part, un réformisme drastique mais salvateur, qui désenfle l'Etat-obèse (vice record mondial OCDE des prélèvements obligatoires) sans tomber dans le néo-libéralisme débridé. Ce réformisme républicain est le seul à même de donner un bel avenir au kaléidoscope des enfants de France, au lieu de continuer à sacrifier ces derniers à la préservation des avantages acquis.

Sous cette bannière réformiste du courage politique, deux offres assez proches, et profondément respectables, se dégagent: celle d'Emmanuel Macron, de sensibilité sociale-démocrate (ma préférence personnelle), et celle de François Fillon, de sensibilité gaulliste-libérale. En dépit de différences notables, ces deux hommes pondérés et très déterminés sont finalement assez proches, dans leurs propositions, de ce qu'un Gerhard Schröder a accompli en Allemagne.

 

Lors des dernières Primaires de la Droite républicaine, François Fillon, sur la base d'un programme robuste et très travaillé, a pris une option forte sur la route de l'Elysée, en devenant le candidat officiel de la Droite et du Centre. Qu'on partage ou non toutes ses options, il faut admettre qu'au vu la situation de la France, il n'y a rien de vraiment étonnant à ce premier succès!

Beaucoup de Françaises et de Français, conscients au quotidien du décrochage du pays, semblent avoir décidé qu'il valait mieux un discours de vérité drastiquement réformiste plutôt que des berceuses conservatrices et insupportablement mensongères sur la France qui "va mieux".

 

Cx-HN6FWIAEaB9I.jpgDiatribe anticatholique hallucinée

Pourtant, la scène médiatico-politique française a donné lieu à des réactions de stupéfaction et de panique très singulières. La plus renversante émane d'un quotidien zombie, au bord de la liquidation, qui fut, il y a bien des années, un grand journal de gauche. Son éditorialiste en sursis, Laurent Joffrin, s'y est livré à une diatribe anticatholique hallucinée, sous prétexte que François Fillon serait catholique pratiquant.

Il faut se frotter les yeux pour se convaincre que ce qu'on lit a été VRAIMENT écrit dans ce journal qui se prétend sérieux. A des années lumières de la réalité du programme de Fillon, à des stratosphères du terrain social français d'aujourd'hui, l'éditorialiste s'en donne à coeur joie. Il dénonce "un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islam politique", rien de moins.

"Le révérend père Fillon s’en fait le prêcheur mélancolique. D’ici à ce qu’il devienne une sorte de Tariq Ramadan des sacristies, il n’y a qu’un pas" (Libération, édition du jeudi 24 novembre 2016). Rien que ça!

 

On peut, certes, avoir des points de débats avec François Fillon sur ce que représentent exactement les "racines chrétiennes" de la France. Et engager la discussion avec lui sur la laïcité et la différence entre multiculturalisme (qu'il rejette) et interculturalité (qu'il conviendrait de promouvoir).

Mais avec ce brûlot haineux signé Joffrin, on n'est pas dans le débat, mais dans l'insulte, et c'est le catholicisme tout entier qui se trouve attaqué. Membre éminent de la caste endogame, nourrie de subventions et de prébendes, qui croit façonner ad vitam aeternam la bien-pensance d'un sécularisme sectaire, conservateur et arrogant, aussi proche du peuple que Trump ou Georges Soros, l'édito de Laurent Joffrin valide l'hypothèse suivante: un anticatholicisme de bas étage, symétrique de l'antisémitisme, de l'antiprotestantisme et de l'islamophobie, reste vivace en France.

Cette rhétorique anticatholique se réveille, face à des catholiques pourtant affaiblis, sages et discrets. Sans être extrémistes (hormis une petite minorité), ces derniers en ont un peu assez de faire profil bas, voire de se faire caricaturer et enlaidir plus souvent qu'à leur heure dans des médias subventionnés, désinvoltes et assurés de l'impunité.

 

Ces preneurs d'otage de la fraternité républicaine

Comme d'autres discours de haine, cet anticatholicisme malveillant menace le pacte laïque, qui ne repose nullement sur l'anti-religion mais met à distance les preneurs d'otage de la fraternité républicaine, qu'ils viennent du sécularisme sectaire ou de l'intégrisme religieux. C'est pourquoi tous les amoureux de la République, croyants ou non, devraient se montrer solidaires, en cette circonstance, d'un catholicisme à ce point sali dans un 'grand' média supposé respectable.

 Pour comprendre les racines de cet anticatholicisme nauséabond, mâtiné d'anticléricalisme primaire, on lira avec profit, pour une mise en perspective historique, l'excellent René Rémond (dont le regard nous manque en ce moment). Il est l'auteur du classique L'anticléricalisme en France de 1815 à nos jours (Fayard), disponible en version numérique.

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