Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Deux dossiers sur l'état du protestantisme en 2009

La Vie.jpgA l'approche de l'événement FPF strasbourgeois "Protestants en fête" (dont nous reparlerons dans ce blog), les magazines multiplient les dossiers sur le protestantisme.

 

 

A lire notamment en cette fin de semaine...

 

-Un très abondant numéro spécial sur les protestants dans l'hebdomadaire La Vie, qui réalise là un véritable tour de force, sous la houlette de Jean Mercier


-Un dossier dans La Croix (avec un interview de votre serviteur)

 



grand-kiff_article.jpgChouette, petits veinards, on peut en lire une partie gratos sur le Web!

Que cela ne vous dispense pas néanmoins de faire acte civique de soutien de la presse écrite en achetant les exemplaires papier.

 

 

 

J'ajouterai deux remarques au sujet de l'impressionnant dossier La Vie (plus de 50 pages spéciales!)

 

 

Remarque 1, au sujet des 100 protestants qui comptent


-L'hebdomadaire s'est notamment donné l'objectif de relever les 100 protestants qui comptent....

Pourquoi pas? Voilà un moyen de mieux faire connaître des personnalités qui ne font pas toujours la "une" des médias!


La Vie relève globalement le défi avec une compétence qui attirera l'attention, n'en doutons pas, de ses abonnés protestants (il y en a).


Mais l'hebdo a oublié quelques figures incontournables.

Qu'un sociologue de trempe internationale comme Jean-Paul Willaime, ou qu'un dogmaticien comme Henri Blocher n'y apparaissent pas signe les limites du genre.

 

 

cadre ou message.jpegRemarque 2, au sujet de l'enjeu: Changer le cadre ou le message?


-Dans l'article clef, Jean Mercier me cite, à partir d'un entretien téléphonique. On lit notamment ces propos : les luthériens et réformés ont, après guerre, conservé le cadre (lieux, liturgie, robe pastorale etc) et "complètement bouleversé leur message", tandis que les évangéliques ont fait l'inverse : ne pas toucher au contenu dogmatique du message (croyances chrétiennes traditionnelles) mais bouleverser le cadre.


Tout en n'ayant pas souvenir d'avoir été aussi catégorique (aléas de la transcription-résumé d'un entretien téléphonique dont je n'ai pas relu le résultat), j'assume le fond du propos, qui fait naturellement débat, et je voudrais ici l'expliciter car les enjeux débordent du protestantisme, et touchent à la manière dont s'est reconfigurée la religion depuis soixante ans.



predications.jpgA l'appui des changements qui ont réorienté le fond du message luthéro-réformé entre 1945 et 1975, on peut rappeler les trois éléments suivants:


-Entre les années 1940 et les années 1970, la tendance évangélique interne à l'Eglise Réformée de France (ERF) a chuté d'environ 50% jusqu'à environ 10%
-Les "théologies du monde" (sur un axe libéral qui conteste aussi bien la théologie évangélique que la théologie barthienne) se sont imposées
-l'évangélisation a disparu de la scène, alors qu'elle était très active auparavant (Société Centrale d'Evangélisation)


Dans le même temps, la manière de faire le culte changeait peu



guitar worship.jpegA l'appui maintenant des changements qui ont réorienté le cadre extérieur du culte évangélique durant la même période, voici trois autres éléments :
-Avec la voiture qui s'impose dans tous les foyers, essor important des groupes de maison
-Énorme créativité hymnologique (nouveaux chants: recueils JEM, etc.)
-Impact des formes d'expression cultuelle pentecôtiste et charismatique (imposition des mains, bras levés, promotion du mouvement, etc.)


Dans le même temps, les éléments dogmatiques contenus dans les prédications changeaient peu

 

On peut toujours chipoter sur les détails, mais les tendances lourdes sont là.

 

Résultat des courses?


Entre changer le contenu et le contenant, c'est la seconde stratégie, en stricts termes d'attractivité sociale, qui s'est révélée payante...

Et pas seulement en France.

 

 

ProtEnFete2.jpgL'histoire n'est pas finie

 

Mais l'histoire n'est pas finie. Depuis 1975, on assiste à un lent processus de rééquilibrage qui se traduit notamment, dans l'ERF, par un retour en grâce progressif de l'évangélisation.

L'authentique succès du Grand Kiff qui rassembla à Lyon, en cet été 2009, 1200 jeunes réformés, témoigne de ce désir retrouvé d'un témoignage chrétien plus affiché. A suivre...



"Protestants en fête", la semaine prochaine, sera l'occasion d'une nouvelle photographie "live" de la diversité protestante 500 ans après Calvin.

 

Et d'analyser sur le terrain l'évolution des recompositions en cours.

Commentaires

  • Je suis souvent surpris de voir que les « changements qui ont réorienté le cadre extérieur du culte évangélique » sont seulement en train d'être découverts par un bon nombres de protestants en France, alors que ce cadre semble être la norme depuis un bon moment dans le paysage évangélique du monde anglophone. Peut-être que c'est parce que je suis jeune (23 ans) et d'origine irlandaise (de l'Irlande du Nord, où le mouvement évangélique a connu un essor incroyable après le réveil d’Ulster de 1859), mais j’ai grandi dans une église (baptiste, évangélique, mais pas pentecôtiste/charismatique) avec JEM, les « nouveaux chants », accompagnement à la guitare, voire batterie, groupes de maison, etc. et ces choses ne me semblent pas du tout « nouvelles », je ne peux les percevoir comme « changements ».

    Comme beaucoup d’autres jeunes, et moins jeunes, aux Etats-Unis et en Grande Bretagne (il y en a quelques uns en France aussi, je crois), je suis désillusionné, et las de certains des aspects du mouvement évangélique contemporain (chansons de louange à la Hillsong qui jouent dans les clichés, par exemple), de certaines conventions (témoignage, évangélisation musclée, « conversion » perçue comme un moment précis qui définit tout la suite de la vie du chrétien) et d’une théologie évangélique parfois un peu trop conservatrice ou « fermée » ; je m’intéresse au mouvement de l’Eglise émergente (emerging church), qui semble surtout composé d’évangéliques déçus et de « post-évangéliques « !

    Ce mouvement semble se construire en opposition avec la culture évangélique dominante dans les pays du monde anglophone ; pensez-vous qu’il se développera en France, si c’est seulement aujourd’hui qu’elle découvre et embrasse certains aspects de la culture évangélique « dominante » dans le monde anglophone (avec un fort parfum américain) ? Je suppose qu’il faut d’abord que cette culture évangélique devienne la norme avant que puisse émerger un tel mouvement de réaction.

Les commentaires sont fermés.