En terrain protestant, on a longtemps opposé l’affichage prosélyte évangélique à la discrétion réformée.
La distinction reste valable, mais de moins en moins tranchée.
Depuis plusieurs années, notamment sous l’impulsion de Jean-Arnold de Clermont (l’homme qui a réinstallé la voix protestante dans le mainstream médiatique) et de Laurent Schlumberger (auteur d’un décapant «Sur le seuil»), les réformés sont progressivement de retour, en tant que témoins qui s’affichent, sur la scène publique.
Le Grand Kiff, événement de jeunes organisé du 18 au 22 juillet 2009 à Lyon, confirme magistralement la tendance.
Je n’ai malheureusement pas pu observer l’événement de visu, aussi resterai-je bref.
Mais je ne peux pas ne pas souligner le caractère remarquable de ce rassemblement protestant fédérateur.
Un tournant et une nouvelle fierté protestante
D’abord, parce qu’il a brassé large: 1200 jeunes de 15 à 25 ans, il fallait le faire!
Ensuite, parce qu’il a touché les plus jeunes, battant en brêche l’idée d’une Eglise Réformée de France vouée à ne fédérer que les tempes grisonnantes (les jeunes rejoignant les évangéliques).
Enfin, parce qu’il a joué avec succès la carte de la médiatisation et du témoignage (au-delà du périmètre de l’ERF), autour d’un thème chrétien fédérateur (inspiré de la Bible et du verset de Jean 3 : 16): «Dieu aime le monde».
Nous restons, hélas, bien pauvres en études historiques sur le protestantisme luthéro-réformé d’après 1945 (à quand une ou plusieurs grandes thèses sur le modèle de celles de Daniel Robert, Jean Baubérot ou André Encrevé pour le 19e siècle?).
Un avant et un après GRAND KIFF
Mais gageons qu’il y aura, pour les historiens du protestantisme, un «avant» et un «après» Grand Kiff.
Le temps de l’identité honteuse et enfouie semble bien révolu pour l’ERF, dont la ligne stratégique s’est désormais rapprochée de celle des protestants évangéliques (et du catholicisme de la Nouvelle Evangélisation): dans un monde sécularisé et marchand, les Églises ne survivront pas sans un témoignage explicite...
Et sans le sens de la fête commune?