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Vers un catholicisme évangélique ?

Weigel.jpgReposant sur un modèle associatif décentralisé, l'évangélisme est souvent analysé sous l'angle d'un contraste fort avec le catholicisme, appuyé sur un modèle institutionnel et centralisé.

L'écart, cependant, n'est pas si grand entre ces deux versions du christianisme. Depuis son intronisation, le pape François passe même pour un pape assez proche des évangéliques, y compris dans la manière très hardie dont la foi doit selon lui impacter la société (cf. l'encyclique Lumière de la foi, co-écrite avec son prédécesseur). 

De quoi orienter sa curiosité vers le dernier grand livre de George Weigel aux Etats-Unis, intitulé "Catholicisme évangélique" (2013), où l'auteur appelle à une "réforme profonde" pour l'Eglise du XXIe siècle.

Commentaires

  • Et pour imiter le petit jeu favori des intellectuels communistes d'antan, initié par Marx et Proudhon avec leurs célèbres titres inversés 'Philosophie de la misère", "Misère de la Philosophie", il reste maintenant à écrire l'article : "Vers un Évangélisme Catholique ?"

    En vérité, certaines rumeurs de la toile devancent déjà l'idée, qui voient dans la récente structuration des Évangéliques comme un embryon de Vatican. La rumeur n'est que du bruit, mais souvent du bruit symptomatique de changement.

    Les deux "versions" du christianisme dont vous parlez, se sont (il n'y a pas si longtemps dans l'histoire) mutuellement excommuniées et livrées aux flammes de l'enfer, après celles du bûcher quand l'occasion se présentait. Que c'était bête ! il aurait suffi que chacun mette entre parenthèses ses convictions théologiques pour s'entendre, comme on sait si bien le faire aujourd'hui.

    Finalement on peut se demander si, comme Saül, il ne faudrait pas compter Auguste Comte parmi les prophètes : n'avait-il avait pas prévu que l'humanité après l'état d'enfance, caractérisé par des préoccupations théologiques, devait parvenir à l'état d'adulte, celui de la sociologie scientifique et positive ? Nous y sommes.

    Pauvre Calvin, pauvre Luther ! allez, tous au musée des pages Wikipédia, avec Marx et Proudhon, et tous les papes des petites églises puériles, puisque l'Humanité, devenue grande et adulte, a compris maintenant qu'il n'y a pas d'autre vérité que sa propre volonté.

    Gédéon.

  • Très intéressant. L'Eglise catholique semble laisser en son sein un espace pour les divergences, pour une certaine pluralité dans l'approche de la foi. Est-ce une des choses qui lui permet de se renouveler et de se perpétuer ?

    Je me demande si l'évangélisme suivra la même voix et si, à la longue, elle tolérera des voix divergentes (je pense à l'église 'émergente', à des pasteurs tels que Rob Bell, Brian McLaren et al, à des auteurs-blogueurs comme Rachel Held Evans), ou si, par peur du changement, elle forcera dehors celles et ceux qui remettent en question certains aspects de ce mouvement.

  • Je pense que la question fondamentale ne se pose pas en ces termes. Certes, le catholicisme évolue dans un sens qui peut être entrevu comme un glissement vers l'évangélisme. Mais il s'agit plus de forme que de fond car :
    - Le catholicisme est obligé de réagir face à la saignée de ses adeptes. Dans nombre de pays autrefois catholiques, L'Eglise romaine est devenue secondaire. Elle ne peut plus se contenter d'administrer des sacrements fondamentalement ritualisés pour exister en tant que force morale. Il lui faut un fond militant qu'elle a peu à peu perdu et qu'elle doit recouvrer. Elle doit apprendre "la minorité" tout en gardant la face sans remettre en cause ses racines césaro-papales.
    - Le catholicisme doit adopter, en outre, les armes de ces ennemis pour mieux les combattre. Etre évangélique car c'est porteur en ce moment (voir la foultitude d'études consacrées à ce sujet). C'est tout à fait ce que fait le pape François. Il est là pour contrer l'évangélisme. Pour y parvenir, il dispose d'une force de séduction considérable. Sans vouloir jouer au prophète je pense que la situation va évoluer dans deux sens concernant les évangéliques.
    Une partie de ces églises sera effectivement séduite, c'est-à-dire neutralisée dans sa lutte contre l'ennemi naturel (le catholicisme) au nom d'une fraternité chrétienne universelle. Le pape sera le grand pote, le frère, pour certain le modèle. (c'est le phénomène d'intellectualisation de l'évangélisme qui portera cette voix. l'un des signes est la position amilénariste de plus en plus tenue par les pasteurs et les responsables. Il m'a été donné d'entendre un pasteur baptiste charismatique (doté d'un honorable doctorat) prendre le pape François en exemple de morale durant son sermon...
    Une autre partie, beaucoup plus restreinte ne tombera pas dans le panneau. Elle dénoncera ce phénomène de séduction et de ce fait deviendra personna non grata dans les débats devenus pour lors des kermesses bon enfant où tout le monde sera bô et gentil. Ces évangéliques seront ostracisés voire persécutés car considérés comme de dangereux fascistes, conservateurs rétrograde, asociaux qui oseront remettre en cause "l'humanisme transcendental" si cher au pape François...
    Dans leur âme et conscience, il s'agira pour les évangéliques de choisir leur camps car cette situation les accule à choisir... ou bien, ou bien... Il n'auront que le choix de choisir mais certainement pas la liberté d'être eux-mêmes. Leur identité en dépendra. En définitive, ce n'est pas le monde catholique qui change, c'est le monde évangélique qui est sommé de changer. Mais ce phénomène culturel, comme bien d'autres de cette même nature avant lui passe inaperçu excepté pour quelques experts qui prêchent dans le désert...

  • alors il parait que l'église catholique est "l'ennemi naturel" des évangéliques ?
    bigre ...

  • Il suffit d'aller enquêter quelques mois parmi ces églises et d'écouter quelques sermons de pasteurs ADD, d'écouter des récits de conversion (puisqu'environ 75 % des convertis proviennent du monde catholique) de lire quelques blogs et vous aurez vite compris que l'appellation "ennemi (spirituel s'entend) naturel" des catholiques prend tout son sens. Le contraire est aussi vrai me semble t-il selon mes observations. Mais cela ne sent pas très bon le politiquement correct, alors on s'offusque... ça coûte pas cher...

  • heureusement, Phax, qu'il y a aussi des contacts plus pacifiques, des discussions, mais c'est vrai que je suis parfois atterées par l'anticatholicisme de certains évangéliques .. sur certains forums ou blogs entre autres ..

  • Il est possible que les évangéliques sont composés de déçus du catholicisme.

    Et peut-être est-ce pour cela qu'ils deviennent des pourfendeurs des catholiques. De même qu'il n'y pire anticléricaux que les anciens enfans de choeur.

  • En règle générale, les anciens catholiques convertis répondent à l'unisson "Nous, nous savons d'où nous venons et nous savons de quoi nous parlons." laissons leur le droit à la critique, même la plus acerbe. Ils critiquent de leur point de vue, une institution qui rend difficile et complexe la rencontre de Jésus alors qu'elle devrait la faciliter : voilà ce qui justifie la logique de leur critique. En cela, ils sont fidèles au contenu de leur nouvelle foi.

  • 1°) Au-delà de la question d'un quelconque "renouveau", évoqué ici ou là d'une manière récurrente, le fond du problème n'est pas, pour un chrétien protestant évangélique (dans le sens que donnait pour référence John Stott à cette expression), de se montrer favorable ou non au catholicisme romain ; il s'agit plutôt d'en comprendre en profondeur l'histoire objective à-travers les motivations théologiques et administratives au cours des siècles et leur évolution, l'origine et les transformations subies par le catholicisme romain, manifestées dans ses multiples courants, depuis le début de la fusion progressive entre pouvoir temporel et spirituel au cours du IVème siècle de notre ère, au sein de ce qui est généralement convenu d'appeler "chrétienté".

    Tout cela à la lumière de l'Ecriture Sainte, du christianisme apostolique du Ier siècle, puis de la patristique jusqu'à Augustin et au-delà : points communs, distanciations, contradictions, etc.

    2°) De voir aussi à quoi tient l'origine, le morcellement actuel et passé du christianisme sous sa forme protestante évangélique, et en quoi consiste exactement ce que cette expression désigne, sur le plan historique en particulier (John Stott l'explique particulièrement bien, entre autres auteurs).

    En face du livre évoqué dans cette note, trois livres me paraissent particulièrement adaptés à ces questions, par leur pertinence, leur clarté et leur simplicité qui les rend accessibles à tout le monde :

    - "Le catholicisme à la lumière de l'Ecriture Sainte", de Jacques Blocher (1909-1986) (Institut Biblique de Nogent-sur-Marne 1979, 1ère édition / 1995 5ème édition).

    - "Que dit le Christ ?" de François Marsault (Éditions de l'Entente Evangélique, 17ème édition 1996).

    - "La foi évangélique - Un défi pour l'unité" de John Stott (1921-2011) (Éditions Ligue pour la Lecture de la Bible, 2000 en traduction française).

    "L'écart, cependant, n'est pas si grand entre ces deux versions du christianisme", nous dit Sébastien Fath. C'est un point de vue de sociologue, peut-être. Mais au regard des trois livres que je cite ci-dessus, cette affirmation me paraît bien discutable (histoire, doctrine, etc.)... Car sur le plan de ce qui est le plus proche de la version originale, l'évidence s'impose pour qui veut bien faire les recherches nécessaires... Encore faut-il s'entendre sur le sens des mots tels que "évangélique", de par l'histoire et en se gardant bien d'utiliser ce genre de terme en se laissant influencer par les modes diverses (ce qui est "porteur" pour utiliser le jargon des faiseurs de médias).

    Bien cordialement à tous,

    E. Lisbonne

  • En annexe à mon commentaire précédent :

    http://www.quelslivreschretiens.org/fiche.php?fiche=48

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