Dans la blognote postée hier au sujet des dernières rencontres de jeunes européens organisée par la communauté de Taizé, nous mentionnions le passage de Frère Roger du protestantisme au catholicisme.
Tout en confirmant l'accord de Frère Roger avec la communion catholique et romaine, il importe de tenir compte d'un important correctif que la communauté de Taizé nous a aimablement communiqué:
Frère Roger ne pensait pas cette évolution comme une rupture, un transfert confessionnel, mais comme une synthèse postconfessionnelle.
Un communiqué publié le 10 septembre 2006, sous l'impulsion notamment de Gilles Daudé, précisait en particulier ceci:
"Des protestants veulent souvent le catholiciser; des catholiques veulent y voir une conversion (en forme de cocorico) là où lui voyait une réconciliation, une communion sans rupture."
Ni vraiment catholique, ni vraiment protestant, mais chrétien postconfessionnel en somme.
Texte intégral du communiqué ici (lien).
Commentaires
La dernière phrase me dérange: "Ni vraiment catholique, ni vraiment protestant, mais chrétien postconfessionnel en somme."... Ca ne me semble pas fidèle à l'esprit de Taizé ("un parabole de communion").
J'aurai préféré: "Vraiment catholique tout en étant vraiment protestant" (ou vice-versa). C'est qu'en frère Roger, les oppositions entre ces deux confessions ont pu trouver une réconciliation.
c'est quoi une synthèse postconfessionnelle?
Réponse optimiste: prendre le meilleur de chaque tradition confessionnelle en faisant valser les étiquettes?
Théologiquement, cela ne veut rien dire. Le catholicisme étant dans son idéologie un absolutisme religieux, tout ceci n'est que phantasme d'un homme qui ne savait pas où camper : a t-on le droit de penser cela ? (j'espère)
C'est un peu comme si un homme politique démocratique s'encartait au front national en déclarant ne pas y être tout en y étant et en ayant conservé son idéal démocratique... CASTIGAT RIDENDO MORES...
"La communauté de Taizé n'a jamais caché son désir d'entraîner le protestantisme vers l’Église catholique. Lors du Concile de Vatican II, l'évêque de Bobo-Dioulasso (2e ville du Burkina Faso, après Ouagadougou, par sa population, NDLR) a demandé au frère Schutz comment il se faisait qu'avec ses sympathies pour l’Église romaine il ne se ralliait pas à cette Église. Le frère lui a répondu : "Si je venais maintenant, j'y viendrais seul. Si j'attends encore quelques temps, j'espère pouvoir y entraîner une partie du protestantisme."
"En rentrant chez lui, l'évêque a raconté cet entretien à ses paroissiens - parmi lesquels figurait une dame qui s'est convertie par la suite au protestantisme, emportant la cassette qu'elle avait enregistrée lors de cette réunion avec leur évêque. Par divers cheminements, cette cassette a abouti chez Jacques Blocher (1909-1986, auteur entre autres du livre "Le catholicisme à la lumière de l'Ecriture Sainte" aux éditions de l'Institut Biblique de Nogent-sur-Marne, dont il fut directeur, NDLR), qui a ainsi pu répondre à l'accusation de calomnie répandue contre lui par les moines de Taizé lorsqu'il a publié cette déclaration du frère Schutz."
Alfred Kuen "Que tous soient un, l'unité chrétienne au Ier et au XXIe siècle", éditions ELB, nouvelle édition revue en 2000, extraits (page 103).
Mon propre commentaire : Pour la calomnie en guise de "taisez-vous !", c'était raté...
"Si autrefois, on voyait l'autre à-travers des préjugés, aujourd'hui, on le définit au moyen d'expériences communes où le sentiment a une grande place. On se fie à ses impressions. Un accueil chaleureux nous donne à croire que tout a changé - alors qu'il n'en est rien. La porte s'ouvre sur l'illusion." nous explique l'historien suisse Gabriel Mützenberg dans son livre "L’œcuménisme", dépeignant l’Église catholique romaine, d'un point de vue historico-théologique comme "une Église dont l'immutabilité dans l'erreur défie les siècles". "La doctrine reste la doctrine. Pas question de la changer. La doctrine romaine n'est pas négociable", nous rappelle-t-il aussi pour nous ramener les pieds sur terre, s'il en était besoin...