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Dérives sectaires évangéliques (2): texte confisqué et "pensée captive"

évangéliques,évangélisme,protestantisme,dérives sectaires,dérives sectaires évangéliques,le monde des religions"Le biblicisme soulève quant à lui l'enjeu de l'autorité. En protestantisme, la légitimité religieuse s'articule dans une tension entre le lecteur exégète et la Bible, matrice de sens et de vérité. Mais la valorisation particulière des évangéliques pour la force prescriptive de la Parole de Dieu tend parfois à oblitérer l'un des éléments de la tension, à savoir l'indispensable interprétation du lecteur.

Au risque de mettre en avant des lectures imposées, ou alors une Bible-prétexte qui voit l'Ecriture confisquée par l'autorité charismatique envahissante d'un pasteur". (...)

Pour lire la suite, voir le n°22 du Monde des Religions (2014), p.28-31.

Commentaires

  • C'est ce qui arrive lorsqu'on évince le sacerdoce universel pour sombrer dans l'individualisme le plus délirant (moi seul avec ma bible).

  • Voici un article sérieux et très instructif, en deux parties, sur ce qu’est une position chrétienne protestante évangélique équilibrée et historiquement fondée sur le thème ô combien important de l’inspiration et de l’autorité de la Bible considérés sous un angle qui ne dépend pas spécifiquement d’un magistère ecclésial, d’un théologien, d’un pasteur ou d’un lecteur quelconque : au fond, la Bible s’explique par elle-même (1e règle d’herméneutique), il faut simplement faire l’effort (intense et soutenu) et la démarche (non exempte de difficultés, ne nous cachons pas les choses, mais que veut-on ?) de la «laisser parler» :

    http://www.promesses.org/arts/129p2-8f.html

    http://www.promesses.org/arts/130p19-24f.html

    Une saine herméneutique est donc indispensable, alliée à un profond respect du texte et une attitude de piété authentique (ce n’est rien de le dire, cela va bien au-delà des mots). Ce qui ne nous exonère pas d’user de notre raison, qui a sa juste place. Et par delà et au-dessus de tout cela, le témoignage intérieur de l’Esprit Saint, qui se reçoit plutôt qu’il ne se décrit. Il ne s’agit pas de magistère collectif ni de fantaisie individuelle (qui ont mené tous deux à ce que l’on sait par l’histoire tant du côté catholique ou orthodoxe que du côté protestant). Il faut être équilibré, disais-je : éviter le piège qui consiste à devenir un «bibliolâtre», mais aussi celui de faire preuve du scepticisme et de la subjectivité ambiants, tellement convenus et répandus de nos jours. Éviter autant le libéralisme rationaliste (danger déjà dénoncé dans le livre de Francis Schaeffer, «Démission de la raison») que le légalisme idolâtre de la lettre, qui mène soit à une orthodoxie morte, soit au fanatisme et à l’obscurantisme. L’Écriture est ainsi notre miroir, en quelque sorte, comme l’écrit Jacques, l’ancien et épiscope de l’église de Jérusalem.

    Plusieurs qui, actuellement, aiment citer Jean Calvin (comme d’autres invoquent Jean Jaurès à tour de bras !), devraient entamer la démarche de le relire quelque peu :

    «Il y a une erreur par trop commune, d’autant qu’elle est pernicieuse : c’est que l’Ecriture Sainte a autant d’autorité que l’Église, par avis commun, lui en octroie. Comme si la vérité éternelle et inviolable de Dieu était appuyée sur la fantaisie des hommes ! Car voici la question qu’ils émeuvent non sans grande moquerie du Saint-Esprit : Qui est-ce qui nous rendra certains que cette doctrine soit sortie de Dieu ? Ou bien qui nous certifiera qu’elle est parvenue jusqu’à notre âge saine et entière ? Qui est-ce qui nous persuadera qu’on reçoive un livre sans contredit en rejetant l’autre, si l’Église n’en donnait règle infaillible ?… Or, tels brouillons sont assez rembarrés par un seul mot de l’Apôtre : c’est en ce qu’il dit que l’Église est soutenue des Prophètes et Apôtres (Ephésiens 2. 20). Si le fondement de l’Église est la doctrine que les Prophètes et Apôtres nous ont laissée, il faut bien que cette doctrine ait toute certitude avant que l’Église commence à venir en être. C’est donc une rêverie trop vaine d’attribuer à l’Église puissance de juger l’Ecriture, tellement qu’on se tienne à ce que les hommes auront ordonné, pour savoir ce qui est Parole de Dieu ou non. Ainsi l’Église, en recevant l’Ecriture Sainte et la signant par son suffrage, ne la rend pas authentique, comme si auparavant elle eût été douteuse ou en différend : mais parce qu’elle la connaît être la pure vérité de son Dieu, elle la révère et honore comme elle y est tenue par le devoir de piété.» (Institution chrétienne, Labor et Fides, Genève 1955).

    Ainsi, l’intelligence de l’Ecriture ne dépend pas de la double fausse conception suivante : l’interprétation «verticale» d’un magistère ecclésial collectif autorisé de par son statut hiérarchique donné, ou l’interprétation «horizontale» du subjectivisme humain dont les paramètres à géométrie variable sont si fluctuants à-travers l’espace-temps ! Cette double erreur a justifié et entraîné tant d’erreurs et d’abus tragiques, tant du côté catholique / orthodoxe que du côté protestant : persécutions, fanatisme, sectarisme, intolérance mais aussi déformations, extrapolations, dérives, syncrétismes, apostasies diverses, illusions rationalistes, humanistes et positivistes, etc.

    La Bible, Parole de Dieu, est au final son propre interprète : mais encore nous faut-il, pour en saisir l’essence et le sens, comprendre et mettre en pratique tout ce qui en est le corollaire. Un texte d'une profonde unité, qui ne se laisse pas réduire à nos idées. Bien qu’évangélique, je suis assez d’accord avec ce qu’en disait Jacques Ellul : «On pose trop de questions à la Bible ou sur la Bible, et l’on oublie trop souvent de recevoir les questions que la Bible elle-même nous pose». Vaste programme…

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