Le centre polémique des rapports entre raison et religions que veut clarifier et traiter la philosophie de la religion, c’est la question de la vérité.
Comme si son exercice était en définitive le prolongement technique et surtout le renouvellement de la question qu’un procurateur romain posait à un individu qui se proclamait lui-même la vérité : «Qu’est-ce que la vérité? »
Cette question interroge la religion en deux sens: elle interroge pour savoir si la religion est vraie mais aussi pour savoir ce qu’est le vrai selon elle qui en fait également sa valeur suprême. Mais ce faisant, c’est bien la raison philosophique qui se pose à elle-même cette question: Qu’est-ce que la vérité pour toi, c’est-à-dire pour nous? Pour se poser une telle question, et la poser de manière si décisive à la religion, il faut qu’elle ait gardé un peu de son intérêt.
Or cette question nous intéresse-t-elle encore? Dans notre modernité tardive que certains nomment postmoderne, tenons-nous encore à la vérité? C’est cette question qui est au centre de la philosophie de la religion.
Pour en savoir plus, lire le brillant tome 1 que Vincent Delecroix, directeur d'études à l'EPHE et membre du GSRL, a consacré à la philosophie de la religion. Lien.
Commentaires
Aucune religion n'est la vérité. Seul Jésus, qui a dit: "je suis le chemin, LA VERITE, et la vie"!!! Il est la vérité!
Oui, seul jésus a dit cela. mais en prenons-nous la mesure? Comment une personne pourrait-elle être la vérité? Et en même temps le Chemin, et de plus la Vie?
C'est là que résident l'inexpugnable message, révolutionnaire, de l'Evangile, même pour, ou surtout pour les philosophes.
Une personne? C'est dire que la vérité n'est pas une chose, voire une formule logique (qui est vraie au sens de "juste", ni une vérité scientifique, qui est vraie au sens d'"exacte" dans ses "conditions de déterminations précises", selon Bachelard, conditions susceptibles d'évoluer); ni une vision ou une illumination, qui, pour évidentes qu'elles soient dans l'instant, ne rend pas compte de la complexité interne d'une personne, même familière.
Un Chemin: c'est dire qu'elle n'est pas disponible comme "à ramasser", à découvrir une seule et bonne fois. La parabole de la "perle" ne dit rien de la suite, ne dit pas que le marchand s'abîme à garder au secret sa perle, il reste marchand, continue de réfléchir à sa perle, et comprendra peut-être qu'elle n'est pas que "sienne"; chemin, pas autoroute comme le font croire des chrétiens pressés, ou d'autres croyants; chemin et donc haltes, parenthèses, "écarts", que Jésus pratiquaient pour "se reposer un peu".
Vie: le pompon! la vérité autre ne nous demande jamais notre avis, elle s'impose et peut être mortifère. Alors concilier intimement vérité etVie, c'est la plus forte révolution qui soit. gef