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Crise de la représentation

Une société malade du TOP-DOWN.

Les protestants évangéliques que j’étudie ont cette formule : « le réveil, cela commence par soi-même ». Au cœur de la crise du CPE (Contrat de Première Embauche), beaucoup feraient bien de méditer cet adage. On demande des sacrifices aux jeunes, pourquoi pas ? Mais dans quelles conditions de négociation, et sur la base de quel exemple donné en haut ?

Il n’y a pas si longtemps (été 2002), le gouvernement précédent, conduit par Jean-Pierre Raffarin, s’était octroyé une augmentation de salaire ministérielle de 5.500 Euros par mois. On connaît aussi la hausse vertigineuse des frais de fonctionnement de l’Elysée sous la présidence Chirac (au-delà de 500% d’augmentation). Mais du côté de l'UNEF, sensée représenter les étudiants, ce n’est pas mieux. Les responsables qui ont conduit la MNEF, branche mutuelle de l'UNEF durant les années 1980 et 1990, sont actuellement jugés pour détournements et salaires fictifs. Ces hérauts de la cause étudiante sont au cœur d’un « système clanique » et corrompu dénoncé comme tel par le procureur Jean-Pierre Bernard. D’un côté (gouvernement) comme de l’autre (syndicat), la crise de la représentation est flagrante. Comme diraient nos voisins d’outre-Manche, la France est malade d’une culture TOP-DOWN (pression du Haut vers le Bas) où la base subit tandis que le sommet n’en fait souvent qu’à sa tête, sans régulations démocratiques suffisantes pour contrôler tout ça.

Il est temps que la France se réveille. On ne peut indéfiniment se murer dans ses mauvaises habitudes (à propos de mur, voir l'album photo Sorbonne CPE mars 2006...).

Au-delà du CPE (projet perfectible, mais si mal négocié…), il est urgent de rétablir un lien de confiance entre les représentants du peuple et les citoyens, car sans confiance, les réformes dont notre pays frileux a besoin n’aboutiront jamais. Et pour que cette confiance existe, il est temps de remettre à plat les modes de représentation et de contrôle par le bas.
J’observe qu’à gauche (Arnaud MONTEBOURG) comme à droite (François BAYROU), des voix s’élèvent pour une Sixième République moins monarchique, où la culture clientéliste et les privilèges opaques laissent place à un fonctionnement plus démocratique. Sans être toujours d’accord, ni avec BAYROU, ni avec MONTEBOURG, force est de constater que sur ce point, ils ont mille fois raison. Réveillez-vous, en haut, la France vous regarde ! S'il faut faire des sacrifices, donnez l'exemple ! C’est au prix d’une société moins «TOP-DOWN» que les futures réformes passeront. Il est grand temps.

Commentaires

  • Entièrement d'accord. Voir mon article sur le CPE: "Faute de grâce, la loi", dans Réforme du 16 mars 2006. Cette loi qui, Martine Aubry a raison de le dire, restaure, ou instaure, la loi du plus fort, est une infamie gravissime. C'est du jamais vu.
    Pour l'anecdote, j'étais présent au centenaire de la Fédération Protestante en octobre 2005. De Villepin y était. Je me suis trouvé par hasard face à lui et il m'a serré la main. Quand je suis rentré chez moi, on m'avait fauché mon vélo à la gare. "C'est le petit Jésus qui t'a puni", aurait-on pu me dire dans ma catholique enfance. ça m'apprendra à pactiser avec l'infâme.
    Je ne blogue -je ne blague- qu'à moitié. Car la situation est grave. C'est incroyable tout ce que les Français avalent depuis le 21 avril 2002, de sinistre mémoire. Oui, réveillons-nous!

  • Je partage tout à fait votre analyse.

    Je crains toutefois que votre appel n'arrive pas jusqu'aux oreilles de nos dirigeants politiques. Nous avons vu aujourd'hui lors des manifestations une certaine radicalisation et -pire- des délinquants s'incrustant dans les manifs pour y mettre le désordre.

    Espérons que nos représentants politiques sauront enfin mettre un terme à cette "crise de la représentation" avant que cela ne dégénère.

  • Au sujet de Bayrou, je serais tenté, comme nombre de sympathisants de gauche, de voter pour lui. Le problème de la gauche, c'est qu'elle est proche de beaucoup de chrétiens sur les questions sociales, mais complètement laxiste sur les moeurs. Bayrou pourrait donc faire l'affaire, s'il ne gardait pas son fondement constamment posé entre deux chaises. Pouvait-il dire (entre autres exemples) que le CPE était inacceptable tout en refusant de voter la censure sous prétexte qu'il n'est pas dans l'opposition? Comme s'il ne pouvait pas y avoir deux oppositions! Bayrou manoeuvre. Il est excellent en interview. Mais je ne le trouve pas franc. Je ne voterai certainement pas à droite en 2007 (Chirac a fait 82%... comme le président biélorusse, et j'y suis hélas pour quelque chose), mais qui sera crédible en face? Et Coluche ne survit plus qu'à travers les Restos du Coeur, ce qui prouve qu'il avait hélas raison.

  • Je crains qu'il soit plus facile de critiquer que de faire ! Martine Aubry a le verbe facile ces jours-ci, mais elle oublie que lorqu'elle était au pouvoir, elle a hypothéqué elle-même l'avenir de la France par une mesure démagogue qui a fait monter de 10% nos prix, puisque les entreprises ont bien du se rattrapper quelque part du salaire qu'ils ont continué à payer pour 4h par semaine que nous ne faisons plus. Quant à Bayrou, alors qu'il avait la possibilité de participer au gouvernement, il a préféré rester sur la touche pour mieux critiquer... Enfin je préfère que Montebourg reste là où il est : il émane de lui une telle propre-justice qu'il vaut mieux ne jamais le voir au pouvoir.

    Mais nous chrétiens, allons-nous tomber dans ce travers de critiquer et répéter ce discours bien pensant : "les politiques sont tous pourris" ? Allons-nous tirer les mêmes conclusions d'incapacité que Jospin devant les plans sociaux de Michelin ? Ou allons-nous enfin nous retrousser les manches et jouer notre rôle de sel de la terre ?

  • Il y a un adage toujours trés actuel et surtout en France :

    Il y a ceux qui servent la France avec un esprit Démocratique .
    et il y a ceux qui se servent tout simplement

    Michel

  • Merci de rappeler dans votre texte combien la nécessité de se regarder en face doit être la première étape d'un éventuel process de réforme, y compris au sein de nos instances dirigeantes.
    Souvent, le miroir - trop déformant sans doute- ne renvoie que l'image souhaitée, celle d'un être trop "parfait", trop "accompli" ou trop "isolé dans sa pecfection (presque) aboutie"...
    Comment alors attendre des "générations qui montent" autre chose que le voeu (trop violemment exprimé, c'est parfois une réalité !) d'un renouveau ?
    Que les "dirigeants" puissent se révéler des modèles (pas des gourous), des "exemples" (pas des faussaires) ou des "guides" (pas des joueurs de flûte).
    Comme vous citez une pensée évangélique, comment ne pas avoir envie de citer ces autres paroles
    "Que celui qui est debut prenne garde de ne pas tomber !"

  • Réponse à Christian et à BH Roland
    Vous avez raison de souligner ce risque : critiquer, à droite comme à gauche, l'insuffisance de nos élites risque de conduire au constat : "tous pourris". Du coup, cela peut en effet conduire à un retrait du politique, à une impuissance résignée, ou, PIRE, aux extrêmes.
    Mais il y a critique et critique. Pour ma part, je distingue soigneusement la critique généralisante et définitive (démagogique et dangereuse) de la critique ciblée et contextualisée. Dans la conjoncture actuelle, il me semble que le processus de réforme dont la France a besoin mériterait, de la part de ceux qui nous dirigent ou nous représentent, une approche plus "exemplaire", pour reprendre BH Rolland. S'il faut se serrer la ceinture, les citoyens doivent tous s'y mettre, à commencer par les représentants du peuple.
    Sinon, on tombera dans le morcèlement des intérêts particuliers, nourrissant le sentiment de haine des plus faibles contre ceux qui passeront pour des nantis hypocrites.
    Beaucoup d'extrémismes, y compris religieux, se nourrissent de ce terreau : pour avoir vécu deux ans en EGYPTE, je comprends mieux depuis la popularité de l'islamisme : elle se fonde d'abord dans l'extrême corruption des élites au pouvoir (à commencer par la famille Moubarak), qui chantent "démocratie!", "justice!" et qui pratiquent "autocratie" et "enrichissement personnel".
    La monarchie républicaine n'est pas un avatar du pharaonisme, mais attention tout de même : il est temps de prendre au sérieux le cri du fellah.

  • Ancien étudiant à Besançon et actuellement, depuis un peu plus de trois ans, Professeur de l'Enseignement Supérieur à l'Université de Fès (Maroc), je n'en continue pas moins de suivre les informations françaises - à travers les chaînes nationales (TF1, F2, etc.) que je capte ici. J'aime la France, elle m'a tellement donné. En guise de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis de ce pays que j'aime tant et dont, comble d'honneur, je porte la nationalité (outre la mienne d'origine), j'essaye, depuis ici, et du mieux que je peux, de promouvoir à la fois sa langue et sa culture (à travers tables rondes, colloques, exposées avec mes étudiants, etc.).
    Cela dit, je dois vous avouer que, compte tenu des tournures que prend le dossier du chômage en France, je ne regrette pas, pensant à l'avenir de mes enfants, d'être rentré définitivement dans mon pays. Je pense notamment, vous vous en doutez au CPE - contrat qui, à mon sens (même si je ne suis pas un fin politicien) vise, ni plus ni moins, à institutionnaliser la précarité et à en venir à bout du soupçon d'espoir qui demeure chez les plus téméraires. A moins d'un miracle -mais les miracles ne sont plus de ce monde- les débats suggérés par Le Président Chirac, au sujet des éventuelles modifications de certaines clauses du CPE, ne me semblent pas devoir apaiser les esprits et susciter un peu de sérénité chez les jeunes, et encore moins chez les parents, légitimement soucieux de l'avenir de leurs enfants. Jusqu'à nouvel ordre les choses vont mal en France. Et c'est malheureux.
    M. N. FATH

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