L'équipe de France, enfin qualifiée, poursuivra-t-elle son ascension vers les sommets ? Après la victoire des Bleus contre le Togo, les paris sont ouverts. Une quasi-certitude, toute équipe qui ira loin dans ce Mondial de foot 2006 risque de rencontrer sur sa route le Brésil, archi-favori. Dans L’Equipe de lundi dernier (19 juin), un de ses joueurs phares s’est exprimé sur une pleine page (p.11). Il s’agit de Ricardo Izecson dos Santos Leite, surnommé Kaka (le surnom passe mieux en portugais qu’en français). Ce qui a attiré mon attention, c’est que ce joueur exprime, dans son interview, une foi religieuse intense. Titre : « J’ai gardé mes valeurs ».
Dans le contenu de l’article, des développements substantiels sur sa foi : «je parle toujours de Dieu», «je prie, je prêche ce que je pense être bon pour moi et je le fais pour les autres»… Encore : «Dieu est ma vie. Je vis avec Lui. Ma foi a grandi grâce à l’éducation que mes parents m’ont donnée à travers la Bible, Dieu et jésus. Petit à petit, j’ai commencé à vivre ma propre expérience avec Dieu. Aujourd’hui, je place tant d’espérance en Lui». Point de théologie de la prospérité : il explique ne pas prier pour la victoire, mais pour une «bonne partie, pour jouer le mieux possible et que personne ne se blesse». Enfin, il souligne avoir voulu rester vierge jusqu’au mariage en raison de ses convictions religieuses. Accent sur une relation personnelle avec Dieu, qui reconfigure la vie autour d’une nouvelle ascèse (y compris dans le refus du sexe hors mariage), souci du témoignage, expérience de la présence divine au quotidien….Tiens tiens, ces propos me rappellent les évangéliques que j’étudie…. Vérification faite, le champion de football est effectivement protestant évangélique. Il s’est d’ailleurs marié dans une église évangélique de Sao Paulo le 24 décembre dernier, en présence de Ronaldo et Roberto Carlos, de la Seleçao. D'après l'encyclopédie Wikipedia, il serait membre de longue date de l'association "Athlètes pour Dieu" (Athletes for God), et il ne manque jamais une occasion de partager sa foi.
Kaka le buteur constitue un témoin de plus de la spectaculaire percée protestante évangélique au Brésil (environ 20% de la population). Huit ans après le Mondial de foot en France, où quelques footballeurs brésiliens s’étaient déjà signalés par leur foi évangélique communicative, Kaka nous rappelle aujourd’hui que la pénétration évangélique, qu’elle soit dans le foot, la politique ou l’économie, est désormais une réalité forte et durable dans la société brésilienne. Au sein du monde médiatique dans lequel nous vivons, qu’un footballeur de cette trempe fasse écrire, sur ses chaussures, «j’appartiens à Jésus» n’est évidemment pas sans conséquences: les évangéliques n’hésitent pas à mettre en avant ce champion, notamment dans un tabloïd intitulé Quart d’heure pour Jésus, diffusé à l’occasion du Mondial de foot. Andy Warhol disait que tout le monde peut devenir célèbre pendant un quart d’heure: pour les évangéliques, chaque quart d’heure de foot animé par les célébrités qui partagent leurs convictions sont manifestement bons à prendre... pour étoffer l'équipe de Jésus.
Pour compléter : trois jours après cette note, Libération a consacré un bon article au phénomène des évangéliques dans le foot brésilien. Voici le lien: Un Brésil trop Amen.
Commentaires
Bonjour!
Biensûr qu'il me semble une belle chose que d'entendre proclamer sa Foi en Dieu, et qui plus est par des sportifs de haut niveau, ou plus généralement des personnages en vue ou représentant une activité ou un groupe...
Mais je me demande souvent jusqu'où mènent ces paroles humaines, car est-ce réellement de la Foi, ... est-ce se montrer pour colorer son image ou pire une méthode psychologique de Management pour affronter les défis... humains lors de compétitions? (je sais le sens des mots, j'ai été directeur de marketing dans les Services).
Que notre Seigneur sème et récolte, de toutes façons Il retrouvera Ses brebis, Lui!
Merci à vous pour ce que vous faites. C'est utile, remarquable et qui plus est de qualité.
Christian Joulot.
Bonjour,
Article intéressant mais on n'oubliera pas que quatre années après 1998, lorsque le Brésil a gagné la Coupe en 2002, c'est plus d'un milliard de téléspectateurs qui ont vu les deux tiers de l'équipe victorieuse se mettre en ronde et prier visiblement pout remercier Dieu, et faire le tour de la pelouse avec, sous leurs maillots aux couleurs de la Seleção, des T-shirts à thèmes religieux très "ostensibles" parmi lesquels un gros "I belong to Jesus" arboré par Kaká, qu'on lui a semble-t-il (comme sans doute à tant d'autre joueurs brésiliens) demandé de rendre plus discret cette année en Allemagne.
Par contre, je vois peut-être mal mais je ne vois pas de théologie de la prospérité dans le fait de prier non pas pour gagner, mais pour que le match se déroule dans de bonnes conditions... Un éclairage à ce niveau ?
Très cordialement,
Christel