Certains m’ont reproché d’être trop dur avec ce «pauvre» Benny Hinn, télévangéliste dont j’ai récemment décrit les méthodes. Je n’étais pas dur.
Je décrivais des faits, et, comme disait Clémenceau, «les faits sont têtus».
Dernier épisode : au terme des délais fixés par l’enquête sénatoriale américaine dilligentée par le sénateur républicain Charles Grassley (ci-dessus), seuls deux télévangélistes de l’Evangile de la prospérité soupçonnés sur six ont donné à temps les documents financiers demandés. Devinez si Hinn en fait partie?
La réponse est non.
Six télévangélistes étaient visés par l’enquête sénatoriale.
Deux 'bons élèves'
La télévangéliste Joyce Meyer, de Joyce Meyer Ministries, a répondu.
Figure immensément populaire depuis quelques années dans certains milieux évangéliques en raison de son grand talent de prédicatrice (sens de la formule percutante, impression de spontanéité, simplicité étudiée, enthousiasme souriant et "bon sens biblique"), Joyce Meyer a été la première à communiquer les documents financiers, plusieurs jours avant la deadline fixée par la commission sénatoriale.
Le télévangéliste Kenneth Copeland, vieux briscard du Health and Wealth Gospel (Evangile de la prospérité) est l’autre 'bon élève' (sous réserve de vérification de ses documents).
Il a lui-aussi respecté la date exigée par la commission sénatoriale, de justesse: la limite était le 6 décembre 2007… .et c’est le 6 décembre que Copeland a remis les documents concernant le Kenneth Copeland Ministries. A suivre…
Quatre récalcitrants
Passons maintenant aux quatre récalcitrants. Quatre télévangélistes de la théologie de la prospérité sur six… Cela fait un peu beaucoup pour des télévangélistes qui prétendent n’avoir rien à cacher de leurs finances. Les voici.
D’abord, Creflo Dollar, lequel vient de démissionner du board de l’Oral Roberts University (rapport de cause à effet?).
Très controversé, ce télévangéliste à succès, pasteur de megachurch, a manifesté son souhait d’une plus grande confidentialité... dans l’attente de dévoiler ses comptes.
Ensuite, Benny Hinn. Peu réputé pour sa transparence financière (voir note ci-dessous), Hinn a réclamé plus de temps.
Trop de comptes à vérifier?
A noter que suite à son retard à communiquer ses documents, Hinn a perdu son statut de membre votant de l’Oral Roberts University board of regents.
Autres retardataires, Paula et Randy White, fameux télévangélistes basés à Tampa (Floride), à la tête de la Without Walls International Church (22.000 fidèles). Ils ont fait récemment les titres par l’annonce de leur divorce.
Habituée aux luxueuses villas, aux jets privés et à la gloire médiatique, Paula avait déjà été auditée en 2006. Bilan: sur 39,9M de $ collectés en 2006, les ¾ étaient utilisés pour l’autopromotion du Paula White Ministries.
Que découvrira l’enquête sénatoriale une fois que les documents financiers demandés seront communiqués?
Enfin, Eddie Long, télévangéliste à la tête de la New Birth Missionary Baptist Church (qui déclare 30.000 fidèles) n’a pas été plus ponctuel: lui non plus n’a pas répondu à temps aux demandes de l’enquête sénatoriale.
Affaire(s) à suivre…
Commentaires
Le réseau de télévision canadien de langue anglaise CBC vient de redifuser un documentaire sur Benny Hinn. Au-delà des indices d'une utilisation inappropriée des dons reçus pour financer un style de vie digne de membres du jet-set, il y avait des accusations fort troublantes sur la manière avec laquelle les croisades de Hinn étaient chorégraphiées. Selon le réseau CBC, les gens atteint de maladies visiblement très débilitantes étaient empêchés de monter sur la scène. Les seuls qui avaient droit à l'intervention (prière) de Hinn étaient des gens aux prises avec des malaises qui semblaient pouvoir être décrits comme étant psycho-somatiques. Le visionnement de ce documentaire m'a laissé avec un profond sentiment de tristesse devant l'apparente désinvolture et l'attitude cavalière de Hinn et de son entourage face aux accusations sérieuses qui sont lancées contre son organisation...
En entendant sur les ondes radio la voix de Phil Collins chantant "Jesus He knows me, and He knows I'm right...", on se dit: bizarre, que veut-il dire par là?... en consultant la chose de plus près, on s'aperçoit que cette chanson est en fait une critique décapante du télévangélisme (Genesis-album We can't dance-1991)... voilà l'effet produit par les faits!