Achetez, achetez, achetez des Dinars irakiens!
En ce moment, ils ne valent rien, mais dans quelques années, vous les revendrez avec une juteuse plus-value!
Voilà, en susbstance, la teneur de publicités diffusées ici ou là aux Etats-Unis.
Beaucoup se rendent compte aujourd'hui (pas trop tôt!) que les Américains n'auraient jamais dû envahir l'Irak en 2003, ce que des millions de manifestants (dont votre serviteur) avaient clamé dans les rues dès l'avant-guerre.
Bien que Saddam Hussein ait été un dictateur sanguinaire (mais les monarques saoudiens aussi... Pervez Musharraf aussi...), la population irakienne vivait 10 fois mieux sous Saddam qu'aujourd'hui.
Imposer la démocratie par la force à un pays comme l'Irak était une faute et une folie, on en voit hélas les conséquences tous les jours.
Mais voilà, on ne peut revenir en arrière, et faire comme si l'effroyable désastre provoqué par l'invasion américaine n'avait pas eu lieu.
Alors, nos amis américains cherchent par tous les moyens à renflouer ce qui peut l'être. Vu l'état calamiteux de la devise irakienne, certains petits malins ont trouvé le filon: agitant la fibre patriotique des Américains, ils les appellent à acheter des dinars (à très bas prix), pour soutenir le relèvement de l'Irak....
Leur promettant que dans quelques années, puisque l'Irak se relèvera, ces dinars pourront être revendus beaucoup plus chers! Une bonne affaire pour tous en somme!
Business juteux sur fond de misère irakienne
D'un point de vue économique, ce raisonnement n'est sans doute pas totalement faux, bien qu'on puisse soulever de sérieuses réserves (la monnaie irakienne actuelle est si mal en point qu'elle pourrait bien être remplacée par une autre).
Mais d'un point de vue éthique, on peut s'interroger sur les motivations de ceux qui créent un business à partir de la misère irakienne, revendant avec une commission des dinars totalement dévalués en exploitant la mauvaise conscience des Américains.
Une très peu glorieuse opération, qui commence heureusement à être dénoncée, et dont l'issue fait penser (toutes proportions gardées) à celle des fameux emprunts russes, avant la guerre de 1914-18.
Il ne s'agit certes pas ici d'un emprunt lancé par un Etat, mais d'achat de devises proposées par des acteurs privés. Mais le raisonnement est en partie le même: investir sur un pays fragile qui promet de se développer, en espérant faire une plus-value....
Vous connaissez ce qu'il est arrivé aux emprunts russes.... Nos grand-mères ont parfois conservé ces liasses, sans valeur, au fond d'un tiroir... Gageons que ces liasses de dinars irakiens risquent de subir le même sort.
Commentaires
Juste pour signaler une coquille :
Mais la raisonnement est en partie le même
au lieu de "le" raisonnement.
Merci!
A force de lire du globish sur le net, j'en perds mon français...
Coquille corrigée.
Bonjour, et merci pour cette note intéressante, même si cette nouvelle est affligeante.
Je ne suis pas sûr que les acteurs privés qui ont créé ce business aient vraiment voulu exploiter la mauvaise conscience des américains. Je suis certainement dur, et mes propos mériteraient d'être équilibrés quelque peu, mais il me semble que ce business cherche avant tout à exploiter la cupidité de certains américains sans scrupules...
D'ailleurs, peut-on vraiment dire que les américains ont, dans leur ensemble, mauvaise conscience? Je n'en suis pas sûr. Ils pensent certes aujourd'hui que de partir en guerre était une erreur monumentale, mais ce qui les intéresse n'est pas tant l'état dans lequel se trouve l'Irak, mais le fait que des milliers de leurs soldats sont encore au Moyen Orient, risquant leur vie pour une cause qui ne les intéressent plus. S'ils ont mauvaise conscience, c'est donc éventuellement envers leurs soldats, mais envers les Irakiens, certainement pas...
Beaucoup se sont enrichis en partant en guerre (un certain vice-président), d'autres essaient maintenant de s'enrichir en en sortant. C'est bien l'argent et toujours l'argent qui motive les décisions géopolitiques, heu, pardon, patriotiques... Du reste, les français n'ont rien à envier aux américains dans dans ce domaine.