A noter un numéro spécial de la Revue Réformée (n°253, janvier 2010), particulièrement intéressant pour les historiens du protestantisme français dans la mesure où il est entièrement consacré au pasteur Pierre Courthial (1914-2009), une figure de proue du mouvement réformé de tendance "évangélique" et confessante.
On y trouvera notamment une très utile "chronique biographique" (p.8 à 26), mais aussi des réflexions et témoignages qui permettent de mieux cerner l'impact de cette figure originale du paysage protestant français.
Consacré pasteur le 27 janvier 1941, il obtient un premier poste en Ardèche, puis à Baden Baden.
En 1951, retour dans l'hexagone avec un poste de pasteur dans la paroisse parisienne de l'Annonciation (16e arrondissement), où il demeure jusqu'en 1974.
Il se consacre ensuite à la mise en place et au développement de la Faculté Libre de Théologie Réformée (FLTR) d'Aix-en-Provence, tout en enseignant et publiant plusieurs ouvrages et articles. Le plus marquant est Le jour des petits recommencements (L'âge d'homme, 1997), où il développe son approche réformée reconstructionniste (favorable à une approche "théonomiste" qui plaide notamment pour la mise en place de lois dites 'chrétiennes').
Le pasteur Pierre Courthial cristallisait une identité minoritaire, mais repérable, de la riche tradition réformée française, marquée par une revendication d'orthodoxie néocalviniste, une revalorisation de l'Ancien Testament, un souci oecuménique précoce, un philosémitisme théologique (1), et une sensibilité politique conservatrice et anti-révolutionnaire.
(1) Il a participé aux fameuses thèses de Pomeyrol (septembre 1941), premier texte chrétien à avoir dénoncé, en France, les lois antijuives, trois mois avant que Les Cahiers du Témoignage Chrétien ne fassent de même en novembre 1941).
Commentaires
Je ne savais pas qu'il en restait des comme ça ! orthodoxes, pronant des "lois chrétiennes"...
Oui, c'est étonnant...
Il s'agit du courant qu'on appelle "reconstructionniste". Voir aussi la "Dominion Theology".
Ce courant rassemble, en Europe et aux Etats-Unis, certains presbytériens (réformés). La pensée d'Abraham Kuyper est une des références de ces milieux.
Il existe aussi une "Association des Royalistes Réformés" ( ou "des Réformés Royalistes" je ne sais plus ) , dont l'emblème est une croix huguenote surmontée d'une couronne ... eux aussi prônent le même genre de société ... en tapant ce nom dans un moteur de recherche, vous les trouverez facilement si cela vous intéresse .. l'auteur de ce site est un ancien professeur de la Faculté de Théologie Réformée Libre d'Aix en Provence, mais je ne sais plus son nom ...
d'où une certaine inquiétude de ma part : cette faculté enseigne-t-elle ce "reconstructionnisme" dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas "laïque" du tout ...
j'ai fait la recherche nécessaire, l'adresse du site internet de l'Association des Réformés Royalistes est : http://arr.free.fr , je ne sais pas si ça fonctionne comme "lien" ou s'il faut recopier l'adresse.., et l'ancien professeur de la Faculté de Théologie Réformée d'Aix en Provence qui en est le fondateur s'appelle Jean-Marc Daumas de Cornilhac, je ne sais pas si vous le connaissez, au moins de nom ; sur la page d'accueil on précise qu'il a été professeur pendant 28 ans ..
Ce monsieur était un po'v réac.
Le Royaume de Norvège est un royaume chrétien, et cela est inscrit dans leur Constitution. Cela n'empêche pas que ce Royaume soit le Numéro Un mondial de l'Indice de Développement Humain (rapport IDH, PNUD, 2013).
La France républicaine, démocratique, laique, maçonique, qui ne survit que grâce aux richesses qu'ils pillent et pompent illicitement en Afrique, en appauvrissant les africains, se trouve loin derrière.
Merci à Prince Barwell pour ces précisions intéressantes qui résonnent comme une mise au point, appel indirect à la remise en question et dénonciation par voie de conséquence de la tendance (lourde, hélas, notoire hors de nos frontières, et pas qu'un peu) franco-française à toujours tout critiquer gratuitement, simplement pour le plaisir d'écouter l'écho de ses propres sottises...
Lesquelles consistent presque toujours et encore en : réflexions faciles, plates et parfois vulgaires, dénuées de tout fondement et de toute argumentation sérieuse, amalgames en tous genres, raccourcis galvaudés, généralités douteuses et étiquetages tous azimuts. Sans compter les digressions et les extrapolations de tout poil. J'en passe et des meilleures.
La France est devenu un pays gangréné par la division, qui s'ébat et se débat dans de multiples débats s'enlisant dans des ornières boueuses... Un pays qui claironne partout notamment (cocorico) qu'il est le pays des droits de l'homme et qui n'a pas le courage de regarder ses propres contradictions en face (état des prisons, corruption persistante, administrations souvent aveugles, injustices et fractures sociales flagrantes et récurrentes, etc). Et que dire de certains rapports récents qui se promènent sur des sites internet officiels gouvernementaux (ah les beaux donneurs de leçons), en matière de laïcité, si vous voyez à quoi je fais allusion ? Oui, en l’occurrence, la Norvège ne nous a pas attendus... C'est l'histoire de la paille et de la poutre...
Et je suis parfois affligé à la lecture de certains commentaires, vu le niveau de qualité générale de ce blog. Heureusement qu'ils sont peu nombreux et contrebalancés par d'autres nettement plus intéressants et constructifs.
Pour revenir au sujet, Pierre Courthial fut à mon sens un serviteur remarquable, un enseignant émérite (son développement de la notion d'élenchtique en apologétique, par exemple, dans son court texte "Apologie et évangélisation, apologétique et missiologie") et un des initiateurs (1974) d'une des meilleures facultés de théologie protestante évangélique du monde francophone, la Faculté Jean Calvin d'Aix-en-Provence (nom actuel depuis 2010, pour information), qui a compté en son sein des enseignants (apologétique, justement) de la qualité de Pierre Berthoud (ancien doyen), par exemple.
Pierre Courthial, un honnête homme, au sens "XVIIème siècle" (noble) du terme.
Et pour reprendre le texte d'une chanson française connue, je concluerai en disant : "Papa, quand je serai grand, je sais ce que je veux faire, je veux être minoritaire".