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Médiapart et l'indépendance

Unknown.jpegJ’ai reçu cette semaine par courriel une publicité de Médiapart, m’invitant à souscrire à un abonnement en ligne.

Surprise: Edwy Plenel, son directeur de la publication,  affirme: les «abonnements sont notre seule ressource».

 

Or, à l’inverse du site Arrêt sur images de Daniel Schneidermann, qui a refusé avec courage et cohérence toute demande de subvention auprès de l’Etat, Mediapart a demandé, et obtenu fin 2009, une subvention de 200.000 Euros.

 

En clair, Médipart met à contribution, au moins pour le moment, le contribuable, même si le désir de Plenel est évidemment de se passer d’aide publique….. quand Médiapart sera bénéficiaire.

 

Comment affirmer honnêtement, dans ces conditions, que les abonnements sont dès maintenant la «seule ressource» de Médiapart?

Médiapart.jpg

 

Ceci invite à s’interroger. La publicité reçue est-elle un spam?

Possible, mais peu probable.

Médiapart a-t-il changé d'avis et renoncé officiellement à la subvention? Possible aussi, mais dans ce cas, l'info n'a pas été diffusée.

 

Ou a-t-on affaire à une véritable publicité mensongère?

Dans cette hypothèse, force est de constater qu’un tel double discours, mélange de lâcheté et d’opportunisme démago, en dirait long sur l’éthique des responsables d’un média qui se pose, par ailleurs, en donneur de leçon.

 

(lire ci-dessous les précisions d'Edwy Plenel en rubrique "Commentaires", qui invite à une 4e hypothèse: la maladresse d'expression)

Commentaires

  • Cher Sébastien Fath,

    Ce n'est évidemment pas un spam et certainement pas une publicité mensongère. Comme d'autres "pure players" et membres, fondateurs ou non, du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil), Mediapart a déposé des dossiers modestes de demandes de subvention pour financer des développements techniques. Mais, pour l'heure, contrairement à ce que vous indiquez, Mediapart n'a pas touché un seul centime. En accord avec notre syndicat professionnel, nous avons conditionné notre position finale à une transparence totale sur les aides distribuées qui, comme vous le devinez sans doute, vont en priorité et massivement aux grandes entreprises de presse, y compris celles que financent les ventes d'armes ou les contrats publics.

    Sachant le rôle inestimable que joue la nouvelle presse en ligne dans la revitalisation de notre vie démocratique, il me semble donc quelque peu injuste de nous faire un procès d'intention sur ce terrain. Un rapport récent vient de rappeler que sur les 10 milliards de chiffre d'affaires de la presse en France, 10% est aujourd'hui compensé par les aides de l'Etat, soit 1 milliard, dont 60% en subventions directes. Il ne faudrait donc pas que cet arbre, que vous avez cru discerner dans notre proposition d'abonnement, cache la forêt d'un secteur dont les acteurs privés (et non journalistes, comme c'est en revanche le cas des fondateurs de Mediapart ou de Rue89) font payer leurs déficits aux contribuables.

    Oui, Mediapart, son avenir et sa survie, ne dépend que des abonnements de ses lecteurs qui sont notre recette essentielle pour assurer les salaires d'une équipe d'une trentaine de salariés dont une majorité de journalistes.

    Merci de m'avoir lu, en espérant avoir en partie répondu à vos légitimes interrogations,

    Edwy Plenel
    Directeur de Mediapart

  • Cher Edwy Plenel,

    Merci de ces précisions utiles. Je vais rajouter un renvoi à la fin de ma note pour que les internautes ne ratent pas votre commentaire, qui clarifie certains points.

    Je n'ignore que la presse française dans son ensemble (en-dehors quelques notables exceptions comme MARIANNE) touche des subventions souvent beaucoup plus importantes que la vôtre. C'est d'ailleurs un énorme problème, comme vous en êtes conscient, d'où votre souci (qui vous honore!) d'indépendance.

    Mais ce souci passerait mieux (et éviterait le soupçon, voire le risque du "procès d'intention" que vous évoquez) s'il était couplé avec un refus de principe des subventions.

    En l'absence de ce refus de principe (en tout cas pour le moment), la formulation de l'annonce que j'ai reçue de la part de Médiapart est pour le moins très ambigue, car elle laisse le lecteur croire qu'il n'y a pas de subvention dans l'affaire, ce qui est inexact (que l'argent soit versé ou pas à ce stade est secondaire). Il y a là, pour le moins, une maladresse d'expression.

    Pour que la phrase en question n'induise pas en erreur, il faudrait qu'elle soit reformulée ainsi: remplacer "Les abonnements sont notre seule ressource" par "Les abonnements sont notre seule recette propre" (je m'inspire de votre formulation).

    Dans l'attente d'un horizon d'indépendance financière totale qui donnera au "grain de sel critique" de Médiapart une saveur plus prononcée et plus précieuse, sans arrière-goût.

  • La formulation pose en effet problème.

    Et ceci peut amener à penser que l'ambigüité ne se cache pas que dans la pub. Car si on a "osé" dans une pub, qu'est-ce qui garantit que, dans l'un ou l'autre article, certaines "approximations" (au mieux) ne sont pas aussi tapies. Et a priori volontaires (si on poursuit le raisonnement)...

    Je ne dis pas que c'est le cas (je n'en sais rien), mais quand le doute s'instille, ça gâche, a minima, le plaisir. Quand ce n'est pas, pire, la confiance.

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