En métropole, le stéréotype exotique qui entoure parfois la France d'outre-mer empêche dans certains cas de voir les réalités, notamment celle-là: la France ultramarine constitue, de plus en plus, un creuset d'excellence sur le plan scientifique.
L'Université de la Réunion, où j'ai eu le privilège d'échanger aujourd'hui durant deux heures avec le président et d'éminents collègues, en est une illustration.
Principalement situé à Saint-Denis de la Réunion, ce très bel établissement aux locaux élégants et soignés (à faire pâlir d'envie nombre de campus lépreux de France métropolitaine) n'est certes pas comparable, par la taille, aux plus grands campus européens.
Mais à l'échelle d'une région française, mais aussi, au-delà, à l'horizon de l'Océan Indien, ce site universitaire polyvalent de 12.000 étudiants environ n'a rien d'un objet d'exotisme.
C'est un superbe outil de formation du IIIe millénaire, dont on peut avoir un aperçu général en cliquant sur le site de l'institution.
Bâtiment où est prévu la soutenance de Valérie Aubourg, le 25 mars 2011 (voir prochaine note)
Je n'aurai pas la prétention de résumer les 2H d'échanges, sous la conduite du président de l'université, Mohamed Rochdi (homme à la fois très compétent et chaleureux, de l'avis unanime). Je voudrai juste pointer très brièvement deux aspects majeurs de notre rencontre entre collègues.
Pas un Euro de compensation financière pour l'éloignement de la métropole
Le premier, soulevé avec conviction par le président Rochdi (ci-contre), est que ce joyaux universitaire de l'Océan indien intéresse trop peu Paris pour bénéficier d'une quelconque compensation financière liée à l'éloignement de la métropole.
En clair, entre une université parisienne dont les intervenants extérieurs paient le RER, le métro, et parfois la SNCF, et l'université de la Réunion dont les intervenants extérieurs coûtent 1000 euros d'avion, même traitement. Scandale!
Le président Rochdi (qui m'a donné son aval pour que j'évoque ici la question) évalue à 1,5 millions d'Euros annuels le préjudice en matière de transport des personnes, et à 3,7 millions le préjudice total. Comment la France peut-elle prétendre rayonner dans le monde si elle ne propose pas un coup de pouce, ô combien mérité, à ses pôles universitaires ultramarins, pénalisés par leur caractère insulaire et éloigné de la métropole?
Observatoire des Sociétés de l'Océan Indien
Autre point sur lequel nous reviendrons sans doute dans les années à venir, la mise en place d'un formidable projet de pôle d'excellence pour l'Océan Indien, intitulé l'Observatoire des Sociétés de l'Océan Indien (OSOI).
A l'heure où la francophonie scientifique a plus que jamais besoin d'ouvrir les fenêtres et d'oser le réseau, ce projet appelé à regrouper plusieurs laboratoires mérite notre attention, y compris dans les perspectives d'étude comparée des religions (acteurs sociaux majeurs ici) dans l'Océan Indien.
En cliquant sur le document ci-dessous, il s'agrandit et permet de découvrir d'un peu plus près ce projet (objet, dans une mouture précédente, d'une évaluation AERS en mars 2009). Déjà bien avancé, il disposera prochainement d'un site internet, en attendant l'essor de dynamiques de recherche en réseau où les thématiques interculturelles (intégrant le fait religieux) devraient notamment attirer l'attention de tous les spécialistes de la laïcité et des religions.
Commentaires
Pour Une fois kon parle comme ca de loutremer, cest bien! Mercy!
Ce campus donne envie, merci de nous le faire découvrir!