La libération cette semaine du soldat israélien Guilad Shalit (également de nationalité française), après 5 années de captivité très éprouvante, constitue un événement.
Elle a été l'occasion d'un étrange marché, le gouvernement israélien (souvent stigmatisé) acceptant de libérer des centaines de prisonniers palestiniens en échange du seul soldat Shalit, longtemps retenu en otage par le Hamas.
Le contraste des images, à cette occasion, était saisissant. D'un côté, des prisonniers palestiniens bien nourris et prolixes, conduits en bus jusqu'à Gaza, de l'autre un otage israélien très émacié, hagard, manifestement victime d'une détention très dure.
Cet échange, qui marque la volonté de conciliation du gouvernement Netanyahou, ne doit pas faire illusion. On est loin d'un réglement de la question israélo-palestinienne.
Affiche israélienne rappelant l'objectif de libération du soldat Shalit
Côté israélien, on patine. Le premier ministre israélien ne correspond certes pas au portrait d'extrémiste fanatique dessiné par une certaine bien-pensance franco-française, nourrie de siècles d'antisémitisme recyclé et d'hémiplégie géopolitique.
Son récent discours à l'ONU le 24 sptembre 2011, non dénué de vision et de force (cliquer ici pour le télécharger en traduction française), a rappelé sa dimension d'homme d'Etat.
Il reste que les autorités israéliennes actuelles, et Benjamin Netanyahou en particulier, portent une responsabilité dans le pourrissement de la situation. Leur intransigeantisme à courte vue est dangereux, à terme, y compris pour la démocratie israélienne, qui aurait tout intérêt à ce qu'un Etat palestinien viable et pacifique voit le jour.
Trop de tactique à court terme, parfois mesquine, brutale et injuste (expropriations, accaparement de l'eau), et pas assez de stratégie à long terme, plombent l'horizon. Quel sens y a-t-il à poursuivre la construction de colonies, véritable provocation et atteinte aux droits légitimes des populations palestiniennes?
Côté palestinien, ce n'est pas mieux. Entre un Mahmoud Abbas pusillanime, qui peine à asseoir sa légitimité, en dépit d'une tentative intelligente d'avancer dans la reconnaissance de l'Etat palestinien à l'ONU, et un Hamas qui poursuit sa prise en otage d'une partie de la population palestinienne, entre manipulation, pression et cynisme (cf. le sordide marchandage autour de la libération de l'otage Shalit), les perspectives sont grises.
Le peuple palestinien a beaucoup souffert. Il mérite tellement mieux que l'impasse actuelle. Quand trouvera-t-il des dirigeants plus soucieux de résoudre ses difficultés que de céder à la démagogie, la politique du pire et la corruption?
Dossier "Sionismes/Antisionismes"
Pour éclairer ces questions complexes, à noter, ce mois-ci, la sortie d'un excellent dossier consacré au sionisme et à l'antisionisme, dans la revue Cités.
Ce dossier sera relayé par un colloque organisé à Paris le 27 novembre prochain au Centre communautaire juif de Paris. Il est annoncé sur un blog de recherche rattaché au collège des Bernardins.
Le dossier "Sionismes/Antisionismes" émarge au numéro 47/48 de la revue Cités, sous la direction d'Yves Charles-Zarka. L'ambition affichée est vaste: "un panorama complet pour mettre fin à la confusion"...
Le contenu tient assez bien ses promesses, c'est un dossier riche et pondéré, comme on aimerait en lire plus souvent. Un numéro à lire et conserver!
Commentaires
Merci pour votre article. Il est pondéré et bien mené. Enfin un article qui, plutôt que de critiquer l'existence de l'Etat Juif ou d'Israël, soulève les problèmes politiques et les choix politiques des dirigeants. Il est vrai que je serais plus nuancé sur l'un ou l'autre point notamment sur l'expropriation et l'accaparement de l'eau. Merci aussi de soulever le danger que représente le groupe islamiste du Hamas.
Enfin, la revue Cités, excellente revue et dont le dernier numéro est effectivement d'une grande qualité. Merci d'avoir partagé ce numéro.
J'aimerais, si je le peux, rajouter l'une ou l'autre réflexion.
Un Etat palestinien viable et pacifique est-il possible? A regarder les dirigeants cela me semble peu probable. Mahmoud Abbas est détenteur d'une thèse de doctorat sur la négation de l'holocauste. Quand aux dirigeants du Hamas, ils sont pour la violence avant toute chose. De plus, pourquoi les dirigeants du Fatah et du Hamas refusent-ils de reconnaître que l'Etat d'Israël est avant tout un Etat juif?
Pourquoi une Etat palestinien à l'intérieur même de l'Etat d'Israël? La majorité des parents et grands-parents des palestiniens d'aujourd'hui venaient de l'Etat d'à côté, la Jordanie. Alors que la majorité des habitants du jeune état jordanien sont palestiniens, pourquoi ne pas créé un Etat Palestinien sur cet immense territoire? Quand on regarde l'Etat d'Israël, il fait un peu plus de 27 000 km2! C'est une territoire plus petit que la Belgique!
Je ne trouve pas, pour ma part, la tentative d'Abbas de reconnaître l'Etat palestinien par l'ONU comme très intelligent. C'est vouloir forcer la main sans pourparlers avec l'Etat d'Israël et de plus, ceci n'aurait aucune reconnaissance légale (l'ONU ne peut avoir force en matière de droit international). Mise à part la provocation, je ne vois rien derrière cette tentative.
Ce que l'on appelle "colonies" est une concept inutile et absurde. Il faudrait s'entendre sur la sémantique des mots. Je joins ici un très bon article sur ce sujet:
http://www.debriefing.org/28719.html
Selon moi, s'il existe une impasse dans le conflit israélo/palestinien c'est avant tout parce que le peuple musulman doit changer de vision du monde et accepter qu'un Etat juif puisse exister. A ce titre je laisse ce témoignage d'un musulman éclairé:
http://www.debriefing.org/30874.html