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Du bonheur de savoir lire, nouveau livre d'Anne Ruolt

anne ruolt, sébastien fathAvec discrétion, détermination et compétence, Anne Ruolt s'est imposée, en quelques années, comme une des auteures qui comptent sur la scène académique en matière d'histoire du protestantisme francophone, particulièrement sur les questions de catéchèse et d'école.

Après deux ouvrages remarqués, signalés dans ce blog, là voilà qui publie une synthèse de plusieurs de ses travaux, commençant par le rôle des écoles protestantes, l'essor des "écoles du dimanche".... jusqu'à un survol du mouvement contemporain des écoles évangéliques dans la France du XXIe siècle.

L'ouvrage a pour joli titre Du bonheur de savoir lire (Edifac, 2014, 160p).

Commentaires

  • bjr,
    c'est toute la problématique du "rapport au savoir", voire du "gai savoir", que soulève l'ouvrage d'Anne Ruolt. Si le "bonheur de savoir lire" est appris, cultivé, entretenu, s'il crée une appétence et une familiarité envers l'univers des signes, il génère une sorte d'extraterritorialité symbolique par rapport aux espaces réputés laïques et/ou confessionnels, qu'on voudrait, en France, nous faire repérer par le simple jeu des labels alors que l'essentiel est de voir ce qui y est offert au "sujet" en termes de sa capacité de recherche, de critique, de subversion. Pas sûr, en ce sens, que la tradition des "Ecoles du dimanche" ait toujours ces vertus (elle peut les avoir parfois), mais pas sûr non plus qu'il suffise de supprimer les références spirituelles au prétexte de laïcité pour produire ipso facto un esprit éclairé et non partisan.
    Puisse le "bonheur de savoir lire" s'étayer sur "le bonheur de lire", là, dans l'instant, dans ces instants volés aux influences éducatives de tous ordres, et dépasser un simple "permis de lire", ou, pire, une obligation de lire pour répéter, mécaniquement, de mémoire et sans y être, des versets ou des références. En somme, lire, oui, pour "protester".
    Bonne continuation à l'auteure.
    Cordt,
    gef

  • Bonjour,

    Les promoteurs des premières écoles du dimanche, dans leurs texte dès 1817 insistent sur la compréhension de ce qui est lu, et en particulier à la maîtrise de la langue française. Comprendre ce qui était lu était essentiel. "À Saint-Jean-du-Gard, les jeunes filles apprennent non seulement à lire mais aussi à comprendre ce qu’elles lisent" (Ami de la Jeunesse., 1825, p. 127). Il y avait deux classes, une pour apprendre à lire, une pour lire et comprendre, avec des questions sur le textes et un mode socratique d'enseignement pour cette partie, alors que la méthode lancasterienne, et son matériel- était utilisé pour l'apprentissage de la lecture.
    Le premier coulpet du cantique "du bonheur de savoir lire" insiste sur l'inscruction reçue et dit
    Parmi tous tes bienfaits, Seigneur,
    1. Que je ne pourrais dire,
    Je veux signaler la faveur
    D’avoir appris à lire.
    Ainsi depuis mes premiers ans,
    Vivants et morts, présents, absents,
    Toujours peuvent m’instruire
    En France, Émile Doumergue (1844-1937) , insistait sur l’importance de l’école comme une valeur protestante, allant jusqu’à affirmer que de « savoir lire et de comprendre par soi-même est typique du protestantisme en ce que, s’il n’est pas nécessaire de savoir lire pour être catholique ou libre penseur, disait-il, en revanche, savoir lire est indispensable à tout « vrai » protestant, pour lire la Bible lui-même » (DOUMERGUE, 14 novembre 1879, in ENCREVE, 2001, p. 257-258).
    Et les premières écoles du dimanche sont à l'origine de la création de la Société d'encouragement pour l'instruction primaire parmi les protestants de France.
    Bien à vous
    Anne Ruolt

  • Merci de ces précisions éclairantes. Il serait bon que certains mouvements exaltés se souviennent de la nécessité de "comprendre par soi-même"...
    gef

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