La formule biblique est presqu'entrée dans le langage courant: "Etranger et voyageur sur la terre" (1 Pierre 2: 11). Elle renvoie à une invitation évangélique qui pose un cap: gare aux racines matérielles aliénantes! Elle évoque aussi parfois, chez les Huguenots, le souvenir des persécutions et du Refuge.
Pour bien des protestants, le départ, l'arrachement ont été sans retour. Les diasporas huguenotes française en Nouvelle France (Québec) ou en Afrique du Sud ont pris souche aux antipodes, loin de la mère patrie. (...) En ce XXIe siècle multiculturel, on s'aperçoit des limites de ce modèle. L'immigration dessine de moins en moins un trajet entre un "avant", pays quitté, et un "après", pays promis.
Le géographe Alain Tarrius, spécialiste des réseaux transnationaux, a forgé un outil d'analyse qui permet de comprendre ce changement... Lire la suite ici (Regardsprotestants)
Commentaires
bjr,
Notion intéressante que celle de "territoire circulatoire", très heuristique.
Syr un tout autre versant il y aurait à étudier l'espace de voyage des pasteurs, qui sont souvent hors territoire (paroisse) en de multiples lieux de regroupement bien s$ur importants. Là, c'est aussi le "local" qui se trouve fragilisé par rapport au "global". De plus ce "fonctionnement" transforme un "métier" vocationnel défini par son accompagnement pastoral en profession de "cadre" "circulant". Si l'on ajoute à cet aspect (institutionnalisation de soi, entre soi, entre "experts") la faible communication/partage en retour, il y a lieu de se poser des questions.
Au fond, quel est l'espace d'efficience et de responsabilité d'un pasteur? Loin de moi l'idée de stigmatiser. On comprend que l'investissement lourd dans certains accompagnements de souffrance, de quête, de désarroi exacerbe légitimement le désir, par compensation, de se retrouver entre "pairs" et avec une autre "distance d'implication" aux personnes et aux enjeux. On comprend aussi que des mises au point sont nécessaires au plan international. Mais, de même que pour ces cadres profanes qui disposent toujours du moyen de privilégier telle réunion (gratifiante) au détriment de telle autre tâche (pénible, à risque), une étude d'"emploi du temps" serait utile. Lucien Sève propose un modèle intéressant de cela, à travers une typologie d'"activités", formelles ou concrètes, egocenrées ou sociales, etc. mais comme il y a très peu d'"analyses de pratiques" dans le champ pastoral, ce serait là une étude difficile à réaliser. Dommage car les pasteurs (et les prêtres) souffrent d'être sollicités selon des logiques contradictoires qui mettent à l'épreuve leur cohérence. Leur intérêt serait de "faire le ménage" entre la réunionnite et les réunions, la fuite et les voyages nécessaires, l'information et le secret corporatiste...
gef