Moins confessionnalisé que le pentecôtisme, mais axé comme lui sur l'efficacité miraculeuse du Saint-Esprit, le charismatisme est bien vivant en France, et s'inscrit dans une histoire d'au moins un demi-siècle en tant que mouvement repérable (plusieurs notices du Dictionnaire biographique des protestants français, 2015, en témoignent).
Il étend même ses cordages à l'unisson de l'essor des réseaux francophones, comme l'illustre Ascension 2015 Paris co-organisé par Paris Tout est Possible (animé par Carlos Payan, ci-contre -photo Actuchrétienne-), et l'Association des Ministères de Guérison Europe (AIMG, basée en Suisse, avec Jean-Luc Trachsel).
Ce week-end de Pentecôte est l'occasion d'un nouvel événement d'ampleur nationale à Avignon, notamment autour de l'oratrice américaine Heidi Baker, à la tête d'une oeuvre missionnaire considérable au Mozambique (lien).
A quand une nouvelle thèse sur le charismatisme dans l'hexagone? Le terrain est fertile.
Commentaires
Pourquoi faut-il que les offres spirituelles s'affichent dans des slogans aussi désastreux? Dire que "tout est possible", sans plus, c'est attirer le chaland par une mystification, une sorte de séduction magique. Pourquoi donner les verges pour se faire battre? L'Evangile est-il dans l'excès irrationnel, le spectaculaire? Pierre, sur le Mont Thabor (ou autre), pensait qu'il était possible de faire là-haut une sorte de camping spirituel à sa façon. C'est le Christ qui l'enjoint à "redescendre". Non, tout n'est pas possible tout le temps et en tout lieu.
gef
Ce type de slogan peut effectivement se prêter à cette interprétation, cher gef.
Mais il faut garder à l'esprit trois choses.
-Tout d'abord, le "possible" n'est pas la certitude. C'est simplement l'ouverture au champ du changement. Désastreux? Pas forcément.
-Ensuite, le slogan se réfère explicitement à un texte de la Bible, qui fait sens pour les chrétiens (Marc 9: 23). Le slogan se comprend donc fort bien à la lumière de ce référentiel.
-Enfin, rappelons que le slogan "tout est possible" est abondamment utilisé en société, même si la "génération 68" en a plus abusé que la suivante. Une émission de TF1 animée par Morandini s'intitulait par exemple "Tout est possible". Moustaki a aussi chanté ce slogan. Désastreux? Là encore, on peut être plus nuancé et rappeler que l'incitation ne porte pas sur une promesse magique de changement "à coup sûr" (du type, "le changement, c'est maintenant", slogan affligeant et source de déception certaine). Le slogan décline simplement "le possible".
Ce qui est possible n'est pas certain, mais peut être objet d'espérance.
Que le possible reste ...possible, et c'est une dimension indispensable, un prérequis de toute action, voire de toute pensée, qui n'existe pas sans se "fictionner" elle-même. Mais il serait plus pertinent de se centrer sur le "Tout". Si tout le possible se réalisait, la distinction même d'avec le réel disparaîtrait.
Or dans les sous-entendus de tels slogans, il y a généralement, pas toujours, une sorte de poussée vers la réalisation, le simple possible ne demandant qu'à s'illustre, se réaliser. Alors nous sommes dans le positivisme du "do it", des "utopies" réalisées (contresens dans les termes). Et le danager est grand de se prendre soi-même pour Dieu.
Si, "pour Dieu, rien n'est impossible", il serait sage de rappeler que c'est pour Lui et de son point de vue, pas du point de vue d'un croyant, qui ne connaît pas tous ces possibles comme Dieu les connaît par définition, et qui doit simplement s'en remettre à Lui.
L'espérance, pour moi, n'est pas le festival du "possible", mais la confiance en le dépassement de toutes mes représentations, capacités, visions même, désirs aussi, bref, mes "possibles", en Dieu.
Cela, d'ailleurs, ne signifie aucunement que Dieu serait une sorte de machine à transformer le possible en réel, comme le pensaient les adeptes du Deus ex machina. La polémique entre Leibniz et Descartes au sujet des "vérités éternelles", auxquelles Dieu Lui-même serait soumis, ou pas, est éloquente à ce sujet. Il me semble que tout "possible" n'est pas conforme.à la volonté de Dieu, sinon, quel sens aurait le péché?
Donc, si pas "désastreux", slogan irréfléchi, qui oublie la moitié de ses références implicites ("possible à Dieu"). C'est le problème général des slogans. gef