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Brésil: l'élection de Bolsonaro et le facteur religieux

jair-bolsonaro-presidente-2018.pngL'élection du candidat populiste d'extrême droite Jair Bolsonaro à la tête du Brésil fait les titres des journaux ce matin. Il y a de quoi. Le Brésil est un géant qui souffre. Quel avenir se profile avec un tel président, nostalgique de la dictature militaire, tout juste rescapé d'une tentative d'assassinat?

Du point de vue religieux, trois rappels sont nécessaires pour éclairer son profil. D'abord, Jair Bolsonaro est catholique. Il a été porté au pouvoir par une grande part du catholicisme populaire brésilien, qui reste majoritaire. Ensuite, Bolsonaro, en catholique born-again (baptisé en 2016), a profité d'un large soutien des protestants évangéliques, force montante au Brésil (cf. le livre de Lamia Oualalou).

Enfin, il a bénéficié de l'effondrement de crédibilité du messianisme socialiste animé par Lula (mis en prison pour corruption) et Rousseff (destituée).

Au-delà des effets de manche et des mantras, ce dernier élément constitue la raison principale du soutien d'une majorité d'évangéliques à Bolsonaro: sociologiquement, les Evangelicos brésiliens viennent très majoritairement des milieux populaires. Ceux-là même qui ont ressenti le plus durement un sentiment d'abandon vis-à-dis des socialistes du Parti Populaire, censés les défendre.

Quand la gauche de gouvernement trahit ses valeurs, l'électorat populaire se tourne vers d'autres recours.

Commentaires

  • Bonjour M. Fath,

    merci de nous partager votre ressenti sur cette élection.
    Sinon, une analyse de "The Conversation" relève "l’impossibilité du débat (qui a) affecté tout l’espace public, gagné en retour par la violence. La campagne électorale est devenue un gigantesque dialogue de sourds, comme l’illustre cet échange rapporté :
    « Comment pouvez-vous défendre un candidat qui fait l’apologie de la torture et des pires tortionnaires de l’histoire du Brésil ?
    – Le Brésil a bien été torturé par le Parti des Travailleurs pendant des années ».

    sans compter que "les agressions, symboliques, verbales, physiques, ont pris le pas sur la discussion et vont crescendo". D'autre part, comme le relève encore The Conversation, "la crise politique brésilienne, accentuée par le coup d’État parlementaire de 2016 contre Dilma Rousseff, la récession économique d’une ampleur historique" mais aussi "le désastreux gouvernement Temer (97 % d’impopularité !), l’opération « mains propres » à la brésilienne (opération « lava jato »), ont disqualifié à la fois la classe politique et la politique elle-même, nourri le dégagisme et créé les conditions du succès de Jair Bolsonaro". (https://theconversation.com/bresil-apocalypse-now-105552 )

    Cordialement,
    Pep's

  • Comme avec Trump (que la gauche a présenté comme un monstre), le peuple a choisi, non? C'est la responsabilité des brésiliens et d'une gauche toujours plus décadente et immorale. Nous verrons ce que ce monsieur fera. Et alors on jugera par ses actes. La coalition précédente a échoué sur tous les plans et est responsable de ce populisme.

  • S'il est important, et tout simplement honnête de rappeler que la gauche brésilienne a failli et trompé le peuple de manière très lourde, il me semble aussi utile de souligner le climat de haine à l'égard de minorités de tous ordres que crée et entretient ce président. Le terme d'"évangélique" s'accorde-t-il avec un tel recours à la haine et la violence ?
    D'autre part l'option hyperlibérale intègre-t-elle les énormes dénivelés sociaux et financiers du pays? Selon des amis brésiliens bien informés, c'est surtout le mensonge et l'intimidation haineuse qui ont fait le succès de Bolsonaro. En fait, on peut se demander en effet si ce n'est pas l'incurie d'une campagne et l'impossibilité d'une opinion publique à regarder par-delà la trahison de la gauche qui a tétanisé, euphorisé?, les électeurs.

  • Le vote evangelique massif pour l'extreme doite serait une sorte de "coincidence sociale". Je pense que c'est beaucoup plus profond er j'y vois une symbiose de valeurs morales entre les deux courants de pensée.

  • La trahison morale de la gauche doit tout de même être relativisée. Le discrédit de la droite brésilienne (classique) est autant voir plus grand.
    F Haddad (du PT de Lula et Roussef) a tout de même été au second tour alors que beaucoup d'autres candidats ont été laminés au 1er. Que ce soit le PSDB de l'ancien président Cardoso (5%), l'ancienne étoile montante M Silva (écolo-conservatrice, 1%), ou surtout le parti de président sortant Temer (1,2%).
    Sébastien a raison de pointer le fait que le socialisme du PT ne représente plus un espoir politique (je lui laisse la responsabilité du terme de messianisme) capable de mobiliser les foules. Surtout face au fléau nouveau qu'est l'insécurité. Ce n'est pas le seul endroit où la gauche peine à répondre sur ce terrain alors que l'électorat est séduit par les solutions simplistes de l'extrème-droite.

  • Un article intéressant : "Le Brésil, victime des clichés samba-cocotiers - Les médias français ont une vision carnavalesque du pays de Jair Bolsonaro"
    A lire ici : https://www.causeur.fr/bresil-cliches-bolsonaro-pt-medias-155891

  • Cela fait du bien de lire quelque chose d'équilibré. On voit certains qui encensent Bolzonaro. D'autres qui voient le diable en lui. Merci de nous donner quelques clefs. L'article de Causeur est très bien aussi, merci

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