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Attentats de Dahab : le dessous des cartes

Je connais bien le Sinaï. Pour avoir vécu deux ans en Egypte (entre 1993 et 1995), j’ai eu l’occasion de m’y rendre à une douzaine de reprises. A chaque fois qu’un long week-end nous en donnait la possibilité, nous y allions, mon épouse et moi-même, à partir d’un bus cairote, qui reliait la capitale égyptienne et le Monastère Sainte-Catherine (au pied du Djebel Moussa, le Mont Moïse) en 6H chrono. Mais c’est trois ans auparavant, en 1990, que je m’y suis rendu pour la première fois, lors de mon premier voyage en Egypte dans le cadre d’un séjour organisé par la FUAJ (Fédération Unie des Auberges de Jeunesse). De ces séjours, éclairés par l’observation longue de la situation égyptienne via Le Caire où j’étais enseignant dans un lycée égyptien tenu par les Jésuites, j’ai retenu plusieurs choses.

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Ci-dessus : au sommet du Sinaï, avec mon épouse et notre ami Jean-Michel Valantin (1994)

 

D’abord, qu’il s’agit d’une région sous tutelle, dont la junte du dictateur Hosni Moubarak se méfie, et que le pouvoir exploite à deux fins (matières premières et tourisme) en excluant la population locale.

Ensuite, que les touristes de la côte (Charm el Sheikh, Dahab, Taba etc) sont à 95% en déphasage total avec la population locale. Il s’agit de colonies de vacances pour adultes, tenues à l’écart des ‘indigènes’, sans respect pour le contexte social et culturel de la péninsule.

Enfin, précisons que les bédouins (dont j’ai emprunté à mainte reprise les taxis) n’ont rien de fanatiques, mais qu’ils refusent de courber l’échine devant l’arbitraire, qu’il vienne de Moubarak ou de la CIA.

Ces ingrédients contribuent, hélas, à expliquer les attentats récents de Dahab (23 avril 2006). Ils ne les justifient aucunement, mais soulignent qu’une approche purement répressive, bien dans le style de la junte égyptienne (largement soutenue par les Etats-Unis, mais aussi par la France) ne résoudra rien. C’est par le développement démocratique et économique conjugué à la fermeté de l'État de droit que les vecteurs socio-culturels de la violence terroriste seront brisés, pas par la torture, l’arbitraire ou l’asservissement. Pour aller plus loin, je vous renvoie à l’excellente analyse de Cécile Hennion, qui fait honneur au métier de journaliste.

Commentaires

  • J'aime beaucoup votre blog, et j'apprecie vos billets. Je me permets de vous mettre en lien sur le blog de Mithqal. Si cela vous déplaît, faites moi un signe et je l'enlèverais illico.

    Quand aux bédouins, je les connais aussi. Et vous avez raison, ils ne veulent pas courber l'echine.

  • Intéressant, ton article, et hors des sentiers battus, c'est le cas de le dire.
    .

  • Merci de cet article.
    Rescapé de cet attentat, j'ai entendu maintes versions voulant m'expliquer le contexte : les méchants d'Israel, des islamistes fous, et surtout les "méchants bédouins nomades à l'écart de tout", sorte de rebelles particulièrement cruels revendiquant une anarchie dans les territoires où ils seraient minoritaires.
    C'est aujourd'hui que je décide de plus m'y intéresser, et votre version est enrichissante, bien plus que les justifications "gouvernementalofficielles"(ci-dessus).

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