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Couple, religion, entre conformisme et anticonformisme

medium_images-5.7.jpgMon séjour à Salt Lake City, aux Etats-Unis, me donne l’occasion de mettre à jour mon niveau d’alerte sur les débats en cours outre-Atlantique. Il y aurait beaucoup à dire!

Par exemple, que les Etats-Unis sont en train de prendre massivement conscience, à droite comme à gauche, du Global Warming (je viens d’entendre un plaidoyer remarquable d’Arnold Schwartzeneger sur Fox News, où il a réussi à «moucher» Sean Hannity). Un débat très chaud tourne aussi en ce moment autour du licenciement, cette semaine, de Don Imus, célèbre animateur radio qui a dérapé dans l’insulte raciale. Mais je voudrais plutôt revenir sur les questions religieuses.

Voici deux histoires qui n’ont en apparence pas grand chose à voir. Elles traitent toutes deux du rôle de la religion chez l'individu et dans le couple, un thème auquel on n'échappe pas à Salt Lake City, cité remplie de familles mormones qui valorisent, encore plus que les évangéliques ou les catholiques, le couple croyant.

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Première histoire, celle de Kristin Armstrong, l’ex-épouse du champion cycliste américain Lance Armstrong. Arrivé à l’aéroport de Houston il y a cinq jours, j’ai découvert avec surprise que Kristin Armstrong avait publié en cette année 2007 un grand best-seller religieux (vanté sur toutes les télévisions, y compris sur l’Oprah Winfrey Show).

Il s’agit d’un livre de dévotion avec une pensée pieuse par jour, pour chaque jour de l’année, qui vise à apaiser les personnes qui passent par l’épreuve du divorce. Kristin Armstrong y révèle sa foi chrétienne (de type catholique, avec influence évangélique), et souligne que le christianisme est ce qui lui a permis de s’en sortir dans l’enfer du divorce.

medium_images-2.13.jpgLe counseling qu’elle a suivi ? Pour elle, la thérapie n’a servi à rien. La seule chose qui l’aurait aidé est la Bible, la prière, et le pardon chrétien. Dans ce cas, le christianisme a aidé Kristin face à un mari non-croyant (Armstrong aurait déclaré un jour que si Dieu avait existé, il lui aurait laissé ses testicules –enlevés lors de son traitement anti-cancer). Le livre de Kristin Armstrong retrace cet impact thérapeutique du christianisme, et le partage avec les lecteurs et lectrices.... et les grands médias (voir son interview sur ABC).

La religion s’est révélée ici force anti-conformiste, tremplin permettant de renverser «l’ordre des choses» (qui associe le divorce au conflit et à l’amertume) en pardonnant et en tournant la page sans rancoeur.

 

 

medium_images-1.15.jpgSeconde histoire, celle de Mary Winkler, épouse d’un pasteur protestant évangélique de la Church of Christ. Il y a un an, Mary Winkler a abattu son mari Matthew à bout portant, de dos, pendant qu’il dormait. Jusque là, la famille Winkler passait pour «la famille parfaite», et Mary était reconnue par tous comme une épouse dévouée, sans problèmes.

Que s’est-il passé ? Comme le procès s’est ouvert cette semaine à Selmer, dans le Tennessee, on peut en savoir plus. En réalité, Mary était soumise par son mari à une pression à la perfection, qui était devenue insupportable. Son mari la trouvait trop grosse: il lui enjoignait de sauter un repas. Les chemises n’étaient pas toujours impeccablement repassées: Mary n’était pas assez dévouée. Elle paraissait fatiguée: son mari la sommait de sourire, toujours sourire, et jamais se plaindre. Et j’en passe.

medium_images-3.12.jpgA force de subir une pression constante (y compris, semble-t-il, une forme d’abus physique), Mary a «pété un cable», et l’épouse parfaite à tué son mari, le pasteur Matthew Winkler (ci-contre en famille).

 

Dans ce cas, la religion ne s’est pas avérée une ressource appréciée positivement par l'individu.

Bien au contraire, le cadre religieux tel qu'il a été mis en place et interprété dans cette famille a pesé sur le couvercle de la cocotte minute, étouffant par son pouvoir de contrôle social et son obligation de conformité (modèle de l’épouse parfaite) les possibilités d’exprimer son malaise, de verbaliser les difficultés (avant qu’il ne soit trop tard).

 

Cela n’excuse certes aucunement Mary Winkler, qui a commis un crime épouvantable. Je dirai seulement que cette affaire, et la précédente aussi, rappellent l’ambivalence du religieux. Tantôt émancipatrice et anticonformiste, tantôt étouffante de conformisme, la traduction sociale du christianisme (que ce soit aux Etats-Unis ou en France) n’est pas une force à sens unique. Pour le pire ou le meilleur, elle engage la responsabilité des acteurs et des sociétés.

Commentaires

  • L'histoire de Mary Winkler traduit plus généralement la pression constante qui repose sur les épouses de pasteur, parfois prises entre l'enclume et le marteau.

    Elles vivent constamment dans l'ombre de leur époux tout en supportant pleinement les nombreux fardeaux du ministère de leur mari.

    Leur rôle dans l'Eglise est stéréotypé: elles doivent apparaître comme la femme parfaite et soumise, une sorte de modèle aux yeux des membres de l'Eglise. Elles prolongent ainsi souvent l'action de leur mari dans des domaines qui leur sont souvent réservés: les femmes, les personnes âgées, les enfants, l'aide aux personnes démunies.

    A cela peut s'ajouter la pression exercée par leur mari...

    Cela ne justifie en rien l'acte de Mary Winkler, mais ce fait divers peut révéler le symptome d'un mal plus profond et d'une question qui doit être posée: Quel rôle l'épouse de pasteur doit-elle occuper?

  • Cela fait deux fois que je viens lire ces histoires que vous avez admirablement bien écrites et mélangées...
    L'une à première vue sans très grandes connaissances biblique, trouve la grâce dont elle a besoin....
    l'autre qui a normalement une bien meillleure connaissance, vie sous le joug de la loi je dirais "la loi de la loi" et prend l'autre chemin celui de ce défendre elle-même... mais en connaissait-elle un autre ?
    Le milieu évangélique dont je fais parti est capable de donner une contrainte telle que la grâce est devenue "im-percevable".

  • Un jour que je formais des animateurs chrétiens de colo, j'ai vu arriver une jeune fille qui avait toute la peau de la paume de ses deux mains abrasée, elle se l'arrachait en dormant.
    Nous avons pu parler, échanger...
    Elle était tellement mal dans sa peau de fille de pasteur, coincée entre les exigences de son père et des autres chrétiens, qu'elle se l'arrachait littéralement...
    Le plus curieux, c'est que dans la nuit qui a suivie cet entretien, sa peau s'est complètement reformée sur les paumes de ses mains, au matin elle me souriait en me montrant ses mains
    Un fardeau avait été ôté...

  • C`est vraie que les femmes ou les enfants des pasteurs devraient etre exemplaire, mais que les gens ou certains pasteurs comprennent qu`ils ( entants ou la femmes) ne sont pas parfait comme Dieu. ET meme ses gens ou ses pasteurs ne sont pas aussi parfait..Dieu est juste et pleins d`amour, alors il ne faudrait pas que ses pasteurs se cachent deriere la bible ou la religion pour pourrir la vie de leurs famille et vouloir apres parraitre pur ou yeux des gens.je crois que ces genrs de pasteurs sont des faux et ils iront droit en enfer. UN VRAI PASTEUR EST RECONNU D`ABORD AUX YEUX DE DIEU ET SA FAMILLE. La bible nous demande L`AMOUR, et cet amour ne doit pas seulement etre manifesté envers les fideles ou les voisins mais surtout envers leurs enfants et femme si non c`est des menteurs aux yeux de DIEU.

  • J aimerais rencontrer Mary Winkler car je trouve qu' elle a souffert elle a eu beaucoup de courage c est bien qu elle est récupérer ses filles

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