On connaissait un président Bush Jr (néo)messianique, un président Bush Jr born again....
Et si la vérité était ailleurs?
C'est l'hypothèse longuement défendue hier dans le Washington Post.
Daniel Burke y développe l'idée que tout en étant lui-même protestant (de confession méthodiste), George W. Bush Jr. serait le président le plus catholique de toute l'histoire des Etats-Unis. Oui, vous avez bien lu, plus catholique que Kennedy lui-même!
Je dois avouer être moi-même un peu surpris par cette analyse, même si j'avais noté, dans mon livre publié au Seuil en 2004, l'importance des nombreuses accointances catholiques du président américain (dont le propre frère, Jeb, s'est depuis longtemps converti au catholicisme).
A l'appui de cette hypothèse, une étude du cercle des proches de Bush Jr., un rappel de ses lectures (Benoît XVI dans le texte), l'importance de théoconservateurs catholiques, et le fait que le président aurait basé nombre de ses décisions de politique intérieure sur la doctrine sociale de l'église catholique....
Les joyeux drilles qui s'amusent, depuis quelques années, à caricaturer le président Bush Jr. en pape auraient-il vu en partie juste?
En partie seulement, car parmi les différences notables entre le Vatican et les Etats-Unis, rappelons que le second pays n'est pas une théocratie dont le monarque se maintient à vie... (ouf, ai-je envie de dire)
Voici en tout cas une étude à lire et à archiver pour compléter notre compréhension des liens religion-politique aux Etats-Unis, sachant que la presse franco-française n'a pas accordé grand intérêt à ces relations religieuses-là...
NB: je viens de découvrir un regard similaire sur le site de la BBC: voici le lien: Bush, a closet catholic? (15/04/2008)
Commentaires
Dans "lemonde.fr", cet article a une approche similaire. J'ai été étonné par cette phrase, logique au fond mais à laquelle je n'avais jamais pensé, disant qu'il y a beaucoup de votants mal informés, et de la même manière de croyants mal informés.
Mais je trouve cette vision d'un "tourisme ecclésial" un peu caricaturale, non ? Qu'en pensez-vous ?
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/04/15/l-amerique-est-croyante-pas-religieuse_1034556_3222.html#ens_id=1034599
Bien que formellement méthodiste bush est bien loin de la ligne idéologique de l' UMC (qui est anti peine de mort et anti guerre en Irak), et il est loin d'être en odeur de sainteté parmi les méthodistes. Il attribue sa salvation à feu Billy Graham, un baptiste tout ce qu'il y a de plus évangélique...
Moi aussi je lis le Washington post, mais pas les mêmes articles. L'article qui a retenu mon attention - qui est non pas un article sur papier, mais un article de blog - est celui-ci :
"Who is the moral relativist ?" par Dan Froomkin :
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/blog/2008/04/17/BL2008041701895.html?hpid=opinionsbox1
Comment quelqu'un qui pratique la guerre préventive (en mettant à la poubelle les principes thomistes de la guerre juste) (et cela vaut également pour Tony Blair) et dont le régime a une position ambiguë sur la torture pourrait-il se dire catholique ? Il me semble qu'au moment où l'on célèbre les obsèques de Germaine Tillon, cela devrait nous interpeller.
Il me semble que George W Bush a compris le déficit de communication, et c'est lui qui le comblera..
Catholique n'est pas un gros mot, d'ailleurs toutes les églises "normales" ne récitent elles pas tous les dimanches "Je crois l'église une sainte, catholique et apostolique" ?
Pas chez vous ? Ah je le regrette vraiment..
Mais votre liturgie et vos confessions de foi sont les vôtres..
La nature a horreur du vide disait Aristote...
Mais il me semble important de dire que
ce vide est en train d'être comblé, les évangéliques faute de s'accorder auront donc un "Président"...
Réponse à Ludovic
Merci beaucoup pour la référence, fort intéressante.
Pour tout vous dire, je suis assez d'accord avec cette analyse, qui vise à montrer le décalage entre la posture chrétienne de Bush et une réalité qui l'est moins.
C'est un des points que j'ai d'ailleurs développé dans le livre que j'ai publié au Seuil en 2004.
"Comment Bush peut-il être rapproché du catholicisme"...? Oui certes.
Mais il faut quand même rappeler que, si l'on en croit des sondages comme ceux effectués par le Pew research institute, LES CATHOLIQUES AMERICAINS ONT SOUTENU EN MAJORITE LA GUERRE EN IRAK!
Et ont voté en majorité Bush Jr (surtout s'ils sont pratiquants) en 2004...
Par ailleurs, beaucoup de grandes figures catholiques américaines ont légitimé cette guerre irakienne comme une guerre juste (je pense notamment à Georges Weigel, qui n'est pas un poids plume sur la scène catholique américaine).
Comme quoi, entre la vision idyllique d'un catholicisme américain immunisé contre le nationalisme guerrier (ou la vision toute militaire d'un catholicisme US aligné sur le pacifisme du pape), et la réalité, il y a un sacré décalage.
De ceci, la presse française n'a quasiment pas parlé lors de la crise irakienne.
Je me souviendrai longtemps d'un dossier de "La Vie", avant la guerre en Irak, opposant les "gentils catholiques américains" (l'expression est de moi), pacifistes et anti-guerre comme-il-se-doit, aux "méchants fondamentalistes protestants" (le mot "secte" était même utilisé en sous-titre).
Un tantinet caricatural....
Ce fait, aussi étonnant soit-il, ne doit-il pas se lire en fonction des chiffres du changement religieux qui est en train de s'oppérer aux USA ? (l'article du Washington post se fini sur la pratique (40%) des catholiques américains).
Les catholiques y seront majoritaires d'ici 2020, les protestants n'étant plus que 52 % de la population si je ne m'abuse.
Autre hypothèse : Le protestantisme en général laisse ses ouailles livrées à elles-mêmes face à leur conscience au nom de l'éthique de la responsabilité (en allant très vite en besogne).
Lorsque la foi est fragile et la croyance relative, la conversion au catholicisme peut se comprendre comme un retour vers un formalisme religieux rassurant complètement absent dans les protestantismes qui ne se "voient" pas en tant que fait religieux. (je pense à Jeb Bush, mais également au premier ministre britannique, à la duchesse du Kent.....)
Une chose m'a toujours étonné : dans les nombreux films américains mettant en scène la religion, ou la possession démoniaque, seule la religion catholique résume le combat de Dieu face au diable, comme si elle incarnait à elle seule le catholicisme. Dans un pays aussi marqué par le protestantisme cela m'a toujours interpellé. (voire révolté en tant qu'individu). Le tralala catholique est tellement plus "visible" !
Il faut remonter aux années 50 pour voir des pasteurs tenir le premier rôle (les western notamment). Mais aujourd'hui, cela ne serait plus "sensationnel" pour le public.
Très sensibles aux "formes du religieux", les américains me semblent attirés par le catholicisme (très influencé outre atlantique par le protestantisme d'ailleurs) dans la mesure où la foi personnelle tombée en désuétude ne peut se suffire à elle-même : il faut dorénavant des rites religieux visibles telle que seule, l'Eglise catholique est en mesure d'en délivrer.
Qu'en pesnsez-vous en tant qu'expert de la question ?
Votre avis m'interesse beaucoup.
Cordialement
Bonjour,
Désolé si je change un peu de sujet, mais que penser de ce qui est appelé "Obamania" au sujet de Barack Obama appelé parfois "Oba-messiah" ? Certains journalistes disent qu'ils n'ont jamais rien vu de tel que le magnétisme qui émane du candidat noir à la présidence des USA... On compare certains de ses partisans à des adeptes qui ne sont pas sans rappeler les adeptes de "Moon" ou autres qui chantent des mantras qui sonnent comme des "Hare Krishna" ("Yes we can").
Merci !
réponse à Christian :
Chez "nous", nous disons effectivement je crois l'église du Christ,..."
Or chez vous, vous dites : "Je crois EN l'église.." Si ce n'est pas le cas, vous êtes bien de chez nous Christian...
Dans le cas contraire, le EN nous éloigne fortement....
A Phax et Ludovic: Je crois qu'il ne faut surtout pas confondre catholicisme et foi évangélique. Le chrétien évangélique ne base pas du tout sa foi - et encore moins son esprit critique - sur la personne d'un président ou qui que ce soit, fut-il évangélique lui-même. Et non, le protestantisme ne livre pas le chrétien à lui-même mais invite tous les croyants à s'appuyer sur la personne et l'oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ. Pour ce qui est de marcher selon une règle de vie chrétienne et éthique, le protestant/évangélique s'appuie sur l'autorité de la Parole de Dieu et l'assistance du Saint-Esprit. En parlant des Ecritures, il est écrit: "Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu." Aucun pontife, aucun président ou magistère romain quel qu'il soit ne peut guider le chrétien comme le fait l'Esprit-Saint. S'il y en a de plus en plus parmi les protestants qui choisissent le libéralisme ambiant, c'est leur affaire, mais les principes de la Réforme restent les mêmes: "Solo Christus - Sola Fide - Sola Gratia - Sola Scriptura - Soli Deo Gloria". Au-delà de tout synode, magistère, président ou pontife, le protestant reste profondément attaché à ces principes divins immuables et imperméables.. D'autre part, ce n'est pas parce que le catholicisme offre une image monolitique et compacte que ses ouailles sont toutes d'un même esprit et d'un même sentiment. Vous seriez surpris de constater qu'il y règne souvent des convictions très opposées l'une de l'autre, pourtant tous se réclament du catholicisme..
Réponse à Phax par rapport à son message précédent, à savoir "Lorsque la foi est fragile et la croyance relative, la conversion au catholicisme peut se comprendre comme un retour vers un formalisme religieux rassurant complètement absent dans les protestantismes"... Cher Phax, le meilleur moyen de se rendre compte qui entre catholiques et protestants a une foi fragile et relative, c'est d'aller voir sur le terrain, parler, échanger avec les gens. Et j'ai souvent fait une étonnante constatation par rapport à la caricature que vous faites de la soi-disante "foi rassurante catholique monolitique". J'en cotoie des gens. Je vis en Belgique, et la plupart des personnes à qui je pose des questions disent appartenir à la foi catholique, qui plus qui moins, mais bon, ce sont eux qui se réclament de la foi catho. Comment se fait-il que parmi toutes ces personnes, j'obtienne des réponses carrément opposées l'une de l'autre? Certains disent que Jésus est Dieu, d'autres en doutent, certains n'ont aucune certitude quant à l'existence du paradis et de l'enfer, certains doutent de la résurrection de Jésus.. Quant à son retour.. n'en parlons pas, la plupart ne sont même pas au courant. Pourtant quasi tous se réclament plus ou moins de la foi catholique. Maintenant, faites l'essai de vous rendre auprès des églises évangéliques et posez les mêmes questions fondamentales à chaque évangélique qui sort du temple à la fin du culte.. Vous constaterez par vous-mêmes que quasi tous répondront avec plus ou moins la même assurance et tous affirmeront que Jésus est Dieu, qu'il est bien réssuscité et qu'il revient bientôt.. Etonnant non? Le tout sans formalisme religieux, sans magistère, sans pape, etc... Laquelle de ces deux "fois" vous semble la plus fragile et relative? Je parle ici des évangéliques, dont je fais moi aussi partie. Je ne peux pas en dire autant des églises protestantes traditionnelles, hélas. Mais tout le monde sait aujourd'hui que les évangéliques constituent le plus grand nombre de chrétiens pratiquants parmi l'Eglise Protestante. Et donc...
Pour Phax: "Une chose m'a toujours étonné : dans les nombreux films américains mettant en scène la religion, ou la possession démoniaque, seule la religion catholique résume le combat de Dieu face au diable, comme si elle incarnait à elle seule le catholicisme." Je dois moi aussi dire qu'un film m'a récemment beaucoup interpellé à ce propos, je ne sais pas si vous avez vu "L'Avocat du diable" avec De Niro et Keanu Reeves. J'y ai vu une réalité très réaliste à mon sens: au tout début du film, le jeune avocat va chercher sa maman qui se trouve dans une église évangélique. Le culte n'est pas encore terminé et on y voit très bien l'assemblée en train de chanter et louer Dieu. Le jeune Keanu n'ose pas entrer, il reste comme bloqué, comme si quelque chose en lui l'empêchait d'entrer dans la présence de Dieu. Plus loin, dans le film, lorsque le jeune avocat connaît le succès et se laisse tenter par De Niro, il se passe une scène très étrange, notamment lors d'une cérémonie funèbre dans une église catholique. On y voit le diable arriver et faire son entrée, accompagné de ses suppôts (les jeunes femmes et autres protagonistes chargés de tenter le jeune avocat). Ce qui m'a interpellé, c'est que le diable et les démons se sont sentis très à l'aise dans l'église catho. Ils étaient partout. Un détail: De Niro, sans doute par ironie, trempe lui aussi son doigt dans ce que vous appelez l'eau bénite.. J'ai eu comme l'impression que l'église catho était pour lui un lieu qui ne l'effrayait pas du tout, au contraire. On aurait cru qu'il se sentait comme chez lui.. A la fin du film, on apprend que le diable est le 'père biologique' du jeune avocat, et j'ai repensé au tout début du film.. pourquoi Keanu n'a pas osé entrer dans l'église évangélique? En tant qu'évangélique moi-même, j'y ai vu l'évidence de quelqu'un sur qui reposait une malédiction. D'un côté une église où la présence de Dieu était tangible et où il aurait pu trouver la délivrance, et d'un autre côté une église morte spirituellement où même le diable et ses démons osent entrer.. Qu'en pensez-vous?
je ne suis pas trés convaincu par l'analyse.Bush est d'abord considéré comme un leader politiico-religieux par les protestants évangéliques les plus conservateurs (meme si dans les primaires républicaines auquelles il a pu participer), il avait face à lui, comme souvent, un leader de la droite chrétienne.
Les catholiques votent moins pour lui que cette bracnhe là, l'église catholique a souvent mis en garde comme son bellicisme et certaines mesures anti-sociales de son gouvernement.
Ceci dit il n'est pas surprenant qu'il y ai convergences entre Bush et le Pape:les deux veulent remettre de la religion dans la politique, les deux pensent qu'il ne faut pas que l'occident baisse les bras face à l'islamisme, les deux sont socialement trés conservateurs.
Bonjour Monsieur Fath,
Serait-il possible de nous donner votre commentaire/regard sur deux évenements récents :
- la polémique autour du livre de Jean Baubérot sur la laïcité (voir les articles de Réforme de cette semaine)
- l'autoristation récente du mariage homosexuel donné par le maire de San Francisco et la façon dont les évangéliques américains entendent y répondre.
Merci d'avance !
Intéressante analyse de P de Plunkett ici : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2008/06/15/gwb-au-vatican-derriere-le-protocole.html#more
Comme quoi, c'est souvent bien après les faits que l'on s'aperçoit combien la presse européenne "idéologisée" contre les chrétiens évangéliques manipule/cache/fourvoie à sa guise l'information dont elle dispose pourtant, au grand dam de tous les protestants missionnaires ou pasteurs qui travaillent pour le bien de l'humanité dans des pays où ils sont de plus en plus perçus comme un danger à éliminer!
Des chrétiens qui non seulement ne feraient de mal pas même à une mouche et qui en plus s'activent pour aider les populations. Tout ce tapage médiatique (rappelez-vous le Nouvel Observateur) autour de Bush et de la guerre en Irak n'a laissé qu'un spectre dans l'esprit de beaucoup: "les évangéliques sont fous et partent en croisade".. :-
C'est tout simplement honteux. Mais si l'on s'en tient à l'Ecriture et surtout au paroles de Jésus, il a été très clair là-dessus et n'a jamais dit que nous devons forcément plaire: "Ils m'ont haï avant vous"... Lui en qui pourtant ne se trouvait aucune faute! Alors imaginons-nous, nous qui sommes imparfaits..!