Comme des millions de Colombiens et de Français, je viens d’apprendre ce soir qu’Ingrid Betancourt vient d’être libérée.
C’est Noël le 2 juillet!
C’est la meilleure nouvelle de l’année.
(à ce stade de l'année plutôt... Cette note a été écrite avant la victoire de Barack Obama, ndlr)
Cette libération est pour nous tous une joie immense.
Pourquoi ?
Pas seulement parce qu’une libération d’otage est toujours un petit miracle.
Pas seulement parce qu’un comité de soutien pléthorique a remué ciel et terre, inlassablement.
Pas seulement parce qu’Ingrid Bétancourt est une personnalité politique et sociale de premier plan, dont l’absence était cruellement ressentie sur la scène publique colombienne.
Résistance à l'oppression
C’est aussi une joie sans nom car Ingrid Betancourt incarne mieux que quiconque aujourd'hui la résistance à l’oppression.
- Une résistance politique qui l’a fait choisir l’engagement dans la Cité, pour agir plutôt que de céder au fatalisme.
- Une résistance psychologique et morale qui l’a maintenue loin, très loin du «syndrôme de Stockholm» qui conduit si souvent les otages, lors de leur détention, à embrasser la cause de leurs geôliers.
Jusqu’au bout, elle a refusé de cautionner la logique des FARC et de leur épouvantable «goulag itinérant» si bien dénoncé par Philippe Val dans un mémorable éditorial de Charlie Hebdo (cliquer pour le lire) (1)
- Une résistance spirituelle enfin, celle qui a inspiré sa fameuse lettre de 12 pages du 24 octobre 2007, où elle brandit au cœur de la souffrance une espérance d’outre-tombe, confortée par des qualités humaines hors du commun et une foi chrétienne qu’elle exprime avec ses mots, nourris de la Bible, rangée dans son sac à dos, Bible qu’elle décrit comme son "unique luxe".
Pour toutes ces raisons, et sans doute bien d’autres encore, c’est une immense joie qui nous saisit ce soir.
Il sera bien temps, plus tard, d’analyser plus avant, de décortiquer, commenter, sous-peser….
Laissons cela pour l’heure.
Et réjouissons-nous de cette victoire de la liberté (et de la vie) sur toutes les tyrannies!
Une autre prisonnière, victime de l’oppression, avait inscrit il y a bien longtemps sur le pavé de la Tour de Constance ce mot simple: Résister.
Par-delà les siècles et les étiquettes, Ingrid Betancourt est aujourd’hui une digne héritière de Marie Durand et de tou(te)s ces "résistant(e)s", femmes et hommes, qu’on embastille pour briser leur conscience au nom de prétentions tyranniques.
(1) : si Charlie Hebdo considère que je transgresse ses droits en proposant lecture de cette page datée du 5 décembre 2007 je la retirerai dès qu’il en fera la demande.
Commentaires
INGRID BETANCOURT : UN SUCCES MEDIATICO-COMMERCIAL
En soi le fait est anecdotique et ne concerne réellement que la personne elle-même et son entourage. Le reste est pur matraquage médiatique de la population. Cette histoire n'aurait jamais dû concerner les millions de lobotomisés télévisuels mais exclusivement les gens qui étaient dans la partie : famille, amis, proches politiques.
Il ne s'agit pas des funérailles de Hugo ici, juste d'une épopée médiatico-pseudo-politique, voire simplement mondaine. Un roman-feuilletons créé par de vaniteux journalistes.
Les médias ont pris on otage des millions de personnes qu'ils ont captivées artificiellement avec leurs méthodes habituelles de manipulations des esprits. Après le grand matraquage des masses, ce sera l'adoucisseur larmoyant qui incitera à faire écouler un pavé relatant les six ans de captivité de Bétancourt, pavé publié en centaines de milliers, voire en millions d'exemplaires.
Bref, un excellent coup d'édition que les petits machiavels de la presse devaient préparer depuis longtemps. Sa libération devait être attendue, commercialement parlant, depuis des années. Plus sa captivité était longue, plus l'affaire prenait de la valeur. Le vin a bien vieillit depuis six ans, il n'en sera que meilleur en "produit-culturel" star des supermarchés.
Raphaël Zacharie de Izarra
raphael.de-izarra@wanadoo.fr
Réponse à Raphaël
Vous avez le mérite du courage, car peu seront ceux qui, comme vous, critiqueront au quart de tour cet événement et sa réception.
Vous n'avez pas tort quant aux récupérations diverses qui se grefferont sur cette libération.
Mais vous vous trompez en tirant prétexte de ces récupérations (inévitables) pour ternir l'impact d'une libération dont la signification dépasse largement le seul cercle de la famille Betancourt.
Même si Ingrid Betancourt n'avait pas été célèbre avant sa libération, celle-ci aurait eu du sens pour tout le monde, car comme on dit, "tuer un être-humain, c'est tuer l'humanité toute entière, et libérer un être-humain de la geôle de ses tortionnaires, c'est aussi libérer l'humanité toute entière".
Mais Ingrid Betancourt était par ailleurs une vraie personnalité politique, et pour finir, j'ajoute qu'elle a témoigné, en tant qu'otage, d'une résistance tout à fait exceptionnelle.
Ce ne sont pas les médias ou les éditeurs qui ont créé le phénomène Bétancourt. C'est Ingrid Bétancourt elle-même, et sa libération est un immense événément non pas "à cause" des manipulations et récupérations médiatiques, mais "malgré" cela.
Allez, laissez-vous aller, et réjouissez-vous!
Elle n'a tout de même pas été enlevée par Libé, le Figaro ou je ne sais quel éditeur, que je sache ! Bien sûr qu'il y aura de la récupération commerciale de cette histoire, mais je ne pense pas qu'Ingrid Betancourt ait souhaité vivre ces plus de 6 années dans ces conditions.
Donc, effectivement, on peut se réjouir pour elle et les 14 autres (et je concède que je n'y croyais plus et craignais qu'elle ne recouvre jamais la liberté), et ne pas oublier ceux qui restent. C'est à mes yeux le plus gros risque. La France et les medias ne doivent pas oublier qu'il en reste quantité d'autres. Alors, basiquement, si commerce il y a et que ça peut servir aussi à maintenir la pression et ne pas oublier qu'il y a encore des otages, c'est un (moindre) mal pour un bien, non ?
Et pour finir, quand je vois tout ce que peuvent gagner des gens qui vont se perdre (pas trop) pendant très peu de temps dans la jungle pour une émission de télé-réalité, je me dis que si son épopée héroïque lui permet de gagner de l'argent, en l'occurrence c'est amplement plus mérité. Et je lui fais qui plus est confiance pour en faire un très bon usage.
Mr Fath,
il me semble que faire d'Ingrid Bétancourt une "digne héritière de Marie Durand", c'est un peu tiré par les cheveux. Votre enthousiasme vous égare...
Cordialement,
F.M.
Monsieur Fath,
Délirez-vous ou regardez-vous trop la télé pour succomber dans l'hystérie collective ? Un blog citoyen n'est-il pas un lieu d'analyse en profondeur des évébements ?
Je suis un peu choqué de vos propos vis-à-vis de ce mélodrame télévisuel.
Il faut rappeler que
- Ingrid Bétancourt est issue de la haute bourgeoisie et qu'à Neuilly-sur-Seine, lieu où elle à un de ces appartements, elle cotoyait alègrement le gratin politique à une époque où N. Sarkozy était le maître des lieux, ce qui explique en partie l'acharnement de la France pour la libérer et l'inféodation des médias à sa cause sans aucun autre commentaire.
- Son engagement politique fut celui d'un bourgeoise désoeuvrée qui prit l'écologie comme faire valoir politique, accréditée dans les élections présidentielles où elle se présentait d'un modeste 2% d'intention de vote.
- Afin de remonter dans les sondages, elle a prit des risques inconsidérés et en a fait prendre à ses proches en refusant d'écouter les conseils par un manque de sagesse et certainement une bonne dose d'orgueil et de mépris.
- Une chrétienne convaincue : savez-vous que la personne qui l'a sauvé d'une mort certaine, le personnage qui l'a nourrit à la cuillère était un PENTECOTISTE ?
- Le parallèle avec Marie Durand est tout simplement indigne d'une réflexion historique. Cela s'appelle la distorsion de l'histoire, manière de faire l'historiographie des régimes totalitaires.
- Il s'agit d'une hystérie collective que je peux résumer comme cela :
"Telle Jeanne d'Arc venue bouter les FARC, elle s'en retourne telle Sainte Marie en France son beau pays"
La France n'en a pas fini avec l'esprit absolutiste que l'on retrouve même dans les pensées et les événements les plus insolites.
En dernier mot sachez que je suis heureux pour elle d'avoir recouvrer la liberté, mais je pense aux autres, également qui n'ont pas la chance d'appartenir à la haute bourgeoisie et qui se voient abandonné, ainsi qu'aux 55 000 chrétiens annuels persécutés jusqu'à la mort, parfois qui n'interesse personne, pas même les spécialistes des sciences religieuses.
M. Fath,
Ce que vous omettez de préciser c'est qu'Ingrid Bétancourt a prié Dieu pendant sa détention, mais aussi "la Vierge", et qu'elle a remercié de même Dieu et la Vierge lorsqu'elle a été libérée. Bien sûr que sa détention est une excellente nouvelle, et in est clair que cette femme a vécu quelque chose de spirituellement très fort. Mais de là à en faire "l'héritière de Marie Durand", je trouve que vous allez trop vite. Marie Durand ne se confiait qu'en Dieu seul. Il est clair que pendant sa détention Ingrid a compris beaucoup de choses sur Dieu et sur Jésus, mais manifestement pas encore l'essentiel. Nous verrons si dans l'avenir elle ira plus loin dans ce sens.