La naissance de Vénus de Botticelli? L'histoire de Madagascar? Les relations islamo-chrétiennes? Les racines de l'esclavage?
Sur tous ces sujets, l'Histoire et la Géographie apportent des éclaircissements précieux.
Ces disciplines nous aident à éviter la démagogie, la manipulation, le prêt-à-penser malhonnête, artifices utilisés par les opportunistes de tous bords (y compris dans le domaine religieux, dans le domaine protestant, dans le domaine évangélique).
C'est pourquoi je m'associe pleinement à la protestation publiée par le professeur Jacques Sapir dans Marianne 2.
Face aux rumeurs insistantes qui prêtent à l'UMP, et à Luc Chatel en particulier (ci-contre), le désir de supprimer l'Histoire-Géographie des terminales S, il m'apparaît indispensable de rappeler, avec tant d'autres, que la compréhension des héritages et des logiques spatiales qui expliquent notre monde n'est pas une option.
Je préfère, pour ma part, éviter la logique du procès d'intention. J'ose donc espérer, à l'inverse de Jacques Sapir, que la "disparition des humanités" n'est pas une "obsession de l'UMP".
J'espère d'autant plus que l'UMP et le gouvernement Fillon confirmeront qu'il n'est aucunement dans leur projet de réduire la place laissée aux sciences humaines, et particulièrement à l'Histoire et la Géographie, dans la panoplie du bon citoyen du XXIe siècle.
Situer l'actualité dans le temps et dans l'espace constitue en effet une absolue nécessité pour former de vrais citoyens, qui évitent de "prendre des vessies pour des lanternes" et de gober les "prêts-à-penser" des prescripteurs d'opinion charismatiques du moment, en se donnant de vrais repères pour décrypter l'actualité....
Des repères qu'il appartient aux Historiens et aux Géographes (entre autres) de fournir aux élèves et aux décideurs de demain.
Commentaires
Juste une illustration : si les Allemands n'avaient pas fait, à tous les niveaux et tous les âges, un travail sur leur histoire, leur passé après la seconde guerre mondiale, on ne serait pas dans la même Europe aujourd'hui.
Par contre, l'histoire des arts remplace la musique. Mais les enseignants ne sont pas équipés ni formés.
Cherchez l'erreur !
Petite anecdote: il y a deux ans de cela, mon cours d'anglais à une classe de terminale technologique (STI) portait sur des personnalités du monde anglophone. Une fois arrivé sur "FDR" sur le manuel, un élève m'interrompt et demande "que veut dire "FDR"? Il s'est vite avéré qu'il se faisait le porte-parole de toute la classe. "Franklin Delanoe Roosevelt", "New Deal" ne leur disaient absolument rien. Naïf, je leur demande de voir tout ça avec leur professeur d'histoire-géographie. Je passais vraiment pour un être débarqué d'une autre planète. Et pour cause, l'histoire et la géographie ne sont pas enseignées en terminale STI!
Paradoxe, le programme des langues vivantes (LVE) en terminale (toute séries confondues) s'articule autour du "rapport au monde" et se décline en quatre sous-parties: identités, interdépendances, conflits et contacts des cultures. Très ambitieux. Mais comment enseigner ces notions dans une langue étrangère à des élèves que n'ont aucun bagage historique dans leur langue de départ et sans un enseignant compétent dans la spécialité pour répondre à leurs questions? Bien sûr qu'en professeur de LVE peut et doit aborder l'histoire des pays dont il enseigne la langue. Mais, cela ne fait pas de lui un historien. Il ne fait que survoler un aspect de cette histoire. Par ailleurs, les inspecteurs le martèlent, tous les supports utilisés en LVE ne doivent être que prétextes pour enseigner la langue.
Donc, si suppression il devait y avoir de l'histoire-géographie en terminale S, cela ne serait que la généralisation de quelque chose qui existe déjà dans l'éducation nationale. J'ose espérer, comme vous, cher S.F, que ce ne sera pas le cas. Supprimer, réduire le nombre d'heures en histoire ou en français, c'est à mon sens réduire les possibilités des élèves d'accéder aux sens des LVE.
Voilà une bien dure réalité, pour 2 matières essentielles dans un monde multipolaire ! Incompréhensible, à l'heure où le débat sur l'identité nationale impose son tempo...