Le 24 septembre 2009, Célia Belin soutenait une brillante thèse sur le sionisme chrétien, dont il a déjà été question dans ce blog.
Essai transformé avec, désormais, la version publiée, aux éditions Fayard (2011).
En un mot, c'est LE livre sur la question des liens entre droite évangélique américaine et sionisme.
Une synthèse à la fois remarquablement bien informée, d'une écriture soignée, très pédagogique, et portée de bout en bout par la seule exigence de comprendre, à l'abri des caricatures approximatives qu'on retrouve si souvent sur ces questions.
Rappelons que les différents cercles sionistes évangéliques américains (des sympathisants aux militants hard-line) mobiliseraient au total des dizaines de millions de chrétiens. Un poids supérieur à la démographie juive aux Etats-Unis.
On comprend dès lors à quel point il importe de disposer des clefs d'entrée fiables pour comprendre posément ce phénomène, qui représente une variable géopolitique majeure du monde actuel.
On dispose désormais de l'outil idéal : Jésus est juif en Amérique (Fayard, 2011), un "must", à lire de toute urgence!
Commentaires
@ Sebastien Fath
Les Catholiques ont le Vatican ; les Musulmans, la Mecque ; les Mormons, Salt Lake City ; les Sikhs, le Temple d'or d'Amritsar ; les Juifs, Jérusalem (le mur des lamentations, vestige du temple de Salomon), etc.
Mais les Évangéliques ?
Disposent-il d'une capitale mondiale ? Ou bien serait-ce précisément cette absence qui expliquerait le sionisme évangélique (aux États-Unis, du moins) ?
« Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer la tête. » (Mt 8, 20 ; Lc 9, 58)
Autrement dit, le sionisme évangélique s'expliquerait-il par le besoin de "combler une lacune", cad de se doter d'un centre mondial ? Centre qui serait l'occurrence le même que les Juifs : Jérusalem, et au-delà, l'état juif d'Israël.
En quel cas, ce choix d'Israël correspondrait-il au souci protestant de coller au plus près des "saintes écritures" ? Et donc, de se rapprocher (sinon de s'identifier) le plus possible des Juifs, héritiers des hébreux de la Bible ?
Inversement, si l'on n'observe pas (à ma connaissance) un sionisme catholique équivalent (= la volonté de s'ancrer à Jérusalem, qui est pourtant dans l'absolu le centre de toutes les chrétientés, en + d'être déjà celui du Judaïsme), serait-ce justement parce qu'ils ont déjà le Vatican ? Et la "Tradition de l'Eglise" (≠ sola scriptura des protestants) qui ferait barrage à une identification directe à la Bible, cad au peuple hébreu de la Bible ?
C'est une question que je souhaitais vous poser depuis longtemps.
Sinon, en fait de capitale mondiale, j'ai entendu dire que "le Vatican / la Mecque des évangéliques" était Colorado Springs, dans l'état éponyme des USA. Est-ce vrai ?
Cf.
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=%22mecque+des+%C3%A9vang%C3%A9liques%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=%22vatican+des+%C3%A9vang%C3%A9liques%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=
En vous remerciant de vos lanternes.
Réponse à Christophe
Votre hypothèse explicative est intéressante. Je pense que c'est sans doute un des éléments du puzzle, d'autres étant constitués par l'eschatologie (dispensationnalisme), l'histoire spécifique du protestantisme, l'herméneutique biblique etc.
Concernant la "capitale mondiale" de l'évangélisme, je dirais qu'aux Etats-Unis, Colorado Springs tient effectivement la corde depuis dix ans environ. Avec aussi sur le podium Wheaton (avec le Wheaton College, le Harvard des évangéliques) et Dallas, Texas. Mais n'oublions pas que le protestantisme évangélique est une réalité mondialisée où les grandes capitales africaines et sud-américaines jouent un rôle croissant; Lagos au Nigéria, ou à un moindre degré Kinshasa, au Congo RDC, et Nairobi, au Kenya, montent en puissance.
@ Sebastien Fath
Merci beaucoup pour votre réponse.
Sinon, en parlant du "dispensationnalisme", je suppose que vous faites référence à ce lien sur Dailymotion, d'une de vos précédentes interventions (le 19 novembre 2004 sur France Inter) :
http://www.dailymotion.com/video/x9nz9w_sebastien-fath-le-sionisme-chretien_news
Cher Monsieur Fath,
Votre compte-rendu de l'ouvrage de Célia Belin : "Jésus est juif en Amérique", donne très envie de le lire, mais à lui seul le titre nous renvoie à la question de savoir si Jésus est juif aussi en France. Pourquoi serait-ce un sujet tabou ? L'eschatologie "dispensationnaliste", (que vous mentionnez à juste titre comme ingrédient indispensable du sinonisme chrétien), a été au cours du 20ième siècle adoptée par une majorité d'églises évangéliques françaises, tant pentecôtistes que non-pentecôtistes. Aujourd'hui où la volonté des diverses tendances de la mouvance évangélique est de se rapprocher, afin de présenter aux media et aux autorités un visage uni, ne faut-il pas qu'elles s'accordent sur le problème récurrent, précisément très médiatique et très politique d'Israël ?
Le CNEF, qui se veut représentatif des évangéliques, ne pourra pas toujours se cantonner à joindre sa voix à la condamnation d'actes de barbarie universellement réprouvés par la conscience humaine, mais il lui faudra certainement s'engager un jour sur des sujets plus coûteux, comme l'opportunité d'un soutien inconditionnel à Israël par exemple. Risque alors de resurgir un vieux clivage entre protestants et évangéliques, et de manière générale, l'impossibilité de séparer ce que l'on croit théologiquement, d'avec les prises de position dans ce monde.
L'axiome central du dispensationnalisme consistant en une distinction radicale entre Israël et l'Eglise, ne serait-ce pas le moment de faire un point sur l'historique et l'avenir de ce système du 19ième siècle chez les évangéliques français ?
Gédéon.
Il y a une autre question que je me pose sur le sionisme chrétien.
Comment expliquer « l'exception sioniste évangélique », dans un univers chrétien où l'antisémitisme fut historiquement la règle ? => cf. mythes du "peuple déicide", de l'Eglise comme "verus Israël" vs. "la Synagogue de Satan".
Je rappelle qu'en ce qui concerne les Catholiques romains, la "réhabilitation officielle" du peuple Juif et l'abandon de toute cette mythologie antisémite chrétienne est récente, remontant au concile Vatican II au début des années 60.
Donc, comment expliquer le passage de l'antisémitisme traditionnel (inhérent au christianisme pendant longtemps, toutes confessions confondues) au philosémitisme évangélique ?
Passage qui constitue en fait un véritable renversement des valeurs quant à l'histoire du christianisme (et qui excède donc la simple réconciliation entre Chrétiens et Juifs et la normalisation de leur rapports, comme dans le cas de Vatican II).
Tout se passe comme si après avoir jusque-là cherché durant des siècles à aligner les Juifs sur eux, sur l'Eglise (et à défaut d'y parvenir, les persécuter), les Chrétiens cherchaient désormais AU CONTRAIRE à s'aligner EUX-MÊMES sur les Juifs.
Aussi, p. ex., quel est le rapport des évangéliques au mythe des Juifs comme "peuple déicide" ?
Si les évangéliques sont philosémites, est-ce parce qu'ils ignorent le mythe du "peuple déicide" ? Ou bien en ont-ils une autre version, une version "corrigée" du mythe où les Juifs connaîtraient une rédemption, devenant de "méchants" de l'histoire des "gentils" ?
Notez que si dans mon premier billet, je posais la question du rapport des évangéliques au territoire israélien (=> l'espace), ici je me pose la question du rapport des évangéliques au peuple juif lui-même (=> l'humain).
Merci pour cette information concernant ce livre, que je vais acheter
pour Gédéon : pourquoi le CNEF devrait-il verser dans le "soutien INCONDITIONNEL" à Israël ??? Je pense qu'on peut aimer les juifs sans approuver forcément tout ce que fait Israël en tant qu'état ...
Une telle prise de position ne raviverait pas seulement ce que vous appelez le clivage entre "protestants et évangéliques" ( d'ailleurs, je croyais que les évangéliques étaient aussi des protestants non ? ) mais créerait des divisions entre évangéliques ....
L'amour de certains évangéliques sionistes, qui soutiennent effectivement de façon inconditionnelle l'état d'Israël, devient dans certains cas presqu'une forme d'idolâtrie ...
Jésus nous demande d'être ses témoins, nous devons donc être des témoins de Jésus dans ce monde, pas des témoins d'Israël ...
bon à tout hasard je précise que je ne fais pas partie du Hamas lol
@Françoise,
Mais je n'ai pas écrit qu'il devrait le faire. J'ai simplement voulu faire remarquer qu'en prenant position dans un sens ou dans l'autre, le CNEF révélera le manque d'unité réelle des protestants évangéliques sur ce sujet délicat.
L'intention de ma remarque n'était pas de s'arrêter pas à un constat négatif, mais, rappelant l'évidence qu'autant en politique évangélique qu'en politique politicienne il est illusoire et injuste de vouloir réunir des voix sans s'accorder auparavant sur les points essentiels, il serait opportun que les instances évangéliques fassent un mea culpa à propos des élucubrations dispensationnalistes qui ont longtemps caractérisé la culture de leurs églises. Les protestants n'en ont pas besoin, puisque généralement ils se sont tenus à distance de cette doctrine darbyste : là encore l'étiquette "protestants évangéliques" demandera réflexions et efforts de part et d'autre pour correspondre au réel.
Les américains, pour leur compte, peuvent se permettre d'être dispensationnalistes ou non sans complexes, puisque l'idée de créer un organisme qui représenterait la majorité des évangéliques auprès du gouvernement leur paraîtrait absurde. Mais en France chacun est plus ou moins "Jacobin", il est donc logique et étymologique que les évangéliques s'engagent comme un seul homme sur Israël.
Gédéon.
Merci pour vos précisions Gédéon .. mais je ne sais pas si c'est le rôle du CNEF de prendre des positions politiques justement ....y compris sur Israël ...
Pour les dégâts du dispensationnalisme, je suis tout à fait d'accord avec vous ; cette doctrine à l'origine minoritaire ( enseigneé par Darby ) a fini par pénétrer, de façon plus ou moins forte, beaucoup de milieus évangéliques ...
Je ne sais pas si c'est toujours le cas, mais à un moment donné elle a été popularisée par ce qu'on appelait, lorsque j'étais étudiante ( il y a déjà pas mal de temps lol ) la "Bible Scofield" : en français la traduction était celle de la Segond ( je ne sais plus quelle version ) et sous le texte il y avait beaucoup de notes de ce M. Scofield, parfois les notes prenaient autant de place que le texte biblique lui-même .. bon, si on prend une Bible sans notes ( ou très peu, des notes signalant des variantes de manuscrits, des indications linguistiques, culturelles, destinées à nous faire comprendre le minimum requis .. ) et qu'on lit aussi un ou des commentaire(s) biblique(s), on peut aussi être influcencés par les opinions de ces théologiens ; mais dans la Bible Scofield, les notes étant dans la Bible elle-même, tous les commentaires sont orientés pour correspondre à la théologie dispensationnaliste de Scofield, et comme les commentaires sont sur les mêmes pages que le texte biblique, le risque est grand de prendre aussi la parole de Scofield pour .. parole d'Evangile.. ma remarque serait d'ailleurs la même pour n'importe quelle bible d'études avec les notes d'un seul théologien ... ou avec celles publiées avec les commentaires du magistère catholique ...Il faut bien faire la distinction entre la Bible elle-même et les différents commentaires qu'on peut utiliser pour nous aider à réfléchir ...
@Francoise-bis,
J'ai moi-même, il y a bon nombre d'années, été endoctriné avec la "Bible Scofield", qui sait si nous ne nous sommes pas croisés, le landerneau évangélique n'est pas si grand...
Le reproche principal que je ferais à cet ouvrage qui a profondément influencé les églises aux US, et par contre-coup en France, n'est pas d'avoir inclus des notes avec le texte biblique : c'est le principe de toute Bible d'étude, et il y en a d'excellentes. Mais c'est d'avoir fait silence sur l'origine et l'historique des positions doctrinales adoptées ; elles y sont présentées comme se dégageant naturellement du texte biblique, tandis qu'en réalité elles proviennent de la propagande du mouvement plymouthiste du 19°.
Aux US le dispensationalisme est actuellement en déclin, voire moribond pour certains. Ce qui l'a tué c'est paradoxalement la création de l'état d'Israël en 1948, sans qu'au cours des décennies qui ont suivies ne se réalise l'enlèvement de l'Eglise. En effet, d'après ce système, la "dispensation" de l'Eglise devait se terminer avec la réapparition d'Israël comme nation. Il n'en fut rien, et pour sauver les meubles, le dispensationalisme a tenté de se modifier un peu : les dispensations pouvaient désormais se recouvrir, l'Eglise et Israël coexister pendant un temps indéfini, c'est ce qu'on appelle aujourd'hui le "dispensationalisme progressif".
Cette demi-mesure n'a pas empêché que beaucoup de chrétiens commencent à s'apercevoir du vice rédhibitoire du système, qui se révèle dans l'historique de l'apparition des idées de Darby. C'est pourquoi aujourd'hui il existe aux US quantités d'ouvrages et de sites web très bien documentés sur la question. La personnalité du vénéré "Docteur" Scofield n'a pas échappé non plus à l'investigation ; et où l'on apprit que ce titre de Docteur était complètement "phony", inventé de toute pièce par lui-même.
http://poweredbychrist.homestead.com/files/cyrus/scofield.htm
http://www.amazon.com/Incredible-Scofield-His-Book/dp/1879998440
Il est vrai qu'aux US n'importe qui peut se procurer un honoray doctorate of divinity : il suffit qu'un collège biblique (dont vous êtes éventuellement le directeur ou membre du comité) vous le décerne !
http://www.ministers-best-friend.com/FREE-Ordination-and-Honorary-Degrees-Masters-and-Doctorate-by-Newtonstein.html
Ne rions pas trop fort tout de même puisqu'en France on a vu une astrologue recevoir un authentique doctorat en Sorbonne...
Pour revenir à la question des Evangéliques en France vis-à-vis d'Israël, je crois que l'actualité forcera inévitablement un jour ses représentants à prendre position, qu'ils le souhaitent ou non. C'est pourquoi en plus du comité théologique qui existe déjà, ce ne serait pas une mauvaise idée d'avoir un comité historique. Ne pas vouloir faire face aux erreurs du passé peut coûter beaucoup.
Gédéon.
@ Sébastien Fath
Je me permet d'insister, car c'est vraiment un point qui m'intrigue : par quel "tour de passe-passe" idéologique est-on passé de l'antisémitisme chrétien d'autrefois au sionisme chrétien ? Cad du mythe du "peuple déicide" au "mythe de Sion" (si on peut appeler ça comme ça) ?
Comment expliquer ce retour en grâce des Juifs dans la pensée chrétienne-évangélique ?
Comment et quand a-t-on renversé le mythe "peuple déicide" en mythe du "peuple ré-élu" ?
Compte tenue de l'histoire du christianisme, non seulement le philosémitisme sioniste évangélique apparaît comme un curieux hasard de l'évolution de la religion chrétienne, mais je serais presque tenté de croire qu'il s'agit ni plus ni moins de l'envers de l'antisémitisme traditionnel - que l'on aurait retourné comme un gant en philosémitisme/sionisme (un "antisémitisme à rebours", en quelque sorte).
En vous remerciant d'avance de vos éclaircissements.
C'est possible que nous nous soyions croisés, Gédéon ..quant à moi, je ne peux pas dire que j'ai été vraiment endoctrinée par la Bible Scofield, car je n'ai jamais adopté les positions dispensationalistes pour autant ; cela s'explique par le fait qu'en fait, l'église que je fréquentais régulièrement, mon église locale, n'utilisait pas la bible Scofield , mais tout en fréquentant cette église j'allais aussi relativement souvent dans une autre,parce que j'y connaissais des gens, et eux utilisaient cette Bible .. le plus curieux, c'est que je n'ai jamais entendu d'enseignement dispensationnaliste du haut de la chaire .. mais dans les discussions entre les gens cela apparaissaient .. et cela n'était pas du au hasard puisque pratiquement tous utilisaient la bible Scofield ...
En ce qui concerne Scofield lui-même, je ne savais même pas qu'il était censé être docteur .. mais c'est vrai que chez nous on a fait fort en donnant le titre de docteur à une astrologue .. je crois d'ailleurs qu'elle a un doctorat en sociologie ; on peut effectivement , en tant que sociologue, étudier le phénomène de l'astrologie ; mais d'après les commentaires de l'époque sa thèse est un plaidoyer pour l'astrologie, pas une étude sociologique sur ce phénomène .. alors , comme vous le dites, ne rigolons pas des autres ...
Merci pour vos précisions sur l'état actuel du dispensationalisme ... je n'étais pas au courant car en fait je n'ai pas vraiment suivi le devenir de cette tendance ..
Bonsoir
@ Christophe,(même si la question ne m'est pas adressée!)
Je ne suis pas une spécialiste de la question, loin de là, il me semble toutefois que voir dans la chrétienté at large une masse uniforme d'antisémitisme primaire est largement abusif.Même dans l'univers catholique, on constate, par exemple, un certain philosémitisme de la part d'un homme comme Franco (vous savez, le dictateur espagnol)...N'importe quelle biographie du bonhomme vous donnera des précisions sur ce point (exemple: son refus d'abandonner le Maroc de crainte de voir les populations juives maltraitées ).Je vous précise que peu de biographies parues en français sont favorables au bonhomme (au cas où vous penseriez à une légende dorée).
Quant au monde protestant, il est depuis le départ ambivalent sur ce point (Luther lui-même était ambivalent à ce sujet).Il me semble (mais vraiment je peux me tromper, je voulais juste ne pas laisser votre interrogation sans réponse), que la tradition philosémite date de bien avant la fondation de l'état d'Israel dans le monde protestant (du moins en France).J'espère vraiment ne pas vous dire d'âneries, je pense que si mes allégations sont fausses quelqu'un de plus instruit corrigera!
cordialement
@ mathilde
Hé bien, merci beaucoup de votre sollicitude, mathilde, pour n'avoir pas "voulu laisser mon interrogation sans réponse".
D'abord, je tiens à dire que je ne réduis pas le christianisme à l'antisémitisme, loin de là. Simplement, le fait est que l'antisémitisme constitua pendant longtemps une "tare" du christianisme (avec des fluctuations selon les époques et les lieux), pour les raisons que l'on sait : sous prétexte que les Juifs n'auraient pas reconnu le messie en Jésus, contrairement à ces "néo-Juifs" que constituaient alors les Chrétiens.
"Tare" que le christianisme a heureusement réussi à dépasser depuis.
Ensuite, effectivement, je me doutais que philosémitisme et protestantisme étaient liés de longue date, bien avant la création de l'état moderne d'Israël.
Ainsi, dans mon premier commentaire, lorsque je posais la question du choix évangélique de Jérusalem/Israël comme centre mondial en ces termes:
> "Ce choix d'Israël correspondrait-il au souci protestant de coller au plus près des "saintes écritures" ? Et donc, de se rapprocher (sinon de s'identifier) le plus possible des Juifs, héritiers des hébreux de la Bible ?"
…j'avais en fait en mémoire ce précédent topic de juin 2007 sur "Juifs et Protestants", dont j'ai retrouvé l'adresse, d'où ma question "sionisme évangélique = quête d'un(e) Vatican / Mecque évangélique ?" :
http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/06/26/juifs-et-protestants-texte-a-telecharger.html
Que cela puisse remonter jusqu'à la Réforme elle-même avec Luther n'est donc guère étonnant. D'autant que marquant historiquement sur le plan culturel & religieux le passage du Moyen-Âge à la Modernité, la Réforme a en quelque sorte "subverti" l'ancienne façon d'être chrétien représentée par l'Eglise médiévale. Donc, a priori, rien de suprenant que ce soit à ce moment-là que les Chrétiens aient commencé à changer d'attitude sur les Juifs.
Cependant, j'imagine que ce philosémitisme est le produit d'une longue évolution. Et vous-mêmes dites que Luther a été ambivalent sur le sujet, ce qui montre qu'il y a eu un affermissement de Luther à Pat Robertson. C'est donc plutôt dans cet intervalle de temps (assez large au demeurant !) que je pensais trouver un ou plusieurs "tournant(s) majeur(s)".
Par exemple, si le philosémitisme protestant ne date de la fondation de l'Etat d'Israël (1948), son application politique, le sionisme chrétien remonte-t-il à cette date ? Ou bien l'on en trouve trace dès le début du XX° siècle, avec les premiers congrès sionistes de Bâles ?
Autre chose, le sionisme n'a pas toujours parlé de créer l'état d'Israël en Palestine, sur les racines des anciens Hébreux ("Eretz Israël"). Il fut un temps question de recréer Israël… en Ouganda !!
Si cette idée avait tenu sa route, on peut se demander si les évangéliques américains auraient rejoint la cause sioniste (et allés attendre le retour de Jésus en Ouganda !). Ou bien s'ils auraient développés leur propre "sionisme" en direction de la Palestine.
Ce qui revient à s'interroger sur la démarche sioniste des évangéliques. S'agit-il de suivre et de soutenir les "amis" Juifs dans leur combat pour un état (quelque soit sa localisation) ? Ou bien s'agit-il de retourner sur la "terre sainte" coûte que coûte (comme lieu de la Parousie), quand bien mêmes les Juifs eux-mêmes n'y seraient pas retournés ? A moins que le lieu de la Parousie ne soit n'importe quel pays, pourvu que ce soit là que les Juifs choisissent d'y fonder leur Etat ?
Quoiqu'il en soit, merci encore d'avoir bien voulu me répondre.
@ mathilde
J'oubliais : cordialement de même. ;-)
http://www.israelcommission.fr/page1.htm Une voix résonne du désert, et les Juifs l'entendent partout. Elle ne les appelle pas à devenir chrétiens, mais à demeurer Juifs et à réaliser, comme Juifs, les idéaux placés devant eux par le Messie dans la Loi et dans les prophètes.Question : Quelle a été l’erreur monumentale et tragique de la chrétienté vis à vis des Juifs ? Réponse : L’erreur est indiscutablement d’avoir voulu convertir les Juifs au christianisme, à un christianisme perverti depuis des siècles. En premier lieu, quelques points importants doivent être rappelés.a) Quelle que soit leur appartenance, nous respectons toutes les personnes ; nous ne discutons que principes, doctrines et éthique, sauf si l’erreur et celui qui la présente se confondent.b) Le terme Chrétienté s’applique à toutes les dénominations se réclamant du christianisme. Il en existe 12 principales ayant chacune une vérité biblique comme fondement. Ceci nous donne l’occasion de rappeler que ce que l’on appelle le Nouveau Testament, renferme comme trame solide plus de 700 citations ou passages complets du Tanach, appelé erronément Ancien Testament. c) De ces 12 dénominations, 10 sont appelées « protestantes ». Il ne faut donc pas confondre la Chrétienté avec le système qui au sixième siècle, a réussi à s’autoproclamer Chef de la chrétienté : le Système papal, la Papauté. C’est ce système qui porte presque exclusivement la responsabilité des persécutions des Juifs et d’autres opposants refusant de plier le genou devant lui et d’accepter des doctrines fausses et blasphématoires.Avec honte les vrais chrétiens doivent admettre que les crimes les plus atroces furent commis au nom de Jésus mais contre Sa loi pendant les « Ages des Ténèbres ». Pire que cela ! L'horrible déformation de tout ce que le nom de Jésus représente continue toujours.Que les Juifs prennent garde au sourire du souverain pontife, se rappelant qu'il cache des siècles d'une persécution qu'il n'a avouée timidement que récemment et de laquelle il ne s'est pas réellement repenti, comme le prouvent certains événements récents. Qu'ils gardent à l'esprit que ces mains qui maintenant se lèvent pour bénir (?) se levaient à une époque pour frapper et que si elles se trouvent actuellement dans cette position, c'est qu'elles y sont forcées par les circonstances et non par l'amour ou la compréhension ! Même chez les Chrétiens, qui professent le Millénarisme Messianique et qui soutiennent que le Rétablissement d'Israël fait partie du plan de Dieu, des erreurs se glissent pour ruiner le travail accompli par ailleurs. La conviction erronée que les Juifs doivent être convertis au Christianisme avant la venue du Messie stimule des missionnaires fanatiques et mal avisés à harceler les communautés et les individus Juifs en de fiévreuses tentatives pour obtenir des convertis. La vérité sur ce sujet est que la nation juive ne sera jamais amenée dans le giron de la Chrétienté, car cela ne fait pas partie du plan de Dieu. Au contraire, nous croyons qu'à mesure que les organisations de la Chrétienté s'effondreront et couleront au cours du grand Temps de Détresse qui nous entoure, (Soph. 1 : 14-17 ; 3 : 8 ; Dan. 12 : 1 ; Jér. 25 : 33), la nation juive, sur la Terre d'Israël, survivra dans une prospérité relative. Une dernière vague de troubles roulera, cependant, en direction de cette nation, lorsque les restes des nations des Gentils chercheront sa destruction. Ces armées en maraude seront néanmoins détruites lorsque Dieu délivrera miraculeusement Israël (Ezéch. 38 : 18-39 ; 29 ; Jér. 30 : 7-11). Le peuple reconnaîtra alors son véritable libérateur comme étant le Messie longtemps attendu, et, en L'acceptant, se tournera de tout cœur vers Dieu (Jér. 24 : 5-7) et regagnera sa position dans le Plan de Dieu pour la bénédiction de toutes les nations.