Non, ce n'est pas un gag: une centaine de prêtres se sont livrés à une bataille rangée dans la basilique de la nativité à Bethléem, opposant principalement des "belligérants" grecs orthodoxes et des apostoliques arméniens. "Toute infraction aux frontières fixées dans l'édifice peut déclencher une bagarre", précise la dépêche Reuters.
Au terme de l'année 2011, cet incident appelle plusieurs réflexions.
1. D'abord, que l'ancienne habitude de territorisaliser le religieux, qu'on a parfois tendance aujourd'hui à folkloriser et patrimonialiser (ah, le bon vieux temps), a historiquement nourri plus d'un casus belli. Rappelons que presque chaque année, les "lieux saints" chrétiens (catholiques et orthodoxes notamment) sont l'objet d'affrontements entre prêtres, comme le rappelle aussi cette dépêche AFP du 27 décembre 2007 (7 blessés, à l'époque), à télécharger ici.
2. Ensuite, que la violence ne vient pas seulement des "sectes" (sic), "terroristes qui prennent la foi en otage" (re-sic) et "fausses religions" (re-re-sic), comme une vulgate "religieusement correcte" voudrait nous le faire croire. Tout comme le fait politique et le fait culturel, le fait religieux contient, en lui-même, des ferments de violence, qu'il appartient aux systèmes de croyance et aux habitus sociaux de canaliser, transcender, subvertir.... ou pas.
3. Enfin, que l'utopie du Royaume de paix développée par le christianisme, selon ses textes fondateurs, n'est pas forcément plus à portée de la main en "Terre Sainte" (sic) qu'ailleurs.
Comment "le loup et l'agneau" cohabiteront-ils si des dizaines de prêtres chrétiens d'un même Dieu (en principe) sont capables de s'insulter et de se bastonner... dans une église?
Mais puisqu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer, terminons cette année 2011 par un dessin du génial Guido, dessinateur agnostique dont je recommande aussi vivement le blog.
Commentaires
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Et quand bien même…
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SF: "l'utopie du Royaume de paix développée par le christianisme, selon ses textes fondateurs" (sic)
"Le Christ n'a jamais dit : 'Aimez-vous les uns les autres'. C'est une coquille. Il a dit 'Armez-vous les uns les autres'. Il a d'ailleurs été compris." (Henri Jeanson, La Flèche)
http://cagle.com/working/100403/bagley.jpg
Légendes:
- L'affiche: "C'est VOUS que je veux, dans une milice armée jusqu'aux dents"
- La femme avec une bible : "Je ne me souviens pas avoir vu ça là-dedans"
- Le milicien: "C'est juste après quand il dit : 'C'est chacun pour soi' ".
Cf. Mt 10:34-36 " N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa famille. "
…famille religieuse en l'occurrence.
Bof, qu'est-ce qu'une "petite rixe entre cousins" grecs orthodoxes et apostoliques arméniens ?
On lave juste son linge sale en famille…
A l'heure du bilan de fin d'année et des bonnes résolutions pour la nouvelle, le fait "qu'on s'explique", c'est de circonstance. ;-)
Que n'a-t-on fait de négatif au nom du Christ depuis les origines du Christianisme ? Il faut juste se souvenir que jamais Jésus n'y a mandaté qui que ce soit. Le mieux est encore de prendre exemple sur lui. Sa seule "violence" a été de renverser les tables des trafiquants qui transformaient le temple en "caverne de voleurs". Mais il n'a jamais blessé et encore moins tué personnes.
Dans le cas de ce billet, ces religieux attirent une fois de plus (car le problème n'est pas nouveau, vous le précisez au point 1) la honte, non seulement sur eux, mais sur le Christianisme en général.
Quant à "Un Philistin qui passe", un minimum d'honnêteté intellectuelle consisterait à ne pas brandir des versets hors de leur contexte. "Un texte sorti de son contexte est un prétexte". A méditer !