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Focus sur Juba (3): la capitale économique d'une "nation en devenir"

juba,soudan du sudJuba, jeune capitale du Soudan du Sud, déborde d'enfants, comme ci-contre, ces deux poulbots photographiés hier par votre serviteur. La ville témoigne d'une configuration démographique originale: des citadins majoritairement migrants, en transit...

Ce profil se greffe sur un contexte de nation-building où le nouvel Etat indépendant du Soudan du Sud, libre depuis le 9 juillet 2011, accueille ONGs, personnel diplomatique, agences de l'ONU.

La présence de ces organisations internationales, qui encourage le développement d'un secteur privé encore embryonnaire, attire une jeunesse peu éduquée (à cause de la guerre), en recherche de formation et d'emploi, qu'ils soient chrétiens, musulmans ou animistes.

Beaucoup prient pour trouver un travail peu qualifié, mais rémunérateur, comme chauffeur ou réceptionniste. D'autres s'investissent dans les taxis-mobylettes (boda-bodas) et créent de petites entreprises.

Les Eglises chrétiennes présentes, avec leurs infrastructures éducatives et caritatives (centre médical, orphelinat, guest house), proposent aussi des opportunités d'emploi, y compris dans la traduction. L'ouverture récente de nouvelles routes (non asphaltées) favorise par ailleurs l'intensification d'échanges commerciaux avec les pays voisins.

 

Hôtels prohibitifs

Enfin, la présence de l'administration d'Etat nourrit également une activité locale où entrent en collision des logiques vivrières et une économie d'expatriés, déconnectée de la réalité de la vie quotidienne de la population. Exemple: une chambre d'hôtel (milieu de gamme) peut coûter entre 150 et 300 dollars la nuit... Haram (péché), comme disent nos amis musulmans? Choquant en tout cas si l'on compare avec le niveau de vie de la majeure partie de la population qui vit avec moins d'un dollar par jour.

A l'inverse de nombreuses villes africaines, on ne trouve pas encore à Juba un gamme de petits hotels abordables pour un visiteur étranger: ou on loge chez l'habitant, dans des conditions sanitaires et de sécurité plus que précaires, sans eau courante etc... (le paludisme local est de type 3 -le plus fort-, la fièvre jaune, la fièvre dengue sévissent...).

Ou c'est l'hôtel, à des prix absolument prohibitifs et carrément scandaleux au regard du niveau de vie de la population. Il existe cependant une alternative, et une seule: les guest-houses proposées par certaines Eglises, dont l'Eglise catholique et l'Eglise Episcopale du Soudan. Cette dernière, au côté de la cathédrale All Saints, offre en plein centre ville, non loin du quartier pénitentiaire, des chambres tout à fait décentes, avec moustiquaire, et à des prix corrects (supérieurs cependant à ceux d'une auberge de jeunesse franco-française).

juba,soudan du sud

Entrée de la Guest House de l'ECS, Juba, 25/10/2012 (photo SF)

Cocktail redoutable

D'une manière générale, en-dehors des expatriés (ONG, embassades, ONU), du gouvernement et ses alliés proches (qui vivent presque tous à l'hôtel et circulent en 4X4 avec gardes du corps), et d'une partie de l'armée, la population est marquée par une très grande pauvreté. Un cocktail redoutable combinant guerre civile, sous-développement, corruption et absence d'investissements aboutit à une économie locale de subsistance où l'insécurité, encore endémique, complique les efforts de redressement économique.

Le contexte global est celui d'une économie où plus de 90% des revenus de l'Etat dépendent du pétrole. Or, avec la reprise du conflit avec le Soudan du Nord (régime islamiste de Khartoum), le robinet d'exportation du pétrole s'est tari. Bien qu'un récent accord de pacification (qui n'a pas tout réglé) ait été signé, les revenus pétroliers manquent toujours à l'appel, avec des effets paralysants sur l'économie balbutiante du Soudan du Sud, pays quasi sans banque, sans réseau d'électricité fiable ni système cohérent d'adduction d'eau, et doté en tout et pour tout de 50km de route aslphaltée...

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