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Conduit par le pape françois, vers un renouveau catholique latino ?

960029_10152858375410455_564824387_n.jpgPour la toute première fois depuis l'explosion protestante et évangélique en Amérique latine (qui remonte aux années 1950), un pape catholique paraît en mesure de faire contrepoids. Ni Pie XII (trop tradi), ni Jean XXIII (trop européen), ni Paul VI (trop haute Eglise), ni Jean-Paul Ier (trop éphémère) ou même Jean-Paul II (charismatique mais trop marial et finalement peu visionnaire) n'ont su vraiment quoi faire face au lent basculement de dizaines de millions de latinos vers l'évangélisme (environ 107 millions aujourd'hui).

Quant à Benoît XVI, disons sobrement que sa stratégie face aux évangéliques s'est avérée totalement dépassée, entre prétention désuète et naïveté presque pathétique.

Depuis son élection, le 13 mars 2013, l'argentin Jorge Mario Bergoglio, devenu Pape François, a su changer la donne. Comme l'a écrit Jean Mercier dans un billet très pertinent publié sur son blog (La Vie), le pape François s'est affirmé comme un "pasteur évangéliste" (lien), et ce n'est pas qu'une formule. 

L'occasion du "Woodstock catholique" des Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique à Rio (Brésil), qui se déroulent en ce moment entre le 22 et le 28 juillet 2013, met en lumière un discours et des pratiques qui tranchent en partie avec les titulaires précédents de la charge pontificale.

Le 15 mars dernier, ce blog soulignait déjà en détail les défis posés par les évangéliques au nouveau pape, et la manière dont ce dernier se positionne (lien). Trois points étaient notamment soulignés: l'ancrage latino (argentin) du nouveau pape, l'articulation conservatisme doctrinal/option pour les pauvres,  et une compagnonnage personnel avec les évangéliques (Luis Palau notamment).

 

pape,pape françois,lampedusa,brésil,jmj,rio,jmj rio,évangéliques,rome,catholicisme,église catholiqueOn rajoutera trois points supplémentaires:

-une très forte sensibilité aux migrants (force du geste symbolique de la visite à Lampedusa le 8 juillet 2013, auprès de réfugiés venus d'Afrique). Beaucoup d'évangéliques sont aussi marqués par la mobilité (et l'histoire de l'Amérique latine est très impactée par l'immigration). 

-une très forte accentuation sur l'annonce du kerygme évangélique: jamais avant lui un pape contemporain n'avait répété si directement l'impératif d'évangélisation, comme dans son homélie du 7 juillet 2013 à Rome où il appelle chaque croyant à être un missionnaire du Christ (slogan typiquement évangélique) et souligne que le but n'est pas de socialiser, mais de "proclamer le Royaume de Dieu", tâche "urgente" où il n'y a "pas de temps à perdre"...

-une aisance simple et directe à répondre à la souffrance par le surnaturel, à la lumière des nombreux ministères de "délivrance" qui font la réputation des évangéliques.

L'énorme buzz généré par la prière d'exorcisme spontanément faite par le pape François en imposant les mains à un malade, le 19 mai 2013 à Rome, témoigne de l'intérêt suscité par cette sensibilité, "en phase" avec l'univers charismatique-pentecôtiste d'une spiritualité tournée vers la délivrance.

Commentaires

  • « Quant à Benoît XVI, disons sobrement que sa stratégie face aux évangéliques s'est avérée totalement dépassée, entre prétention désuète et naïveté presque pathétique. »

    Pardonnez-moi, mais ce commentaire est digne d’un réformé libéral méprisant et, tel le pharisien dans le Temple, remerciant le Ciel de ne pas être de ces papistes stupides suivant servilement leur vieillard à chapeau pointu.

    Certes Benoît XVI, universitaire et philosophe de la Vieille Europe, était sans doute beaucoup moins au fait de l’essor des évangéliques dans le reste du monde, mais il me semble qu’il fut un des papes qui connaissait le mieux la Réforme, de par ses origines allemandes. Son adresse aux luthériens à Erfurt en septembre 2011 a été magistrale, il leur a fait part de ce qui fut au cœur de la Réforme : la prise au sérieux de la gravité du péché, et l’incapacité de l’homme de répondre adéquatement à l’amour de Dieu. Une incapacité qui n’est résolue que par la grâce, la pure grâce du Sauveur : «Non, le mal n'est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions Dieu au centre de notre vie. La vraie question est : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe, moi, devant Dieu. (…) La pensée de Luther est complètement christocentrique : ce qui promeut la cause du Christ était pour Luther le critère herméneutique décisif dans l'interprétation de la Sainte Ecriture. Cela suppose toutefois que le Christ soit au centre de notre spiritualité et que l'amour que nous avons pour lui, la connivence avec lui orientent notre vie. »

    Les évangéliques, à condition qu’ils s’informent, ne peuvent qu’être d’accords avec cet appel à revenir aux fondamentaux de la Réforme, désertés par trop d’Eglises « historiques » (je me rappelle la réaction d’une personnalité luthérienne française : la question du salut est trop éloignée pour nos contemporains, le pape devrait parler de justice sociale… comme si c’était incompatible).

    Dans cette même intervention, Benoît XVI évoque « une forme nouvelle de christianisme, qui se diffuse avec un immense dynamisme missionnaire, parfois préoccupant dans ses formes, les Eglises confessionnelles historiques restent souvent perplexes. C'est un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique, et aussi avec peu de stabilité. »

    De prime abord, ce n’est pas très sympa pour les évangéliques (qui ne sont cependant pas nommés comme tels, on pourrait penser aux seuls pentecôtistes), mais le pape appuie là où cela fait mal. C’est un ami évangélique qui me l’a dit : il y a trop souvent une fuite de l’intelligence dans certaines communautés, sans rentrer dans le détail d’autres dérives qui font la conversation de la sortie des cultes.

    Sur l'analogie de la foi, sur le domaine de l’éthique, sur l’importance pour les religions de s’exprimer sur la place publique, sur l’appel à évangéliser (dans un autre style que le pape François), Benoît XVI était sur la même ligne que les évangéliques, et heureusement, certains l’ont bien compris. J’en ai entendu qui suivaient ses interventions, qui se félicitaient de ses prises de positions, qui se désolaient de sa persécution médiatique, et même certains qui ont regretté sa démission.

    En bref, Benoît XVI, totalement paulinien et augustinien, s’adressait à la tête des protestants, quand François, chaleureux et homme de terrain, parle au cœur des évangéliques. Si cela marche mieux avec lui, tant mieux, mais cela n’enlève rien des mérites de son prédécesseur.

  • " depuis l'explosion protestante et évangélique en Amérique latine (qui remonte aux années 1950), un pape catholique paraît en mesure de faire contrepoids. "

    Peut-être, mais pensez-vous que le passage d'un pape quelques jours en Amérique latine va changer le cours des choses ?

  • Réponse à Tugdual (brièvement depuis un spot wifi en vacances)
    Vous avez raison: une visite ne changera pas grand chose à court terme. Mais le train de mesures que le pape a mis en place peut avoir des effets à plus long terme. Nous y reviendrons.

  • "Mais le train de mesures que le pape a mis en place peut avoir des effets à plus long terme. "

    On est curieux d'en savoir davantage ! En effet, vu de loin, l'église catholique est un état. J'imagine qu'il doit être difficile d'y changer les choses. Et pour "rivaliser" avec les évangéliques, il faut du concret, localement. A suivre donc...

  • Je suis entièrement d'accord avec la dernière analyse de Sébastien Fath. Le pape François est en place pour poser des fondements à long terme afin de neutraliser la montée de l'évangélisme en Amérique du Sud. Le travail de sape en profondeur est complexe et ses fruits ne se verront que dans quelques années, lorsque les statistiques sur la progression des évangéliques enregistreront une routinisation voire une stagnation (neutralisation) de leur avancée. Mais sociologiquement, il me semble que nous n'aurons jamais la preuve irréfutable de l'efficacité de son action sur le monde évangélique. Il sera toujours possible d'imputer cette stagnation à des facteurs internes et externes très variés. Quoi qu'il en soit, l’ œuvre principale de ce pape (mis à part les problèmes posés par l'Islam en général) est bel et bien de contrecarrer l'avancée des évangéliques par tous les moyens possibles même les leurs !!

  • "Le travail de sape en profondeur est complexe et ses fruits ne se verront que dans quelques années, lorsque les statistiques sur la progression des évangéliques enregistreront une routinisation voire une stagnation "

    je ne vois pas pourquoi vous parlez d'un travail de sape et pourquoi vous semblez regretter la montée des évangélistes. Question sans volonté de provocation, je m'interroge simplement.

  • Nous sommes dans un pays catholique... donc notre miroir de la vérité est déformant. Quoi donc ? dans un pays laïque, La France, à "C dans l'air", pas un seul évangélique pour défendre sa cause n'a été invité, seulement 3 ou 4 catholiques ? quel christianisme ! quel débat ! quelle laïcité ! Non le catholicisme n'existe pas depuis 2000 ans ... c'est le christianisme... nuance ! Pour moi, il y a religion populaire, avec l'autorité requise, où l'on peut faire croire n'importe quoi : je renvoie dos à dos certains catholiques et certains évangéliques. Par ailleurs il y a ceux qui ont lu les textes et réfléchi par eux-mêmes...

  • Voyage du pape au Brésil pour les JMJ. On parle beaucoup de ce qu'il est venu faire : raffermir l'église catholique dans un pays où de nombreux adeptes la quittent pour rejoindre des «évangéliques» + ramener ceux qui sont ainsi partis + redynamiser la jeunesse que l'église n'attire plus. On a beaucoup insisté sur sa proximité des pauvres et des «petits», sur son aptitude à ne pas heurter (il évite les sujets qui fâchent, comme le sida!), sur son langage direct, sur sa volonté de réformer l'église, notamment la Curie (organisme administratif de l'église), de bouleverser la vie de l'église, d'adapter au monde moderne l'enseignement des séminaires, de faire changer les mauvais prêtres, de résister au lobby gay, de relancer l'évangélisation et l'ouverture au monde, de mettre en garde la jeunesse contre les «idoles éphémères» de l'argent ou du pouvoir, etc.

    Alors, l'église catholique va-t-elle changer ? Nous notons comme points réellement importants : L'idolâtrie subsiste, avec la promotion du culte de la vierge au sanctuaire d'Aparecida + jamais il ne parle de repentance, de besoin d'un Sauveur quand on est pécheur, mais plutôt de ne pas juger ni marginaliser, même les homos (salut universel, même si le mot n'est pas prononcé) + l'évangile qu'il promeut est dépourvu de nouvelle naissance, ce qui en fait un faux évangile + l'évangélisation préconisée étant basée sur un faux évangile, elle ne peut avoir ni valeur ni force + l'ouverture au monde se fait par le mélange avec le monde, un monde qui a crucifié Christ et dont le chef est Satan (dixit Jésus, Jean 14v30). Malgré certaines apparences, les remèdes proposés au déclin de l'église catholique ne concernent que la forme, non pas le fond.

    Une fois de plus, on ne peut que constater l'accélération vers la «Grande Babylone» de l'Apocalypse. Ceci ne permet pas de résister à la montée en flèche de l'incrédulité pure et dure, de l'apostasie qui va culminer à l'antichrist.

    Sommes-nous en train d'encenser les évangéliques du Brésil ou d'ailleurs ? Non, car leurs carences sont nombreuses, mais nous insistons sur la seule valeur qui demeure, la seule voie à suivre : la Parole de Dieu (qu'on trouve dans la Bible).

    Les prochaines JMJ sont à Cracovie en Pologne, un pays également en voie de décatholicisation, où les mêmes remèdes inefficaces seront proposés.

    Cité à partir du site internet : http://www.bibliquest.org/
    Extrait de "Quoi de neuf ? Actualités" du 1er août 2013

  • Les longues tirades des illuminés superstitieux sont barbants.

  • Poil aux dents...

    Mais l'adjectif (final), en français du moins, est censé s'accorder en genre et en nombre avec le nom qu'il qualifie... Dommage...

    Quant aux autres sympathiques qualificatifs dont vous faites usage à mon endroit, Al, je vous suggère l'usage un peu plus intensif d'un bon dictionnaire, qui se trouve être le livre destiné entre autres à faire usage du sens des mots autrement qu'à tort et à travers suivant ses convenances personnelles.

    Pour le reste, je préconise l'utilisation d'un bon rasoir, électrique ou mécanique, peu importe, tout comme l'accord de l'adjectif dans ce cas précis, d'ailleurs.

    Bonne soirée.

    Barbe à papa.

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