Avec Alain Resnais (1922-2014), c'est un des plus grands cinéastes français du dernier siècle qui s'en est allé. Ses rapports avec la religion n'étaient pas simples. Ils se dessinaient sur un mode de mise à distance et d'interrogation exigeante, autour des enjeux du temps et de la mort, qui obsédaient ce bon vivant. Agnostique, Alain Resnais se voulait d'abord un esprit libre.
Les protestants, qui lui ont consacré une notice dans L'Encyclopédie du protestantisme (article de Pierre Bühler) ont notamment porté leur attention sur L'amour à mort (1984), drame amoureux qui met en scène un couple pastoral, sur fond de Cévennes protestantes.
"Protestantisme et cinéma français" (BSHPF, 2008)
A travers cette oeuvre exigeante, où s'illustrent les magnifiques Pierre Arditi, Sabine Azéma, André Dussolier et Fanny Ardant (dont une image du film a été réutilisée, pour la petite histoire, pour un livre de Jean Baubérot, Le retour des Huguenots, 1985), on peut s'interroger d'un peu plus près sur les rapports entre le cinéaste et le protestantisme.
Pour cela, on lira avec profit le précieux numéro spécial que la revue savante BSHPF (Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français) a consacré à "Protestantisme et cinéma français" (tome 154, avril-juin 2008).
Ce numéro piloté par l'historien André Encrevé comprend cet article écrit par Waltraud Verlaguet, intitulé "A propos de L'Amour à mort (1984) d'Alain Resnais" (p.181-198).
"Jérôme et Judith, malgré leurs divergences théologiques renoncent à l'emprise, y compris sur la décision de leur amie. Ils choisissent la vie, malgré sa finitude. C'est peut-être dans cette opposition entre foi et religion telle qu'elle apparaît dans la structuration du récit, que me semble se situer le caractère "protestant" de ce film" (W.V., BSHPF, p.196).
Image du film L'Amour à mort, reprise pour illustrer cette synthèse de Jean Baubérot (1985)