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"Réfléchir, c'est résister à soi-même" (magazine Sciences Humaines)

réfléchir, penser, intelligence, résistance, non-conformisme, sciences humaines, olivier houdé, jean-françois dortierA signaler, une fois encore, un excellent numéro du magazine français SCIENCES HUMAINES (n°265 de décembre 2014), avec un très bon dossier sur "l'art de négocier", un savoureux édito, particulièrement bien troussé, de Jean-François Dortier (intitulé "Sortir du rang", un must), et un passionnant entretien avec le psychologue Olivier Houdé (p.28 ) 31). Ce dernier souligne ceci: "réfléchir, c'est résister à soi-même".

Pas de masochisme là-dedans! Il s'agit en fait de lutter contre ses routines, ses automatismes, ses "pièges perceptifs". L'auteur l'illustre avec la non-violence, qui inhibe le réflexe vengeur grâce à un apprentissage à la résistance. J'ajouterai que l'axiologie (les valeurs) jouent sans doute ici un rôle majeur, au côté des émotions dont parle par ailleurs l'auteur.

"Résister à soi-même"? A méditer, et à pratiquer plus souvent...

Commentaires

  • bjr,
    La formule "résister à soi-même" est heureuse. Elle rappelle celle de Gide disant qu'"il faut toujours suivre sa pente, mais en la remontant". En somme, plutôt que de chercher, selon la mode en cours, quelque inspiration orientalisante mal comprise, quelque peu snobinarde, nous disposons chacun de tout ce qu'il faut pour "penser" vraiment. C'est aussi la vieille et toujours actuelle leçon d'un Descartes: n'accepter que ce qui m'apparaît "évident" par-delà la gangue de l'"opinion".
    Simplement, la pensée n'est pas l'ilôt de l'évidence, elle est surtout une démarche, une traversée de paysages mentaux, affectifs, qui récapitulent souvent nos expériences. Il faut donc s'aviser de ce qui, dans ce "paysage", me permet de repartir à nouveaux frais ailleurs et ce qui m'en empêche parce le confort de certaines stations sur mon chemin englue ma capacité à penser autrement.
    En somme on parle ici de la seule philosophie qui vaille: la démarche, le cheminement à travers épreuves et contre-épreuves, objections et repos. En ce sens la "foi" est à l'opposé des "croyances" ordinaires qui, elles, répondent, renflouent, confortent le "soi-même" avec un renfort de narcissisme, là où la "foi" creuse un espace de questions à partir de l'acceptation d'une transcendance proche, aimante, mais aussi mystérieuse et lointaine. Gare aux nouveaux mouvements dits charismatiques extrêmes qu, aujourd'hui, laissent entendre que l'"expérience" de Dieu ferait le tour de Dieu. Résister à soi-même c'est aussi résister à une certaine réduction anthropomorphique de Dieu à nos histoires et à nos images. Le "renouvellement de l'intelligence", sous-estimé en certains milieux, rejoint et dépasse la dynamique de penser promise par les officines de tous ordres. Et c'est accessible à tout le monde. Gef

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